N'Allez Jamais Chez Le Dentiste Le Lundi. Ana Escudero
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— Je ne sais pas si je devrais te suivre. Je te connais pas. Toi, tu me connais ? Tu connais mes parents ?
Mickey soupira. Ce n’était pas un homme très imaginatif et il ne trouvait pas un bon motif pour faire sortir l’enfant de ce taudis. Il lâcha finalement la main de l’enfant et sortit en laissant Alexis seul dans la pièce, enfermé. Alexis courut aussitôt vers la porte et frappa plusieurs fois dessus en criant :
— Quoi! Monsieur Mouse, ne pars pas!
Une fois encore, personne ne répondit à l’appel d’Alexis, et il eut envie de pleurer pour la première fois depuis ce matin. Mais, à quoi bon pleurer si personne ne le voyait ? Il ne pleurait jamais s’il était seul. Il devait donc avoir un peu de public, et pour cela, il avait seulement besoin d’une idée. Il regarda autour de lui, cherchant l’inspiration. Cette inspiration tant souhaitée lui vint rapidement - bien que sans doute influencée par ses gènes paternels. L’idée n’était pas des plus intelligentes. Il prit une des billes et la lança contre la petite fenêtre : elle rebondit sur la vitre, provoquant un léger tintement, avant de retomber en faisant quelques bonds sur le sol. Mais le son n’était pas assez fort pour être entendu de l’extérieur. Il prit alors une autre bille et répéta son geste, cette fois-ci en y mettant toute sa force. L’effet fut proportionnel à la force utilisée : la petite bille rebondit à nouveau, mais cette fois, elle se rompit en touchant le sol (sans doute à cause d’une microscopique brèche présente sur la bille).
Alexis resta paralysé un moment, honteux d’avoir cassé quelque chose qui en réalité ne lui appartenait pas. Mais ce sentiment disparut rapidement quand il mit la main dans la poche de son pantalon et qu’il sentit toutes les billes qu’il lui restait encore.
« Sept billes c’est beaucoup plus qu’une seule bille » pensa-t-il. « Sept billes font plus de bruit qu’une seule ».
Il les soupesa, les faisant sauter dans sa main comme pour apprécier le poids et la force qu’elles pourraient exercer en frappant la vitre de la fenêtre. Il les lança : les billes s’élevèrent un bref instant à la même hauteur, mais très vite, elles se séparèrent, certaines allant plus haut que d’autres dans ce voyage aérien. Ce voyage se termina en quelques secondes lorsqu’elles frappèrent le corps solide de la vitre, ce qui provoqua alors un effet de rétrocession. Certaines s’entrechoquèrent, dans les airs ou au sol, et celles qui ne trouvèrent pas le sol dur dans leur chute, trouvèrent à la place le tendre corps d’Alexis. Celui-ci se mit à crier, cette fois-ci de douleur en sentant le choc des billes sur sa tête, ses bras et sa poitrine.
— Aïe! Aïe!
Mais Alexis avait une idée en tête, si bien qu’il ramassa les billes tombées au sol pour les lancer à nouveau, sans se rendre compte que parmi ces billes colorées, il avait ramassé un diamant.
A ce moment précis, la porte qui le maintenait enfermée s’ouvrit. Mais au lieu de laisser place à Mickey Mouse, il vit entre ses larmes un personnage qui le fit frissonner, un personnage beaucoup moins charmant que le bon Mickey, et qui avait les bras croisés, signe de sa colère.
— On peut savoir ce que signifie tout ce vacarme ? demanda-t-il d’un ton qui n’admettait aucune contrariété.
Alexis ravala ses larmes, effrayé par le personnage qui se tenait devant lui. Il cacha ses mains dans ses poches, et par ce geste, il y mit les billes comme le diamant. Batman continuait à le regarder, attendant une réponse.
— Je suis désolée Batman. Ne m’enferme pas dans ta Batcave, dit Alexis à voix basse.
— Nous devons y aller. Ou tu me suis gentiment ou je dis à mon ami de te transporter dans son sac.
Alexis pensa à demander où ils allaient, mais il se dit que peut-être la question ne plairait pas à Batman. Il resta donc silencieux tandis qu’il sortait de la pièce sur les pas de Batman. Ils montèrent dans une voiture en compagnie de Mickey Mouse. Ce dernier restait silencieux tandis qu’il aidait Alexis à s’asseoir correctement.
— Merci. Nous allons très loin ?
— Plus loin que tu n’es jamais allé, répondit Batman.
— Je vomis toujours quand je fais un long voyage, avoua-t-il.
— Ne pense même pas à vomir dans ma voiture, répliqua Batman d’une voix sombre.
— D’accord… répondit Alexis dans un filet de voix, même s’il savait qu’il n’y arriverait sans doute pas.
Alexis prêta attention pour la première fois aux vitres de la voiture. Celles-ci ne laissaient pas voir l’extérieur, pas car elles étaient teintées, mais à cause de la saleté qui recouvrait l’extérieur.
— C’est vraiment ta voiture ? demanda-t-il.
Ni Batman ni Mickey Mouse ne répondirent.
Vingt minutes plus tard, Alexis s’exclama :
— J’ai pipi!
Il attendit quelques secondes et répéta sa demande d’une voix plus forte:
— Il faut que je fasse pipi! j’ai pipi! j’ai pipi!
L’enfant ne paraissait pas se fatiguer de le répéter encore et encore. Batman commença à devenir rouge de colère et sa respiration devenait de plus en plus agitée à chaque cri que poussait Alexis, tandis que son collègue tentait en vain de le tranquilliser. Finalement, Batman freina si brusquement qu’Alexis tomba sur le sol de la voiture.
Mickey Mouse regarda rapidement derrière lui pour vérifier que l’enfant allait bien malgré sa chute, tandis que Batman marmonnait un « putain de gosse ». Alexis allait bien : il avait vu quelque chose qui retenait toute son attention, pas parce que c’était quelque chose qu’il n’avait jamais vu mais car il avait déjà vu cet objet dans le passé et avait même joué avec. Il tendit sa main pour le récupérer, mais ne parvint pas à l’atteindre. Il se tordit sur le sol de la voiture pour modifier la position de son corps, afin de pouvoir mieux étendre ses bras, et ainsi poser les doigts sur le précieux objet. Il arriva enfin à l’attraper et se rassit.
— Mets la ceinture au gamin, ordonna Batman à Mickey Mouse. Une fois fait, Batman reprit sa conduite.
Alexis ouvrit discrètement sa main et regarda ce qu’il avait attrapé. Il ne comprenait pas comment et pourquoi ce jouet se trouvait dans la voiture.
Épisode 5 — Les aventures de Vivan commencent dans ce roman
Le Créditeur arrêta sa voiture devant le bureau de Vivian et tambourina sur le tableau de bord. Il regarda un instant l’immeuble et vit alors descendre Vivian de l’édifice. Cette dernière observa le ciel pour ensuite chercher ses lunettes de soleil dans son sac. Le Créditeur continua à l’observer, se demandant s’il devait lui parler de la disparition d’Alexis ou se charger lui-même de résoudre le problème. Pendant ce temps, Vivian regardait autour d’elle. La voiture du Créditeur était dans sa ligne de vision mais elle ne parut pas le voir tant elle était distraite. Elle s’arrangea les cheveux avant de marcher vers une rue plus basse. Le Créditeur descendit de la voiture, suivant Vivian. Elle marchait rapidement et de temps en temps regardait sa montre comme si elle craignait d’arriver en retard. Le Créditeur, expert en filature, la suivait