Jane Austen: Oeuvres Majeures. Джейн Остин

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Jane Austen: Oeuvres Majeures - Джейн Остин страница 22

Jane Austen: Oeuvres Majeures - Джейн Остин

Скачать книгу

si étranger, que je ne puis l’expliquer que comme un pressentiment du bonheur qui m’attendait ; ne le pensez-vous pas aussi Maria, dit-il, un peu plus bas en se penchant de son côté, et continuant plus haut, il dit vivement : et vous voudriez gâter cette demeure, madame Dashwood ; vous voudriez lui ôter le charme de sa simplicité, et ce cher petit salon, où notre connaissance a commencé, où j’apportai Maria dans mes bras, où j’ai passé au milieu de vous tous tant d’heures délicieuses ; vous voudriez le dégrader, en faire une allée où tout le monde passerait pour entrer dans un salon plus grand, plus beau peut-être, mais qui n’aurait jamais pour moi le prix de celui-ci, où tout parle à mon cœur, où on est si bien, si agréablement établi.

      Madame Dashwvood lui promit encore que rien n’y serait changé.

      — Vous êtes la meilleure des femmes et des mères, lui dit-il, en serrant sa main entre les siennes ; cette promesse commence déjà à me rendre heureux. Étendez la plus loin (le cœur d’Elinor battit), dites moi que non-seulement votre maison restera toujours la même, mais que j’y trouverai toute ma vie cette affection, cette bonté avec laquelle vous m’avez reçu, et qui m’a rendu cette demeure si chère.

      Il n’en dit pas davantage. Elinor aurait voulu quelques mots de plus ; mais Maria avait l’air si contente qu’elle le fut aussi. Madame Dashwood lui fit la promesse qu’il demandait, et la conduite de Willoughby pendant toute cette soirée, témoigna son affection et son bonheur.

      Venez dîner demain avec nous, mon cher Willoughby, lui dit madame Dashwood, quand il sortit, sans cela nous ne nous verrions pas de la journée ; nous voulons aller au Park faire une visite à lady Middleton, mais nous reviendrons de bonne heure. Il l’accepta et promit d’être chez elles avant quatre heures le lendemain.

      CHAPITRE XV.

       Table des matières

      Madame Dashwood et deux de ses filles, l’aînée et la cadette, partirent après déjeûner pour leur visite projetée au Park ; Maria s’excusa d’en être sous quelque léger prétexte d’occupation. Sa mère présuma que Willoughby avait à lui parler et lui avait promis de venir pendant leur absence ; elle le trouva très naturel au point où ils en étaient, et ne fit nulle objection. Ai-je deviné, dit madame Dashwood à Elinor en riant, lorsqu’à leur retour, environ sur les trois heures, elles trouvèrent en effet le caricle du jeune homme devant la porte de la chaumière avec son domestique. Elle se hâta d’entrer avec gaîté, et croyait aussi trouver les jeunes amoureux bien contens ; mais à peine eût-elle ouvert la porte du passage qui conduisait au petit salon, qu’à sa surprise, elle en vit sortir Maria qui paraissait dans une grande affliction. Son mouchoir couvrait ses yeux et on entendait des sanglots : sans faire aucune attention à sa mère et à ses sœurs, elle traversa rapidement l’allée et monta l’escalier. Surprises et alarmées, elles entrèrent dans la chambre qu’elle venait de quitter, dans laquelle elles trouvèrent Willoughby assis près du feu, la tête appuyée contre le chambranle de la cheminée, et leur tournant le dos. Il se leva quand il les entendit entrer ; et sa contenance abattue et ses yeux aussi pleins de larmes, témoignèrent assez qu’il partageait fortement l’affliction de Maria.

      — Qu’est-ce qu’a ma fille, dit vivement madame Dashwood en entrant ? lui serait-il arrivé quelque accident ?

      — J’espère que non, madame, dit Willoughby, en essayant de sourire ; c’est moi plutôt qui dois m’attendre à être malade, car j’éprouve la plus cruelle contrariété.

      — Vous, monsieur, quoi donc !

