La Main Sur Le Cœur. Shanae Johnson
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Читать онлайн книгу La Main Sur Le Cœur - Shanae Johnson страница 5
Cette personne, c’était Ruhi Patel, la fille du docteur Patel. Ruhi était infirmière et venait souvent aider son père à s’occuper des soldats qui vivaient au ranch ou s’y rendaient pour des soins.
Ruhi et le docteur Patel discutaient en descendant les marches. Sean regardait ses pieds. Mais Fran le vit jeter quelques regards à la jeune infirmière.
Fran soupira. Il soupçonnait depuis longtemps que Sean en pinçait pour Ruhi. Si c’était le cas, il n’accepterait jamais de se trouver une épouse sur une application de rencontre. Ce qui signifiait que Sean devrait lui aussi quitter le ranch.
Le docteur Patel releva les yeux et aperçut les deux hommes. Il leur fit signe d’approcher.
« Je vois que vous utilisez l’application, dit-il à Reed.
— J’ai un rencard la semaine prochaine avec quelqu’un avec qui j’ai soixante-douze pour cent de compatibilité, » répondit Reed en levant son téléphone pour montrer une brune au visage rond.
Il semblait bien qu’il avait déjà oublié le mannequin et ses quatre-vingt-dix-huit pour cent de compatibilité.
« Je trouve ça criminel, ce qu’ils vous forcent tous à faire, dit Ruhi. Vous obliger à vous marier juste pour garder votre foyer.
— Je pensais que tu croyais aux mariages arrangés, dit Reed.
— Ça, c’est du mariage forcé. C’est illégal.
— Personne ne nous force à quoi que ce soit, répondit Reed. On n’est pas obligé de le faire si on n’a pas envie. On peut vivre ailleurs et venir ici pour les soins. »
Sean détourna les yeux. Fran savait qu’il n’avait nulle part où aller, ce qui voulait dire que, dans son cas, la situation était forcée. Fran ne voulait pas partir non plus. Il adorait se réveiller tous les matins sur le ranch. Mais il n’avait pas le choix. Son cœur ne le laisserait pas rester.
« Mon père essaye de me trouver quelqu’un depuis que je suis adolescente, dit Ruhi. Les mariages arrangés ne m’intéressent pas. Je ne suis pas sûre de vouloir me marier tout court. À notre époque, ce n’est plus nécessaire. »
La façon dont Sean avala sa salive indiqua à Fran qu’il ne se contentait pas d’en pincer pour elle. Il avait l’air d’être complètement amoureux. Cela risquait de devenir un problème.
« Et vous, Francisco ? demanda le docteur Patel. Vous recherchez aussi une épouse ?
— Je ne peux donner mon cœur à personne. Il est déjà brisé. »
Il avait dit ça avec un sourire, espérant déclencher quelques rires. Il n’en récolta aucun. Tous connaissaient sa situation.
« C’est un peu cliché, mais on dit que l’amour guérit toutes les blessures, » dit le docteur Patel.
Fran aurait voulu lui répondre que l’amour ne pouvait pas déplacer des morceaux de métal, mais il garda sa langue dans sa poche et hocha la tête.
« Si vous n’êtes pas prêt pour l’amour, peut-être pouvez-vous au moins donner un peu de votre temps pour inspirer la prochaine génération ? C’est le jour des jeunes à l’église demain. Quelque chose me dit que votre point de vue, en particulier au sujet des bienfaits d’une bonne éducation, pourrait éclairer quelques jeunes âmes. »
CHAPITRE 4
Éva et Carlos grimpèrent les escaliers qui menaient à leur appartement, au troisième étage. Au rez-de-chaussée, du papier aluminium couvrait les trous dans les moustiquaires d’une de leurs voisines. Dans ce qui tenait vaguement lieu de cour, les rares touffes d’herbes perdaient la bataille face à la terre nue.
Il fallait une clef pour ouvrir la lourde porte en verre blindé de l’immeuble. Mais, comme d’habitude, elle était maintenue ouverte, si bien que n’importe qui pouvait entrer. Éva ne prit même pas la peine de retirer le carton qui la bloquait. Elle savait que, dès que la porte se fermerait, quelqu’un d’autre glisserait de quoi la garder ouverte.
Son frère la suivit tandis qu’elle grimpait les escaliers, des insectes fuyant à leur arrivée. Dans un coin, un rongeur les regardait, l’air agacé d’avoir vu sa tranquillité dérangée par le bruit de leurs pas.
Quand ils atteignirent leur porte, Éva sortit ses clefs. Elle fit jouer trois verrous, puis la porte s’entrouvrit, mais à peine. La chaîne était attachée.
« Rosalee, » appela Éva dans l’embrasure.
Ils entendirent du mouvement à l’intérieur, puis le son de pieds nus dans des chaussettes sur le vieux parquet. Sans chaussettes, les échardes étaient un risque permanent.
Des yeux bruns apparurent dans l’embrasure de la porte, puis celle-ci se referma. Ils entendirent le bruit de la chaîne, puis la porte s’ouvrit juste assez pour laisser passer leurs deux corps. Enfin, les claquements de la porte et de tous les verrous en train d’être réenclenchés.
« Ça s’est bien passé à l’école aujourd’hui, Rosalee ? »
Rosalee haussa les épaules. Sa peau était pâle. L’inactivité l’avait rendue dégingandée plutôt que ronde. Éva savait bien que sa sœur devrait sortir plus, être plus sociable. Mais elle était en sécurité à l’intérieur, alors Éva n’insistait pas trop.
« J’ai eu un A en sciences, répondit Rosalee, mais seulement un B en littérature. Je suis en train de retravailler mon devoir pour le rendre une deuxième fois la semaine prochaine. »
Éva hocha la tête. Sa sœur croyait dur comme fer au travail scolaire, au point d’en oublier de sortir et d’être sociable. Son frère préférait passer son temps à l’extérieur plutôt que dans une salle de classe. Si seulement elle pouvait les fusionner, elle obtiendrait l’ado parfait.
Carlos se dirigea vers le réfrigérateur. De là où elle se tenait, Éva pouvait voir qu’il était presque vide. Les prochaines semaines allaient être compliquées, le temps qu’elle s’habitue au rythme des cours. Elle devrait bientôt avoir des nouvelles du programme de travail étudiant. En attendant, ils mangeraient des nouilles instantanées tous les soirs pendant quelque temps.
« Tante Val est dans sa chambre avec son copain. »
Rosalee retourna dans la chambre qu’Éva partageait avec son frère et sa sœur dans ce minuscule appartement qui n’en comptait qu’une autre.
Tante Val les avait accueillis l’an dernier, quand le fils d’oncle Ricardo était revenu vivre avec lui. Avant Ricardo, ils avaient habité chez des cousins éloignés, mais leur quartier était encore pire que celui-ci, et Éva en avait donc rapidement éloigné sa famille. La fille de tante Val était partie vivre dans un autre état avec son petit ami, et Éva avait sauté sur l’occasion de récupérer sa chambre. Val vivait là depuis des années, ce qui devrait leur apporter un semblant de stabilité.
Des soupirs et des gloussements filtraient à travers la porte fermée de la chambre de sa tante. La stabilité était toute relative. Un véritable carrousel d’hommes