Le Speronare. Dumas Alexandre

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Le Speronare - Dumas Alexandre

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le fait est qu'il n'en a pas l'air.

      – Eh bien! le voilà qui se met à danser comme un fou autour de mon lit.

      – C'est que j'étais content, dit le pilote.

      – Oui, reprit le capitaine, tu étais content, mon vieux, ça se voyait. Mais d'où est-ce que je reviens donc? lui demandai-je. – Ah! vous revenez de loin, me répondit-il. En effet, je commençais à me rappeler. Oui, oui, c'est juste, dis-je. Je me souviens, c'est un farceur qui m'a donné un coup de couteau; eh bien! au moins est-il arrêté, l'assassin?

      – Ah bien, oui, arrêté! dit le pilote: il court encore.

      – Cependant on savait qui, repris-je. C'était, c'était, attends donc, ils l'ont nommé; c'était Gaëtano Sferra, je me rappelle bien.

      – Eh bien! Voilà ce qui vous trompe, capitaine, c'est que ce n'était pas lui. Tout cela, c'est une drôle d'histoire, allez.

      – Comment ce n'était pas lui?

      – Ah! non, ça ne pouvait pas être lui, puisque Gaëtano Sferra avait été condamné le matin à mort pour avoir donné un coup de couteau; qu'il était en prison où il attendait le prêtre, et qu'il devait être exécuté le lendemain. C'en est un autre qui lui ressemble, à ce qu'il paraît, quelque frère jumeau, peut-être.

      – Ah! dis-je. Moi, au fait, je ne sais pas si c'est lui, je ne le connais pas.

      – Comment, pas du tout?

      – Pas le moins du monde.

      – Ce n'est pas pour quelque petite affaire d'amour, hein?

      – Non, parole d'honneur, vieux, je ne connais personne à Malte.

      – Et vous ne savez pas pourquoi il vous en voulait, cet enragé-là?

      – Je n'en sais rien.

      – Alors n'en parlons plus.

      – C'est égal, repris-je, c'est embêtant tout de même d'avoir un coup de couteau dans la poitrine, et de ne pas savoir pourquoi on l'a reçu ni qui vous l'a donné. Mais, si jamais je le rencontre, il aura affaire à moi, Nunzio, je ne te dis que cela.

      – Et vous aurez raison, capitaine. En ce moment Pietro ouvrit la porte de ma chambre.

      – Eh! Pilote, dit-il, c'est le juge.

      – Tiens, tu es là aussi, Pietro, m'écriai-je.

      – Un peu, capitaine, que je suis là, et que je n'en ai pas quitté, encore.

      C'est vrai tout de même; il était dans l'antichambre pour empêcher qu'on ne fît du bruit; et comme il entendait que nous devisions, Nunzio et moi, il avait ouvert la porte.

      – Ça va donc mieux? dit Vicenzo en passant la tête à son tour.

      – Ah ça! mais, repris-je, vous y êtes donc tous?

      – Non, il n'y a que nous trois, capitaine, les autres sont au speronare; seulement, ils viennent voir deux fois par jour comment vous allez.

      – Et comme je vous le disais, capitaine, reprit Pietro, c'est le juge.

      – Eh bien! Fais-le entrer, le juge.

      – Capitaine, c'est qu'il n'est pas seul.

      – Avec qui est-il?

      – Il est avec celui qu'on prenait pour votre assassin.

      – Ah! ah! dis-je.

      – Je vous demande pardon, monsieur le juge, dit Nunzio, c'est que le capitaine n'est pas encore bien crâne, attendu qu'il n'y a qu'un quart d'heure qu'il a ouvert les yeux, et qu'il n'y a que dix minutes qu'il parle, et nous avons peur.

      – Alors nous reviendrons demain, dit une voix.

      – Non, non, répondis-je; puisque vous voilà, entrez tout de suite, allez.

      – Entrez, puisque le capitaine le veut, reprit Pietro en ouvrant la porte.

      Le juge entra; il était suivi d'un jeune homme qui avait les mains liées et qui était conduit par des soldats; derrière le jeune homme marchaient deux individus habillés de noir; c'étaient les greffiers.

      – Capitaine Arena, dit le juge, c'est bien vous qui avez été frappé d'un coup de couteau à la porte du café Grec?

      – Pardieu! oui, c'est bien moi, et la preuve (je relevai le drap et je montrai ma poitrine), c'est que voilà le coup.

      – Reconnaissez-vous, continua-t-il en me montrant le prisonnier, ce jeune homme pour celui qui vous a frappé?

      Mes yeux se rencontrèrent en ce moment avec ceux du jeune homme, et je reconnus son regard comme j'avais déjà reconnu son visage; seulement, comme je savais que ma déclaration le tuait du coup, j'hésitais à la faire.

      Le juge vit ce qui se passait en moi, alla au crucifix suspendu à la muraille, le prit, et me l'apportant: – Capitaine, me dit-il, jurez sur le Christ de dire toute la vérité, rien que la vérité.

      J'hésitais.

      – Faites le serment qu'on vous demande, dit le prisonnier, et parlez en conscience.

      – Eh bien! ma foi! repris-je, puisque c'est vous qui le voulez…

      – Oui, je vous en prie.

      – En ce cas-là, repris-je en étendant la main sur le crucifix, je jure de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.

      – Bien, dit le juge. Maintenant, répondez. Reconnaissez-vous ce jeune homme pour être celui qui vous a frappé d'un coup de couteau?

      – Parfaitement.

      – Alors vous affirmez que c'est lui?

      – Je l'affirme.

      Il se retourna vers les deux greffiers. – Vous le voyez, dit-il, le blessé lui-même est trompé par cette étrange ressemblance.

      Quant au jeune homme, un éclair de joie passa sur son visage. Je trouvai cela un peu étrange, attendu qu'il me semblait que ce que je venais de déposer ne devait pas le faire rire.

      – Ainsi, vous persistez, reprit le juge, à affirmer que ce jeune homme est bien celui qui vous a frappé?

      Je sentis que le sang me montait à la tête; car, vous comprenez, il avait l'air de dire que je mentais.

      – Si je persiste? je le crois pardieu bien! et à telle enseigne qu'il était nu-tête, qu'il avait une redingote noire, un pantalon gris, et qu'il venait par la petite ruelle qui conduit à la prison.

      – Gaëtano Sferra, dit le juge, qu'avez-vous à répondre à cette déposition?

      – Que cet homme se trompe, répondit le prisonnier, comme se sont trompés tous ceux qui étaient au café.

      – C'est évident,

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