Nibiru Approche. Danilo Clementoni

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Nibiru Approche - Danilo Clementoni

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juste en direction de son œil droit. Il tourna la tête et chercha à comprendre de quoi il s’agissait, mais sans y parvenir. Il essaya alors d’allonger une jambe dans cette direction, mais une terrible douleur au côté lui rappela son état, et il décida de renoncer. Il pensa qu’il n’y serait de toute façon probablement pas arrivé, et, essayant de se faire entendre à travers son bâillon, il murmura :

      — Eh, tu es toujours vivant ?

      Son gros acolyte ne devait pas être en meilleur état que lui. Après le vol plané que lui avait fait faire Pétri, un gros hématome avait surgi sur son genou droit, il avait une belle bosse sur le front, son épaule droite lui faisait un mal de chien, et son poignet droit était gonflé comme un ballon.

      — Je crois que oui, répondit-il d’un filet de voix, marmonnant lui aussi à travers son bâillon.

      — Encore heureux. Ça fait un moment que je t’appelle. Je commençais à m’inquiéter.

      — J’ai dû m’évanouir. J’ai la tête cassée en deux.

      — Il faut absolument nous tirer d’ici, dit le maigre, déterminé.

      — Mais toi, ça va ? Rien de cassé ?

      — J’ai peur d’avoir des côtes cassées, mais ça devrait aller.

      — Mais comment on a fait pour se faire avoir par surprise comme ça ?

      — Laisse tomber, on n’y peut rien. Essayons plutôt de nous libérer. Regarde à ta gauche, là où le rayon de soleil arrive.

      — Je ne vois rien, répondit le gros.

      — Il y a quelque chose d’à moitié enterré. On dirait un objet métallique. Regarde si tu peux y arriver, avec ta jambe.

      Le bruit soudain de la fermeture éclair de la tente qui s’ouvrait interrompit l’opération. L’aide qui était de garde passa la tête à l’intérieur. Le gros fit semblant d’être toujours évanoui, et l’autre resta absolument immobile. L’homme jeta un ou deux coups d’œil, s’attarda distraitement sur l’équipement éparpillé à l’intérieur, puis, l’air satisfait, retira la tête et referma.

      Ils restèrent immobiles un instant encore, puis le gros reprit le premier :

      — C'était moins une.

      — Alors, tu l’as vu ? Tu y arrives ?

      — Oui, oui, ça y est. Attends, j’essaie.

      Le corpulent pseudo Bédouin se mit à osciller légèrement du buste, essayant de détendre un peu les cordes qui l’immobilisaient, puis il allongea autant qu’il le put sa jambe gauche vers l’objet. Il le touchait à peine. Il commença à creuser du talon jusqu’à ce qu’il parvienne à en déterrer une partie.

      — On dirait une truelle.

      — Ça doit être une Trowel Marshalltown. C’est l’instrument favori des archéologues pour gratter le sol à la recherche de vieux bouts de poterie. Tu arrives à la prendre ?

      — Non.

      — Si tu arrêtais de te goinfrer avec toutes ces cochonneries, tu arriverais peut-être à bouger un peu plus, espèce d’affreux gros plein de soupe.

      — Mais qu’est-ce que mon physique puissant a à voir avec ça ?

      — Bouge-toi un peu, “ physique puissant ”, tâche de récupérer cette truelle, sinon, en prison, ils trouveront bien le moyen de te mettre au régime.

      Le gros eut tout à coup une vision terrible de bouillies insipides et nauséabondes, qui libéra en lui une force qu’il ne pensait plus avoir. Il cambra le dos autant qu’il le put. Un douloureux élancement traversa son épaule blessée et lui parvint directement au cerveau, mais il l’ignora. D’un coup de reins ferme, il parvint à placer son talon au-delà de la truelle, et, repliant rapidement la jambe, il la ramena vers lui.

      — Je l’ai eue ! cria-t-il derrière son bâillon.

      — Mais tu vas te taire, espèce d’imbécile ? Qu’est-ce que tu as à crier ? Tu veux que ces deux énergumènes reviennent et qu’ils nous bourrent de coups ?

      — Excuse-moi, répondit le gros, humblement. Mais j’ai réussi à l’attraper.

      — Tu as vu que quand tu veux, tu peux faire quelque chose de bien ? Elle devrait être tranchante. Regarde si tu arrives à couper ces maudites cordes.

      De sa main indemne, le gros attrapa le manche de la truelle et commença à en frotter le bord le plus coupant contre la corde, derrière son dos.

      — Admettons qu’on arrive à se libérer, dit le gros, à voix basse, comment on va faire pour se tirer d’ici ? Il y a plein de monde dans le camp et nous sommes en pleine journée. J’espère que tu as un plan.

      — Bien sûr que j’en ai un. Ce n’est pas moi, le cerveau de l’équipe ? s’exclama orgueilleusement le maigre. Pendant que tu faisais ta petite sieste, j’ai étudié la situation et je crois que j’ai trouvé un moyen pour filer.

      — Je suis tout ouïe, répondit l’autre en continuant à frotter la truelle.

      — Le type qui est de garde passe la tête toutes les dix minutes, et cette tente est la dernière à l’est du camp.

      — Et alors ?

      — Mais qu’est-ce qui m’a pris de te choisir comme associé pour ce boulot ? Tu as l’imagination et l’intelligence d’une amibe, en espérant que les amibes ne prennent pas mal la comparaison.

      — Je te rappellerais qu’en fait, c’est moi qui t’ai choisi, vu que c’est à moi qu’on a confié le boulot, répliqua le gros, piqué au vif.

      — Tu es arrivé à te libérer ? coupa court le maigre.

      La conversation tournait mal et, effectivement, son acolyte avait parfaitement raison.

      — Laisse-moi encore un peu de temps. Je crois qu’elle va lâcher.

      En effet, peu après, la corde qui les retenait tous les deux au fût se rompit dans un claquement sec, et le ventre du gros, enfin libéré de cette contention, put reprendre ses dimensions habituelles.

      — C’est bon, s’exclama le gros, tout content.

      — Parfait. Mais on va la garder sur nous jusqu’à ce que le garde repasse. On doit faire en sorte que tout ait l’air comme avant.

      — Ok, partenaire. Je refais semblant de dormir.

      Ils n’eurent pas longtemps à attendre. Quelques minutes après, en effet, la tête de l’aide du Professeur réapparut dans la tente. Il fit son habituel contrôle sommaire de la situation, remit la fermeture éclair en place, se replaça à l’ombre de la véranda et alluma tranquillement une cigarette roulée.

      — Maintenant, dit le maigre. Dépêchons-nous.

      Vu les douleurs qu’ils avaient tous

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