Озорные рассказы / Les contes drolatiques. Уровень 1. Оноре де Бальзак

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ne pouvait rien faire, le compte se recula devant le bord du lit et dit à son épouse:

      – Et voilà, vous êtes dame.

      – Oh! non, fit-elle.

      – Comment, non? répondit-il, n’êtes-vous pas dame?

      – Non, fit-elle encore. Je la serai quand j’aurai un enfant!

      – Oh! ma petite! dit le sénéchal, reconnaissant que Blanche était pucelle de la tête aux pieds, le bon vouloir de Dieu est premièrement nécessaire pour cet office; puis les femmes doivent être en état nécessaire.

      – Et quand serai-je en état nécessaire? demanda-t-elle.

      – Lorsque la nature le voudra, dit-il pour rire.

      – Et que faut-il faire? reprit-elle.

      – Bah! une opération alchimique pleine de dangers.

      – Mais cette opération alchimique, ne serait-elle se faire incontinent?

      – Oh! non! Pour ce nous devons être innocents devant Dieu. N’avez-vous pas transgressé les ordonnances de l’Eglise?

      – Oh! non, dit-elle vivement.

      – Vous êtes bien parfaite!.. s’écria monsieur Bruin, mais moi, j’ai juré comme un Païen[14].

      – Oh! Et pourquoi?

      – Parce que la dance ne finissait pas, et je voulais vous emmener ici et embrasser.

      Elle était fatiguée et elle se coucha en laissant son vieillard admirer sa beauté.

      II

      Comment le senechal se battit avec

      le pucelage de sa femme

      Durant les premiers jours de son mariage, le sénéchal inventa de notables bourdes pour sa femme.

      Un soir, par accident[15], Bruin parla d’enfants. Il se plaignait d’un gars condamné par lui de grandes fautes, en disant que, pour sûr, celui-là naquit[16] de gens chargez de péchés mortels:

      – Si vous voulez me donner un enfant, dit Blanche, je l’éduquerai si bien, que vous serez content de lui…

      – Comment, ma mie[17], voulez-vous être mère? fit Bruin. Mais vous ne savez pas encore le métier de dame[18].

      – Oh! dit-elle. Je l’apprendrai!

      Alors, pour obtenir un enfant, Blanche commença à chasser le cerf. Le pauvre sénéchal avait déjà peine à[19] accompagner sa dame à la chasse.

      Mais il était fou d’elle, et comme sa femme devenait de plus en plus rêveuse, Bruin voulut chasser des pensées qui la hantaient.

      – D’où vient votre souci, ma mie? dit-il.

      – De honte. Je ne suis pas une femme vertueuse, si je n’ai pas d’enfant. Je sais qu’il doit sortir de moi puisque à l’église on dit que Jésus était le fruit du ventre[20] de la Vierge.

      – Donc, prions Dieu et la Vierge que cela soit ainsi, s’écria le sénéchal.

      Le jour même Blanche partit à la cathédrale pour prier la Vierge. Le vieux sénéchal était avec elle, mais il s’endormit en chemin. Monsieur Gauthier de Montsoreau chevauchait devant Blanche, en dispersant le peuple.

      Une des paysannes dit:

      – Voyez! Monsieur de Montsoreau est assez mignon pour ouvrir le cœur de cette dame.

      Blanche rougit, et monsieur Montsoreau la regarda attentivement. La femme du sénéchal pensa

      à ce regard tout le chemin, et, en arrivant au pont de Tours, elle était déjà amoureuse du jeune Montsoreau.

      Quand ils atteignirent[21] finalement la cathédrale, Blanche alla à la chapelle où les dames demandaient les enfants à Dieu et à la Vierge, et y entra seule, comme c’était la coutume. Là, elle vit un vieux prêtre, et elle demanda:

      – Et voyez-vous souvent de jeunes femmes avec aussi vieil époux que l’est monsieur le sénéchal?

      – Rarement, fit-il.

      – Mais celle-là ont les enfants?

      – Toujours. Avant cet âge, Dieu seul s’en mêle; après, ce sont les hommes.

      – Vous êtes bien joyeuse! dit à sa femme le sénéchal en rentrant à la maison.

      – Je ne doute plus d’avoir un enfant. Mais le prêtre a dit que quelqu’un d’autre doit travailler pour cela, je prendrai Gauthier…

      Monsieur Bruin immédiatement éloigna Gauthier pour protéger le pucelage de Blanche. Au lieu du jeune Montsoreau le sénéchal invita René, un garçon de quatorze ans, dont il fit son page.

      III

      Ce qui n’est que péché véniel

      Le dimanche suivant l’arrivée de René, Blanche alla chasser. Dans les bois elle vit un moine qui serra une fille contre lui plus fort que n’avait besoin être.

      – Ah! Empêchez qu’il ne la tue[22]! s’écria Blanche.

      Mais quand elle s’approcha, elle fut choquée. Elle rentra pensive à la maison. Elle comprit tout.

      Elle dit à son mari:

      – Bruin, vous m’avez trompé. Vous devez me faire ce que le moine a fait à la fille dans les bois.

      Le vieux Bruin se douta de l’aventure. Il répondit doucement:

      – Hélas, ma mie! En vous prenant pour femme, j’ai plus eu d’amour que de force. Ce chagrin hâte ma mort. Bientôt vous serez libre!.. Mais attendez mon décès. Ne trahissez pas l’honneur de mes cheveux blancs!..

      Puis le pauvre sénéchal prit le petit poignard qui était sur la table de lit, et dit avec rage[23]:

      – Ma mie, tue-moi, ou laisse-moi espérer que tu m’aimes un peu!

      – Oui! oui! fit-elle tout effrayée, je vous aimerai beaucoup[24].

      Voilà comment ce jeune pucelle s’empara de ce vieillard et l’asservit.

      – Mon bon Bruin, je veux ceci! Bruin! je veux cela! Allons! Bruin! Bruin!

      Un soir Blache

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<p>14</p>

j’ai juré comme un Païen – я бранился, как язычник

<p>15</p>

par accident – случайно

<p>16</p>

naquit – родился (форма passé simple глагола naitre)

<p>17</p>

ma mie – моя дорогая

<p>18</p>

Mais vous ne savez pas encore le métier de dame – но вы ещё не научились мастерству замужней дамы (savoir son métier – знать своё дело)

<p>19</p>

avoir peine à – с трудом что-либо делать

<p>20</p>

le fruit du ventre – плод чрева

<p>21</p>

atteignit – достигли (форма passé simple глагола atteindre)

<p>22</p>

Empêchez qu’il ne la tue – помешайте, чтобы он не убил её

<p>23</p>

avec rage – с яростью

<p>24</p>

je vous aimerai beaucoup – я очень вас полюблю (форма будущего времени – future simple глагола aimer)