C'Était ainsi. Cyriel Buysse

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу C'Était ainsi - Cyriel Buysse страница 8

Автор:
Серия:
Издательство:
C'Était ainsi - Cyriel Buysse

Скачать книгу

assez et ne revint plus.

      Alors, Sefietje avait langui et souffert, indiciblement. Elle avait tout mis en oeuvre pour le faire revenir; elle avait gémi, pleuré, supplié, mais en vain. Bruteyn en avait assez et ne s'y laissait plus prendre. De ce jour datait, selon Natse, la haine féroce, irréconciliable, que Sefietje avait vouée aux mâles et à l'amour.

      Les autres ouvrières, surtout les jeunes, raffolaient de ces histoires. Jamais elles n'en étaient rassasiées et elles suppliaient Natse d'en raconter plus long. Mais Natse se méfiait; elle craignait que cela ne vînt aux oreilles de Sefietje et que celle-ci par vengeance ne la fît renvoyer de l'usine. Où irait-elle alors? A l'hospice des vieillards, la terreur de toute sa vie….

      Ainsi se passaient les longues journées de labeur, où les seules distractions étaient le repas de midi chez elles, et la tartine à quatre heures avec la goutte du soir à la fabrique. Parfois, lorsqu'un rayon de soleil entrait par les petites fenêtres, elles se remettaient toutes à chanter. On eût dit des oiseaux, brusquement réveillés dans leur cage lugubre. Si un nuage cachait le soleil, les chants s'atténuaient et se mouraient et la résignation mélancolique de leur vie incolore retombait lourdement sur elles. Les jeunes avaient souri un instant, comme des fleurs épanouies à l'air vivifiant; et puis l'ombre grise et morne venait flétrir leur jeunesse sans espoir.

      Une joyeuse demi-heure, en été, quand il faisait beau, c'était la collation à quatre heures. Alors elles venaient s'asseoir dans la cour intérieure de la fabrique, alignées contre le mur, à la suite des hommes, eux aussi en train de faire dînette en plein air, à la file. Il y avait bien en elles, chaque fois, une hésitation, une sorte de lutte intérieure, parce qu'elles n'aimaient pas la présence gênante de tous ces hommes; mais d'ordinaire elles se risquaient pourtant, parce qu'il faisait trop chaud et trop beau pour rester dans leur «fosse», lorsqu'on pouvait sortir.

      Accroupis là, tous, hommes et femmes, leur pain noir et leur gamelle de café froid sur les genoux, pouvaient, par-dessus le mur de clôture, apercevoir la cime des arbres fruitiers dans le verger du voisin, où il y avait aussi une forge. Les pommes mûres gonflaient leurs joues rouges entre les feuillages jaunissants; les poires pendaient aux branches comme de lourdes pendeloques d'or. Les hommes contaient des farces grivoises, scandées par le chant des marteaux sur l'enclume dans la forge; et, sur la haute tour de l'église, sous le beau ciel bleu, ils voyaient les aiguilles dorées du cadran ramper lentement vers la demie, l'heure où il faudrait se lever et rentrer dans le tapage et la noirceur des ateliers.

      C'était si bon, ces trente minutes dehors. Ça valait des heures, vous semblait-il. Ça vous consolait du dur labeur passé, vous réconfortait pour le dur labeur à venir. Parfois, pendant qu'ils étaient là, le forgeron et son aide faisaient une apparition dans la cour, rapportant telle ou telle pièce réparée; et souvent, de sous leur tablier de cuir, noir et luisant comme du métal terni, ils sortaient quelques-uns de ces beaux fruits mûrs que les ouvriers voyaient avec des yeux de convoitise pendre aux branches, de l'autre côté du mur. Alors c'était une joie! Les jeunes filles y mordaient à belles dents, avec des yeux brillants et un murmure jouisseur; et les papas mettaient les leurs en poche pour les petiots à la maison. Le forgeron était un homme amusant. Il se nommait Justin. C'était un grand conteur d'anecdotes, mais qui mettait tant d'exagération dans ses histoires, qu'on ne l'appelait jamais autrement que Justin-la-Craque. Surtout lorsqu'il avait quelques petits verres dans le nez—ce qui arrivait à peu près tous les jours,—il devenait d'une fantaisie extraordinaire. Mais alors il était aussi fort irascible; et, quand on se moquait trop ouvertement de lui et des mensonges flagrants qu'il débitait, il se fâchait tout rouge. Il trépignait de colère et grinçait des dents; mais tout ça, c'était pour la frime: et lorsqu'on persistait à se ficher de lui, il partait dans un accès de rage simulée et s'en allait débiter ses bourdes ailleurs. En dehors de son état de forgeron, il était chantre à l'église et faisait partie de la société chorale du village. Il était très fier de cette dernière qualité et donnait volontiers un échantillon de son talent, surtout quand il était éméché. Son air favori, son triomphe, c'était l'O Pepita. Une chose ahurissante, cet O Pepita! Un choeur sans autres paroles que ces seuls mots, répétés sur tous les tons imaginables: «O Pepita … O Pepita … O Pepita!…» Justin y faisait la partie du baryton, mais il était aussi capable de remplacer le ténor ou la basse. Il s'avançait vers vous, s'arrêtait, roide et immobile, vous regardait bien en face, de ses yeux vitreux d'alcoolique; et lentement il commençait sur un ton très bas, très assourdi:

      —Oooooooooooo….

