La Sacrifiée Indécise. Ines Johnson
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Poppy se pencha en avant, les yeux écarquillés, le cœur battant, les pieds mourant d’envie de s’enfuir vers cette merveille.
— Où est mon putain de pantalon ?
Poppy ne sursauta pas en entendant le braillement rauque. On lui avait crié dessus toute sa vie. C’était normal, pour elle, que Bruce élève la voix.
Elle ouvrit la bouche pour lui dire qu’elle était en train de repasser le pantalon qu’il cherchait. Au lieu de cela, elle s’étrangla, et aucun mot ne sortit de sa bouche. En baissant les yeux, elle vit qu’il y avait une tache noire sur la jambe droite du pantalon. Quand elle avait été captivée par la destination touristique exotique, elle avait oublié le fer à repasser, et il avait brûlé une partie du meilleur pantalon de Bruce.
Merde. Elle allait s’en prendre une.
Poppy se précipita pour cacher la preuve. Malheureusement, il n’y avait pas beaucoup de place dans la caravane. Chaque pièce faisait double emploi. La cuisine était aussi la salle à manger. Chaque placard était rempli à ras bord de pots en verre, de casseroles, de tubes et autres outils et ustensiles nécessaires à la fabrication de la drogue abrutissante qui maintenait un toit métallique au-dessus de leurs têtes. Alors, elle ne pouvait pas fourrer le pantalon là-dedans.
La seule option était de fourrer le pantalon sous sa robe d’été. C’était un endroit où Bruce ne regarderait pas. Il lui écarterait bien les cuisses au milieu de la journée s’il n’avait pas tiré son coup avec une de ses michetonneuses pendant la nuit, mais il ne lèverait jamais les yeux sur elle pendant qu’il le faisait.
— Tu m’as entendu, espèce de pétasse moche ? dit Bruce en tournant l’angle de la chambre à coucher qui faisait aussi office de salon.
Il portait un caleçon moulant et miteux, sa bedaine débordant par-dessus. Son torse velu était nu. Il y avait un trou à l’orteil de l’une de ses chaussettes bleues. Mais c’était ses chaussettes des grandes occasions. Visiblement, il devait aller quelque part d’important, et il avait besoin de ce jean, sa meilleure tenue.
Merde, merde.
— Tu as regardé dans le panier à linge ? demanda innocemment Poppy.
Elle tapota son ventre, essayant d’avoir l’air naturel et non pas l’air d’être enceinte. Une chose sur laquelle elle ne faisait jamais l’impasse malgré ses maigres revenus, c’était la contraception. Elle se rendait à la clinique voisine tous les mois, avec une régularité de métronome, pour sa pilule. Elle n’avait pas envie de faire naître un bébé dans cette misérable vie dont elle voulait elle-même s’échapper.
— Tu devais faire la lessive, dit Bruce en fonçant vers elle tandis que ses pas secouaient la caravane sur sa base. Je ne peux pas mettre ton cul répugnant sur le trottoir pour gagner quelque chose. Tu es allergique aux putains de produits chimiques pour fabriquer mon produit. Tu sers à quoi si tu ne peux même pas faire le putain de ménage, salope ?
Il la poussa, mais il n’y avait pas vraiment de place où elle puisse aller dans l’espace confiné. Son dos cogna la cuisinière, et elle glissa le long de sa surface. Le pantalon s’échappa de sous sa robe.
— C’est quoi, ce bordel ?
Il lui arracha le pantalon avant qu’elle puisse à nouveau le cacher. Le dos de la main de Bruce entra en contact avec le côté du visage de Poppy avant qu’elle ne puisse lui faire des excuses ou s’écarter de son chemin.
— Putain de connasse bonne à rien. Ce pantalon, c’est une vraie imitation de Gucci. Je l’ai payé cinquante balles.
Deux ou trois mois auparavant, elle avait brûlé le steak qu’il avait volé dans la cuisine d’un restaurant. Il y en avait eu pour vingt-cinq dollars de viande. Il l’avait frappée une fois pour ça. Cinquante balles, c’était une fortune. Poppy leva les bras, attendant le second coup.
— Couvre-toi, aboya Bruce.
Il tira sur sa robe pour la faire descendre, mais le tissu usé ne s’étendait pas assez pour couvrir la laideur de ses jambes. Il se détourna d’elle. Les taches sur ses membres étaient une des raisons pour lesquelles il ne la regardait pas quand il la sautait au milieu de la journée.
— Tu sais ce que je devrais faire ? dit-il, toujours accroupi au-dessus d’elle. Je devrais balancer ton cul derrière un glory hole. Personne n’aurait à regarder ce cul répugnant, alors.
Son haleine était chargée des relents de la chatte d’une autre femme. Ses ongles étaient noirs de la crasse de son boulot de nuit comme proxénète local du parc de caravanes. Les veines de ses biceps étaient pleines de cicatrices dues à l’abus de son produit.
Poppy releva les genoux pour couvrir les taches sensibles de ses jambes. La décoloration faisait ressembler sa peau nue à celle d’une lépreuse. C’est comme ça qu’on l’avait appelée à l’école primaire, quand les taches avaient commencé à apparaître. Les docteurs avaient tous dit qu’elle n’avait pas cette maladie. Ils étaient incapables d’expliquer ce qui n’allait pas chez elle.
Sa mère avait eu les mêmes problèmes de peau. Ça ne l’avait pas empêchée de faire le trottoir. C’était l’un des rares boulots disponibles ici, dans ce trou paumé de Knudsen. C’était soit travailler à genoux pour faire le ménage, soit travailler sur le dos pour faire des passes.
Kellyanne avait été déterminée à ce que sa petite fille ne travaille jamais sur le dos. Mais Poppy avait fini par avoir le pire des deux mondes. Elle commençait ses journées à genoux, en nettoyant la porcherie de Bruce et en faisant la lessive pour ses michetonneuses qui faisaient le trottoir. Puis elle se couchait sur le côté, la nuit, en espérant qu’il ne rentrerait pas à la maison pour la mettre sur le dos.
Sa vie n’était pas si mal. D’autres filles vivaient bien pire. Elle pouvait passer ses journées seules tandis que les autres femmes se rassemblaient aux abords du terrain de camping pour attendre les passants. Elle avait récupéré la TV qui recevait les chaînes publiques, y compris les émissions de voyage comme Globe Trekker où elle pouvait voir le monde. Et il y avait même une chaîne qui diffusait de vieilles séries comme K-2000, L’Incroyable Hulk et La Belle et la Bête, mais en espagnol.
Non, sa vie n’était pas mal du tout. Oui, elle se faisait frapper de temps en temps. Parfois même, elle le méritait. Comme maintenant. Elle n’avait pas fait attention et avait ruiné le meilleur pantalon de Bruce.
— Je crois que je peux arranger ça, dit-elle à travers la douleur cinglante de sa mâchoire. Il me faut juste un peu de vinaigre. Laisse-moi essayer.
Il lui jeta un regard noir pendant encore une minute entière avant de se reculer. Il ne lui tendit pas la main. Elle se remit précipitamment sur ses pieds, s’assurant de garder ses taches dissimulées à sa vue pour ne pas le mettre plus en colère.
Poppy fouilla les placards à la recherche de vinaigre. Elle trouva la bouteille juste au moment où la lessive suivante se terminait avec un petit ding. Elle s’occupa d’abord du pantalon de Bruce, tamponnant l’acide sur la marque de brûlure. Dieu merci, elle avait l’air de partir. Elle ne recevrait peut-être pas