La Pensée de l'Humanité. Tolstoy Leo
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Une goutte qui tombe dans la mer, devient mer. L'âme qui communie avec Dieu devient Dieu.
Lorsque l'homme dit une vérité, cela ne veut pas dire que la vérité émane de l'homme. Toute vérité vient de Dieu. Elle ne fait que passer par l'homme. Si elle passe par l'un plutôt que par l'autre, c'est uniquement parce que cet homme a su se rendre suffisamment transparent pour que la vérité puisse passer à travers lui.
Dieu dit: Je n'étais un trésor connu de personne. J'ai voulu être connu, et j'ai créé l'homme.
On ne peut pas comprendre Dieu par la raison. Si nous savons qu'il existe, ce n'est pas parce que nous le concevons par la raison, mais parce que nous le sentons en nous-mêmes.
L'homme, pour être véritablement un homme, doit concevoir la présence de Dieu en lui-même.
Demander si Dieu existe, serait demander si j'existe. Ce par quoi je vis, est Dieu.
Le corps est l'aliment de l'âme; ce sont les chantiers qui servent à construire la vraie vie.
La plus grande joie que l'homme puisse concevoir, c'est la joie de reconnaître en soi un être libre, raisonnable, aimant, et par conséquent bienheureux de sentir Dieu en soi.
L'âme est un verre; Dieu est la lumière qui pénètre à travers ce verre.
Il n'y a que moi et Toi. Si nous n'existions pas tous deux, il n'y aurait rien sur la terre.
Il semble à l'homme toujours entendre une voix derrière lui, mais il ne peut pas tourner la tête et voir celui qui parle. Cette voix parle toutes les langues, gouverne tous les hommes, mais personne n'a jamais vu celui qui parle. Dès que l'homme commence à obéir strictement à cette voix et la recueille de façon à ne pas la séparer de lui-même dans ses pensées, il sent que cette voix et lui font un; et plus l'homme considérera cette voix comme lui-même, plus il sera heureux. Cette voix lui révélera la vie bienheureuse, parce que cette voix est celle de Dieu dans l'homme.
Dieu veut le bonheur de tous; or, si tu veux du bien à tous, c'est-à-dire si tu aimes, Dieu vit en toi.
On dit: sauver son âme. On ne peut sauver que ce qui peut périr. L'âme ne peut pas périr parce qu'il n'y a qu'elle seule qui existe. Il ne faut pas la sauver, mais la purifier de ce qui l'obscurcit, la souille, il faut l'instruire pour que Dieu pénètre de plus en plus en elle.
On dit: «Aurais-tu oublié Dieu?» C'est une bonne parole. Oublier Dieu, c'est oublier Celui qui vit en toi et par qui tu vis.
De même que j'ai besoin de Dieu, Dieu a besoin de moi.
Lorsque tu t'affaiblis et que tu es malheureux, tu dois te rappeler que tu as une âme et que tu peux vivre par elle. Mais au lieu de cela, nous nous imaginons que des hommes pareils à nous-mêmes peuvent nous réconforter.
Celui qui est uni à Dieu, ne doit pas craindre Dieu. Dieu ne saurait se faire de mal à Lui-Même.
Les poissons de la rivière apprirent un jour que les hommes disaient qu'ils ne pouvaient vivre que dans l'eau. Et les poissons s'en étonnèrent et se mirent à s'interroger entre eux afin d'apprendre si quelqu'un savait ce que c'est que l'eau. Alors, un poisson intelligent dit: «On raconte qu'il y a dans la mer un vieux et sage poisson qui sait tout; allons le trouver et demandons-lui ce qu'est l'eau.» Et les poissons se dirigèrent vers l'endroit de la mer où habitait le sage et lui demandèrent ce qu'était l'eau. Et le sage poisson dit: «L'eau c'est ce qui nous fait vivre. Si vous ne la connaissez pas c'est parce que vous vivez dans l'eau et d'eau.»
De même, il semble parfois aux hommes qu'ils ne savent pas ce qu'est Dieu, mais ils vivent eux-mêmes en Lui.
«Celui qui m'a envoyé est véritable, et les choses que «j'ai entendues de Lui, je les dis dans le monde.»
Ils ne comprirent point qu'Il parlait du Père. Et Jésus leur dit: «Lorsque vous aurez élevé le Fils de l'Homme, «vous connaîtrez qui Je suis, et que Je ne fais rien de «Moi-même, mais que Je dis les choses comme Mon «Père Me les a enseignées.
Élever le Fils de l'Homme, c'est avoir conscience de l'esprit qui vit en nous et l'élever au-dessus de la chair.
L'âme et le corps sont ce que l'homme considère comme sien, ce dont il s'occupe constamment. Mais on doit savoir que le vrai «toi» n'est pas ton corps, mais ton âme. Souviens-toi de cela, élève ton âme au-dessus de ta chair, préserve-là de toute souillure humaine, ne permets pas à ta chair de l'étouffer – et tu auras une vie heureuse.
On dit qu'on ne doit pas s'aimer soi-même. Mais sans l'amour de soi-même, il n'y aurait pas de vie. Il s'agit de savoir ce qu'il faut aimer en soi: son âme ou son corps.
Il n'est pas de corps vigoureux qui n'aura jamais été malade; il n'est pas de richesses qui ne disparaîtront jamais; il n'est pas de pouvoir qui n'aura pas de fin. Si l'on consacre toute sa vie à devenir vigoureux, riche, puissant, et qu'on arrive à obtenir ce à quoi l'on aspire, on devra tout de même s'inquiéter, craindre et s'attrister, parce qu'on verra tout ce qu'on a cherché dans sa vie vous échapper, parce qu'on constatera que l'on se fait vieux et que l'on approche de la mort.
Que faire pour ne pas s'inquiéter, pour ne pas avoir peur?
Il n'y a qu'un seul moyen: il consiste à consacrer sa vie non pas à ce qui passe, mais à ce qui ne périt pas et ne peut périr, à l'esprit qui vit dans l'homme.
Accomplis ce que ton corps exige de toi: cherche à obtenir la gloire, les honneurs, la richesse, et ta vie sera un enfer. Fais ce que veut l'esprit qui réside en toi: cherche l'humilité, la clémence, l'amour, et tu n'auras pas besoin de paradis. Le paradis sera dans ton âme.
Tout homme a des devoirs envers le prochain et des devoirs envers lui-même, envers l'esprit qui vit en lui; ces devoirs consistent à ne pas souiller, à ne pas supprimer, à ne pas étouffer cet esprit et à le cultiver sans cesse.
L'homme vit par l'esprit et non par le corps. Lorsque l'homme le sait et qu'il a voué sa vie à
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Confrérie musulmane. (