Transgression. Victory Storm
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J’allais retourner dans la piscine quand Helena m’arrêta de nouveau.
– Ton père arrive dans une heure. On va dîner un peu plus tôt cette fois. Tu peux prévenir Alice ?
Je lui jetai, nerveux :
– Tu ne peux pas le faire ? C’est ta fille, pas la mienne. Je n’étais au service de personne.
– Je suis au téléphone, me dit-elle en me montrant le portable allumé à son oreille.
Vaincu et fatigué par tout le foutoir provoqué par l’arrivée d’Alice et de mon père, je saluai rapidement mes amis et retournai à l’étage.
J’allais frapper puis décidai d’ouvrir la porte sans prévenir.
– J’espère rester dans cette maison le moins possible. Je ne me sens pas la bienvenue et maman… Elle ne fait plus partie de ma vie. Elle préfère sa nouvelle vie à moi, murmurait-elle inquiète et angoissée, en faisant de grands gestes, les mains tremblantes. Je sais papa…Mais je ne veux pas rester ici. Tu me manques.
Son père répondit et elle eut un petit rire rauque. Elle semblait sur le point de pleurer mais retrouva son aplomb.
– Tu as raison, tout ira bien. Je dois juste m’habituer et prendre des distances avec celui qui m’a réservé le pire accueil de ma vie. Je n’en tremble encore rien qu’à y repenser.
Tiens… La jeune fille fière et imperturbable n’est donc pas si froide et insensible qu’elle en a l’air !
Je respirai à fond et savourai ce pouvoir que je sentais déjà avoir sur elle.
La détruire serait plus facile que prévu.
Je fermai silencieusement la porte et redescendis.
On s’en tape si personne ne la prévient que le dîner est avancé !
2
EASTON
Quand mon père arriva, la maison avait retrouvé son aspect normal et personne ne me dénonça. Même pas la nouvelle venue qui ne descendit que pour manger et rencontrer mon père, Mitchell Carson.
Mon père, toujours attentif aux apparences et faussement paternaliste, resta un peu déçu par l’aspect simple et négligé d’Alice, qui ne montra aucun intérêt à mieux le connaître ou à vouloir le satisfaire en écoutant ses conseils.
Le dîner passa rapidement grâce au mutisme général.
Face aux réponses monosyllabiques d’Alice, mon père avait cessé de poser des questions.
Helena était terriblement mal à l’aise et il était évident que ses rapports avec sa fille étaient dégradés, tout comme les miens avec mon père.
De tout le repas, je restai fixé sur mon portable pour éviter de participer davantage.
Quelle famille heureuse, hein ?
Je me bornai à écouter Helena qui parlait d’un reportage photo pour un défilé de mode, mon père qui avait clôturé une affaire de seize millions de dollars avec un seul appel intercontinental, Alice qui voulait devenir journaliste et n’appréciait pas ce qu’elle avait dans son assiette.
Que des choses ennuyeuses auxquelles je ne prêtai pas attention.
A la fin du repas, Alice débarrassa la table et chargea le lave-vaisselle, bien que la domestique soit là, disant qu’à la maison elle s’en était toujours occupée. De mon côté, je me préparai à sortir.
– Où vas-tu ? m’arrêta mon père.
– Boire un verre avec mes amis, je répondis expéditif.
– Tu n’as pas dit un mot de toute la soirée.
– Parfois, le silence est d’or.
– Oui mais pas ce soir. Nous avons une invitée et tu ne fais rien pour la mettre à l’aise. J’ai vu comment elle te regardait et elle n’a pas l’air heureuse du tout.
– C’est son problème.
– Eh non, Easton. Nous sommes une famille maintenant et tu dois te comporter comme un frère avec elle. Et pas comme Jake. Je parle d’être un bon exemple à suivre.
– Jake est là pour ça.
– Jake est à Stanford et deviendra bientôt avocat. Pourquoi tu ne suis pas les traces de ton grand frère et essaie de te ressaisir une bonne fois pour toutes ?
– Tu as fini ? Mes amis m’attendent, je soupirai.
– Prends Alice avec toi. Je veux que tu lui présentes quelques personnes.
– Même pas en rêve ! Je ne veux pas de ce boulet au pied toute la soirée.
– Easton ! Qu’est-ce que je viens de te dire ? se fâcha mon père. Alice, chérie, ça te dit de sortir avec mon fils ?
– Merci Mitchell, mais je préfère passer mon temps avec des personnes intellectuellement stimulantes, répondit-elle avec cette fausse candeur que seul quelqu’un de stupide n’aurait pas saisie.
Je vais la tuer !
Mon envie de l’éliminer devait clairement se voir car mon père n’eut pas le courage de répondre, à part un misérable :
– Amuse-toi.
***
ALICE
J’eus du mal à m’endormir mais je tombai finalement dans un profond sommeil.
Un choc violent me réveilla mais au moment où j’ouvrais les yeux, quelque chose de chaud se posa violemment sur ma bouche et écrasa ma tête sur l’oreiller.
En ouvrant grand les yeux, je vis un homme au-dessus de moi, le visage couvert d’un passe-montagne noir.
Je voulus hurler mais aucun ne sortit. Sa main appuyait avec force sur ma bouche.
En voulant me dégager, je réalisai que mes poignets étaient attachés avec une corde.
L’intrus me fit signe de me taire.
J’acquiesçai. Mon cœur battait tellement fort que