      — Oui, madame, cruelle en vérité. Je ne puis avoir l’honneur de dîner avec vous. Madame Smith use du pouvoir des riches sur un pauvre diable de cousin ; elle m’envoie à Londres pour une affaire pressée. J’ai reçu mes dépêches et pris congé d’Altenham, et je suis venu, madame, m’excuser auprès de vous, et vous faire mes adieux.

      — À Londres ! vous allez à Londres ce matin !

      — Dans ce moment.

      — C’est précisément comme le colonel Brandon, dit Emma ; mais au moins M. Willoughby ne fait pas manquer une partie de plaisir en allant à Londres.

      — C’est moi qui perds tout le mien, reprit-il en soupirant, tout mon bonheur.

      — Pour peu de temps, j’espère, dit madame Dashwood, mais peu c’est quelquefois beaucoup. Faites bien vîte les affaires de madame Smith, et revenez plus vite encore auprès de vos amis. Quand peut-on espérer de vous revoir ? Il rougit et répondit avec embarras : Vous êtes trop bonne, madame, mais je n’ai aucun espoir… Je ne crois pas revenir en Devonshire cette année ; l’année prochaine peut-être… Je ne fais à madame Smith qu’une visite dans l’année.

      — Est-ce que madame Smith est votre seule amie, dit madame Dashwood avec un sourire mélé de reproche et d’amitié ; est-ce qu’Altenham est la seule maison en Devonshire où vous soyez sûr d’être bien reçu ? Est-ce chez moi, cher Willoughby, que vous attendrez une invitation ?

      Sa rougeur augmenta, des larmes remplirent de nouveau ses yeux, et la tête baissée sans regarder madame Dashwood, il lui dit seulement : Vous êtes trop bonne.

      Madame Dashwood surprise, regarda Elinor, et vit dans ses yeux qu’elle ne l’était pas moins. Pour quelques momens tout le monde garda le silence ; madame Dashwood le rompit la première.

      Je vous répète encore, mon jeune ami, lui dit-elle, qu’en tous temps vous serez le bien-venu à la chaumière de Barton ; je ne vous presse plus d’y revenir immédiatement, c’est à vous seul de juger de ce qui peut plaire ou déplaire à madame Smith. Sur ce point je ne veux pas plus douter de votre jugement que de votre inclination. Dites-moi seulement que nous nous reverrons le plutôt que vous le pourrez.

      Mes engagemens sont pour le moment si nombreux, madame, et d’une telle nature, que je… je n’ose me flatter… Je ne puis dire… Il s’arrêta, et tout témoignait son embarras et sa confusion.

      Madame Dashwood était trop étonnée pour pouvoir parler. Un autre silence suivit ; il fut cette fois rompu par Willoughby, qui dit avec une gaîté forcée. Allons il faut partir, il faut s’arracher de cette chère chaumière. C’est une folie de prolonger son tourment en restant plus long-temps dans des lieux qu’on regrette et avec une société dont on ne peut plus jouir. Adieu ! il fit un salut de la main, sortit promptement. Elles le virent de la fenêtre monter lestement dans son caricle, et dans une minute il fut hors de vue.

      Madame Dashwood ne put prononcer que ce seul mot : ma pauvre Maria ! Et sortit aussi, en faisant signe de la main à ses deux filles de ne pas le suivre. L’inquiétude d’Elinor était égale au moins à celle de sa mère, et peut-être même plus profonde. Tous ses doutes sur les sentimens ou plutôt sur les intentions de Willouhgby revinrent à-la-fois dans son esprit. Cet inconcevable départ, ses adieux bien plus inconcevables encore, son embarras, son affectation de gaîté, la manière marquée dont il avait repoussé l’invitation amicale de sa mère ; toute sa conduite, en un mot, si différente de la veille et de lui-même, la confondait d’étonnement. Ne sachant que penser, elle eut l’idée que quelque querelle d’amant avait eu lieu entre sa sœur et lui ; la tristesse avec laquelle Maria avait quitté la chambre avant son départ, et le laissant seul, pouvait autoriser l’idée d’une brouillerie. Mais d’un autre côté, quand elle se rappelait avec quelle passion Maria l’aimait, adoptait à l’instant toutes ses idées, ne voyait, ne pensait que d’après

Скачать книгу