La Main Sur Le Cœur. Shanae Johnson
Чтение книги онлайн.
Читать онлайн книгу La Main Sur Le Cœur - Shanae Johnson страница 2
Quant aux survivants, leurs vies en étaient sorties changées à jamais. Et, juste au moment où ils commençaient à se reconstruire au ranch du Campanule, une autre bombe avait explosé dans leurs vies. Non, vraiment, tout cela ne pouvait être une blague. C’était bien trop cruel.
Fran quitta l’hôpital militaire et traversa la ville en direction du ranch. Le paysage qui se déployait sous ses yeux lui réchauffa le cœur. Le Montana était tout bonnement magnifique.
Fran avait grandi à New York. Ses montagnes étaient des gratte-ciels. Ses champs, de l’asphalte. Il n’y avait là-bas rien de comparable à la beauté majestueuse de la nature s’élevant jusqu’aux cieux.
L’Afghanistan lui avait fait le même effet. Dans ce pays supposément désertique se trouvaient des montagnes escarpées et des vallées profondes. La neige couronnait les pics aux pentes abruptes. Les vallées étaient fertiles, permettant agriculture et élevage.
Il avait été choqué de trouver de la beauté, de la générosité dans cet endroit décrit comme ignoble. Mais tout le monde ne tenait pas dans ce portrait. Les gens bien qui composaient ce peuple essayaient de se faire discrets. La plupart du temps, cependant, ils n’y parvenaient pas, et le pinceau de la violence venait colorer leurs vies.
Fran tourna à l’entrée du ranch. Quand son chef d’escadron avait acheté le ranch, les soldats l’avaient bien vite renommé le ranch du Cœur Violet. Les luxuriantes feuilles violettes de la campanule ressemblaient à ce symbole décerné aux combattants blessés par l’ennemi. Chacun des hommes de son escadron avait été blessé et, maintenant qu’ils étaient ici pour se soigner, un nouveau coup leur était infligé.
Fran et les hommes de son escadron devaient se marier d’ici quelques semaines s’ils voulaient rester au ranch qui avait commencé à guérir leurs blessures et leur avait rendu une raison de vivre. Le problème, c’est que peu de femmes accepteraient d’être enchaînées pour le reste de leurs jours à un groupe de guerriers blessés. Surtout si l’un d’entre eux ne pouvait même pas leur donner son cœur parce qu’il pouvait cesser de battre à tout moment.
Fran devrait donc bientôt quitter le ranch. Mais pas sans s’assurer que tous les autres étaient bien installés. Puisque c’était sa faute s’ils avaient tous perdu une part d’eux-mêmes, il leur devait bien ça. Il ferait en sorte qu’ils profitent tous de la sécurité qu’ils méritaient. Et, qui sait, peut-être trouveraient-ils même l’amour.
C’était un joli rêve. Un rêve qu’il avait un jour eu. Mais dont il savait qu’il ne deviendrait jamais réalité maintenant que son torse cachait une bombe à retardement.
CHAPITRE 2
Éva inspira profondément pour se calmer. Pourtant, ses doigts tremblaient toujours. Elle leva le stylo du bout de papier, secoua la main et réessaya.
Elle refit les calculs mentalement. Elle n’avait pas le droit à l’erreur au moment d’écrire les chiffres et le montant équivalent en mots. C’était un gros chèque. Le plus gros qu’elle ait écrit de toute sa vie.
Après avoir vérifié trois fois, puis trois fois de plus, elle reposa le stylo. Il s’éloigna d’elle en roulant, mais elle le laissa faire. Elle n’avait plus besoin de son encre. L’argent était dépensé, et son compte en banque était désormais vide. Mais cela en valait la peine.
Elle détacha le chèque du carnet avec précaution. Il portait le numéro un. C’était la première fois qu’elle en écrivait un. Elle avait toujours payé en liquide. C’était le premier compte-chèques avec lequel elle allait écrire des chèques et pas simplement les encaisser. Et elle venait d’écrire le premier.
Éva le tendit à la femme au regard doux et au sourire patient assise derrière le comptoir. Celle-ci vérifia le chèque.
Éva retint sa respiration. Elle ne pouvait pas se permettre la moindre erreur. Elle n’avait pas les moyens de mettre un centime de plus dans ce chèque.
« Tout a l’air en ordre, ma grande. »
Les épaules d’Éva se détendirent visiblement en entendant cette confirmation.
« Voilà votre emploi du temps. »
La responsable des admissions tendit à Éva une feuille A5 sur laquelle le numéro des salles, l’intitulé des cours et le nom des professeurs étaient imprimés en lignes claires.
« Vous êtes attendue en cours lundi, madame Lopez.
Oui, répondit Éva dans un souffle. Oui, je serai là.
Profite bien de tes cours, ma puce.
Vous aussi. Enfin, merci. Passez une bonne journée. »
Éva s’éloigna du guichet des inscriptions, son emploi du temps serré contre sa poitrine. Derrière elle, une longue file d’étudiants patientait pour s’inscrire. Ils avaient l’air ennuyés et fatigués. Aucun d’entre eux ne semblait empli du même enthousiasme qu’elle. Probablement parce que la plupart bénéficiaient de bourses ou d’aides financières, ou avaient des parents qui pouvaient payer leur scolarité.
Mais pas Éva. Elle avait mérité jusqu’au moindre centime qu’elle venait de verser. Cela lui avait pris trois ans, mais elle avait réussi. Elle avait assez économisé pour payer son premier semestre à l’université. Pas à distance : elle aurait cours sur un véritable campus. Et pas seulement quelques cours du soir. Elle était inscrite à une université d’état.
Elle ne pensait pas ça par snobisme. Enfin, si, un peu. Pour la première fois de sa vie, elle faisait partie de l’élite. Elle aurait juste aimé que ses parents puissent la voir. Sans savoir comment, elle sentait qu’ils l’observaient de là-haut, leurs regards emplis de fierté.
Elle y était arrivée. Elle avait réalisé son rêve. Ses parents le lui avaient dit dès son premier jour de maternelle : l’éducation était la clef de ses rêves, la clef de tous les possibles.
Éva ne savait pas exactement ce qu’elle voulait faire de ses études ; elle savait juste qu’elle voulait en faire. Elle adorait suivre des cours, assise derrière une table pendant qu’un professeur faisait des miracles au tableau.
Les trois années qui s’étaient écoulées depuis sa sortie du lycée avaient été lugubres. Mais, bientôt, elle serait de retour dans une salle de classe, là où était sa place. À ce moment-là, tout deviendrait possible.
Éva grimpa dans un autobus et commença le long trajet qui la ramènerait chez elle. Chez elle, c’était plus loin que les quartiers sympas qui entouraient l’université. Plus loin que les résidences chics du quartier des affaires. Chez elle, c’était une cité délabrée dans un quartier tout sauf chic dont les habitants gagnaient souvent moins par heure que le minimum légal.
Le bus n’allait pas jusqu’à