      Sa voix s'enflait, barytonnait; sa bouche s'ouvrait plus large et il entonnait:

      —Peee … pépépé … pépeeee…!

      Brusquement il atteignait les notes élevées; ses yeux chaviraient et il miaulait:

      —Piiii … pipipi … pipiiii…!

      Il était difficile d'en entendre davantage sans pouffer de rire. Les ouvriers de la fabrique trouvaient cet air affolant et s'en tapaient les cuisses. Ils s'exclamaient, l'entouraient et attaquaient à leur tour l'O Pepita pour le stimuler encore. Mais cela ne réussissait pas toujours. Justin-la-Craque supportait mal qu'on le troublât dans son exercice. Brusquement, il s'arrêtait, hochait la tête avec vigueur et, quoi qu'on fît, refusait de continuer. Non … non …, il ne voulait pas qu'on l'embêtât. Kamiel, son aide, qui généralement l'accompagnait, avait alors un petit rire méprisant et du doigt se touchait le front en secouant la tête, comme pour indiquer que le patron était parfois un peu marteau. Kamiel qui était un Flamand de la Flandre occidentale, prononçait son nom avec l'accent de ce pays, et à l'usine on l'appelait «Komèl», en ricanant. Il y avait envers lui cette nuance de mépris qu'ont les uns pour les autres les gens des deux Flandres; et on se moquait aussi de son grand nez d'ivrogne, rouge comme une flamme dans son visage de suie. Komèl était célibataire et, de même que Berzeel, buvait jusqu'à son dernier centime; mais, à rencontre de Berzeel, qui avait l'alcool mauvais, agressif et tapageur, Komèl, ivre, ne soufflait mot. Il fallait très bien le connaître, pour s'apercevoir qu'il avait bu. Seul, le grand nez rouge en témoignait.

      Конец ознакомительного фрагмента.

      Текст предоставлен ООО «ЛитРес».

      Прочитайте эту книгу целиком, купив полную легальную версию на ЛитРес.

      Безопасно оплатить книгу можно банковской картой Visa, MasterCard, Maestro, со счета мобильного телефона, с платежного терминала, в салоне МТС или Связной, через PayPal, WebMoney, Яндекс.Деньги, QIWI Кошелек, бонусными картами или другим удобным Вам способом.

/9j/4AAQSkZJRgABAgAAAQABAAD/2wBDAAgGBgcGBQgHBwcJCQgKDBQNDAsLDBkSEw8UHRofHh0a HBwgJC4nICIsIxwcKDcpLDAxNDQ0Hyc5PTgyPC4zNDL/2wBDAQkJCQwLDBgNDRgyIRwhMjIyMjIy MjIyMjIyMjIyMjIyMjIyMjIyMjIyMjIyMjIyMjIyMjIyMjIyMjIyMjIyMjL/wAARCBLAC7gDASIA AhEBAxEB/8QAHwAAAQUBAQEBAQEAAAAAAAAAAAECAwQFBgcICQoL/8QAtRAAAgEDAwIEAwUFBAQA AAF9AQIDAAQRBRIhMUEGE1FhByJxFDKBkaEII0KxwRVS0fAkM2JyggkKFhcYGRolJicoKSo0NTY3 ODk6Q0RFRkdISUpTVFVWV1hZWmNkZWZnaGlqc3R1dnd4eXqDhIWGh4iJipKTlJWWl5iZmqKjpKWm p6ipqrKztLW2t7i5usLDxMXGx8jJytLT1NXW19jZ2uHi4+Tl5ufo6erx8vP09fb3+Pn6/8QAHwEA AwEBAQEBAQEBAQAAAAAAAAECAwQFBgcICQoL/8QAtREAAgECBAQDBAcFBAQAAQJ3AAECAxEEBSEx BhJBUQdhcRMiMoEIFEKRobHBCSMzUvAVYnLRChYkNOEl8RcYGRomJygpKjU2Nzg5OkNERUZHSElK U1RVVldYWVpjZGVmZ2hpanN0d

Скачать книгу