Le vicomte de Bragelonne, Tome IV.. Dumas Alexandre

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Le vicomte de Bragelonne, Tome IV. - Dumas Alexandre

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style="font-size:15px;">      En effet, ils se hâtèrent d'arriver devant la forteresse. Un de ces hasards, comme Dieu les donne aux gens de grande volonté, fit que Grimaud aperçut tout à coup le carrosse qui tournait la grande porte du pont-levis. C'était au moment où d'Artagnan, comme on l'a vu, revenait de chez le roi.

      En vain Raoul poussa-t-il son cheval pour joindre le carrosse et voir quelles personnes étaient dedans. Les chevaux étaient déjà arrêtés de l'autre côté de cette grande porte, qui se referma, tandis qu'un garde française en faction heurta du mousquet le nez du cheval de Raoul.

      Celui-ci fit volte-face, trop heureux de savoir à quoi s'en tenir sur la présence de ce carrosse qui avait renfermé son père.

      – Nous le tenons, dit Grimaud.

      – En attendant un peu, nous sommes sûrs qu'il sortira, n'est-ce pas, mon ami?

      – À moins que d'Artagnan aussi ne soit prisonnier répliqua

      Porthos; auquel cas tout est perdu.

      Raoul ne répondit rien. Tout était admissible. Il donna le conseil à Grimaud de conduire les chevaux dans la petite rue Jean- Beausire, afin d'éveiller moins de soupçons, et lui-même, avec sa vue perçante, il guetta la sortie de d'Artagnan ou celle du carrosse.

      C'était le bon parti. En effet, vingt minutes ne s'étaient pas écoulées, que la porte se rouvrit et que le carrosse reparut. Un éblouissement empêcha Raoul de distinguer quelles figures occupaient cette voiture. Grimaud jura qu'il avait vu deux personnes, et que son maître était une des deux. Porthos regardait tour à tour Raoul et Grimaud, espérant comprendre leur idée.

      – Il est évident, dit Grimaud, que, si M. le comte est dans ce carrosse, c'est qu'on le met en liberté, ou qu'on le mène à une autre prison.

      – Nous l'allons bien voir par le chemin qu'il prendra, dit

      Porthos.

      – Si on le met en liberté, dit Grimaud, on le conduira chez lui.

      – C'est vrai, dit Porthos.

      – Le carrosse n'en prend pas le chemin, dit Raoul.

      Et, en effet, les chevaux venaient de disparaître dans le faubourg

      Saint Antoine.

      – Courons, dit Porthos; nous attaquerons le carrosse sur la route, et nous dirons à Athos de fuir.

      – Rébellion! murmura Raoul.

      Porthos lança à Raoul un second regard, digne pendant du premier.

      Raoul n'y répondit qu'en serrant les flancs de son cheval.

      Peu d'instants après, les trois cavaliers avaient rattrapé le carrosse et le suivaient de si près, que l'haleine des chevaux humectait la caisse de la voiture.

      D'Artagnan, dont les sens veillaient toujours, entendit le trot des chevaux. C'était au moment où Raoul disait à Porthos de dépasser le carrosse, pour voir quelle était la personne qui accompagnait Athos. Porthos obéit, mais il ne put rien voir; les mantelets étaient baissés.

      La colère et l'impatience gagnaient Raoul. Il venait de remarquer ce mystère de la part des compagnons d'Athos, et il se décidait aux extrémités.

      D'un autre côté, d'Artagnan avait parfaitement reconnu Porthos; il avait, sous le cuir des mantelets, reconnu également Raoul, et communiqué au comte le résultat de son observation. Ils voulaient voir si Raoul et Porthos pousseraient les choses au dernier degré.

      Cela ne manqua pas. Raoul, le pistolet au poing, fondit sur le premier cheval du carrosse en commandant au cocher d'arrêter.

      Porthos saisit le cocher et l'enleva de dessus son siège.

      Grimaud tenait déjà la portière du carrosse arrêté.

      Raoul ouvrit ses bras en criant:

      – Monsieur le comte! monsieur le comte!

      – Eh bien! c'est vous, Raoul? dit Athos ivre de joie.

      – Pas mal! ajouta d'Artagnan avec un éclat de rire.

      Et tous deux embrassèrent le jeune homme et Porthos, qui s'étaient emparés d'eux.

      – Mon brave Porthos, excellent ami! s'écria Athos; toujours vous!

      – Il a encore vingt ans! dit d'Artagnan. Bravo, Porthos!

      – Dame! répondit Porthos un peu confus, nous avons cru que l'on vous arrêtait.

      – Tandis que, reprit Athos, il ne s'agissait que d'une promenade dans le carrosse de M. d'Artagnan.

      – Nous vous suivons depuis la Bastille, répliqua Raoul avec un ton de soupçon et de reproche.

      – Où nous étions allés souper avec ce bon M. de Baisemeaux. Vous rappelez-vous Baisemeaux, Porthos?

      – Pardieu! très bien.

      – Et nous y avons vu Aramis.

      – À la Bastille?

      – À souper.

      – Ah! s'écria Porthos en respirant.

      – Il nous a dit mille choses pour vous.

      – Merci!

      – Où va Monsieur le comte? demanda Grimaud que son maître avait déjà récompensé par un sourire.

      – Nous allons à Blois, chez nous.

      – Comme cela?.. tout droit?

      – Tout droit.

      – Sans bagages?

      – Oh! mon Dieu! Raoul eût été chargé de m'expédier les miens ou de me les apporter en revenant chez moi s'il y revient.

      – Si rien ne l'arrête plus à Paris, dit d'Artagnan avec un regard ferme et tranchant comme l'acier douloureux comme lui, car il rouvrit les blessures du pauvre jeune homme, il fera bien de vous suivre Athos.

      – Rien ne m'arrête plus à Paris, dit Raoul.

      – Nous partons, alors, répliqua sur-le-champ Athos.

      – Et M. d'Artagnan?

      – Oh! moi, j'accompagnais Athos jusqu'à la barrière seulement, et je reviens avec Porthos.

      – Très bien, dit celui-ci.

      – Venez, mon fils, ajouta le comte en passant doucement le bras autour du cou de Raoul pour l'attirer dans le carrosse, et en l'embrassant encore. Grimaud, poursuivit le comte, tu vas retourner doucement à Paris avec ton cheval et celui de M. du Vallon; car, Raoul et moi, nous montons à cheval ici, et laissons le carrosse à ces deux messieurs pour rentrer dans Paris; puis, une fois au logis, tu prendras mes hardes, mes lettres, et tu expédieras le tout chez nous.

      – Mais, fit observer Raoul, qui cherchait à

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