Œuvres complètes de lord Byron, Tome 6. George Gordon Byron
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Comte Manfred! pardonne qu'une seconde fois je vienne à toi. Que mon humble zèle ne t'offense pas par cette brusque visite; et s'il y a mal, que le mal retombe sur moi seul. Peut-être, néanmoins, sera-t-elle d'un salutaire effet pour ton esprit, – et que ne puis-je dire pour ton cœur! – car si mes paroles et mes prières parvenaient à te toucher, je rappellerais à lui un noble esprit qui s'est égaré, mais qui n'est pas perdu sans retour.
Tu ne me connais pas; mes jours sont comptés, mes actions jugées. Retire-toi, ce lieu te serait dangereux. – Retire-toi!
Prétends-tu me menacer?
Non pas moi; j'ai simplement dit qu'il y avait péril ici, et je voulais t'en éloigner.
Que veux-tu dire?
Regarde, là! Vois-tu quelque chose?
Rien.
Regarde, là, te dis-je; regarde avec assurance. Maintenant, dis-moi ce que tu vois.
Ce qui serait vraiment capable de me faire trembler; – mais je ne tremble pas. – Je vois, du sein de la terre, s'élever un noir et terrible fantôme, semblable à un dieu infernal. Il dérobe sa figure sous un manteau, et des nuages épais entourent son corps. Il s'arrête entre toi et moi; – non, je ne crains rien.
Aussi, n'as-tu rien à redouter. – Il ne s'attaquera point à toi; – mais son aspect peut glacer tes vieux membres. Encore une fois-retire-toi.
Et moi, pour la dernière fois, – non. – Je vaincrai cet ennemi d'enfer. – Que vient-il demander ici?
Ce qu'il-oui, – que vient-il demander ici? Je ne l'ai point appelé, – il est venu sans ordre.
Hélas! infortuné mortel! Qu'as-tu donc à démêler avec de pareils hôtes? Je tremble pour ton salut. Pourquoi fixe-t-il ainsi ses regards sur toi, et toi tes regards sur lui? Ah! le voilà qui découvre ses traits; sur son front est gravée l'empreinte de la foudre; de son œil s'échappe l'affreuse immortalité de l'enfer: – fuis, maudit!
Parle. – Quelle est ta mission?
Partons!
Qui es-tu, être inconnu? Réponds-réponds!
Le génie de cet homme. – Partons, il est tems.
Je suis préparé à tout; mais je nie que tu aies aucun pouvoir sur moi. Qui t'a envoyé?
Tu l'apprendras un jour. – Partons! partons!
J'ai commandé à des êtres d'une essence plus élevée que la tienne; j'ai lutté avec tes maîtres. Disparais!
Mortel! ton heure a sonné. – Partons, te dis-je!
Je sais, je savais depuis long-tems que mon heure était arrivée; mais non pour rendre mon ame à un être tel que toi. Va-t'en: je mourrai comme j'ai vécu, – seul.
J'appellerai donc mes frères. – Levez-vous!
Hors d'ici! méchans! hors d'ici! – Je vous le dis, vous n'avez aucune puissance là où la religion a puissance. Je vous somme, au nom-
Vieillard! nous savons qui nous sommes, et nous connaissons notre devoir et ton ministère. N'use pas en vain tes saintes paroles. Tout effort est inutile: cet homme est condamné. Pour la dernière fois, qu'il m'écoute! – Partons! partons!
Tous, je vous brave. – Oui, bien que je sente mon ame se séparer de moi, je vous défie tous. Tant qu'il me restera un souffle terrestre, ce sera pour verser le mépris sur vous. – Mes forces terrestres lutteront avec des esprits; et ce que vous emporterez de moi, vous l'emporterez lambeaux par lambeaux.
Orgueilleux rebelle! Est-ce donc là ce magicien qui voulait pénétrer dans le monde invisible et s'égaler à nous? – Se peut-il que tu sois si amoureux de la vie, de la vie qui n'a été pour toi que désolation?
Tu mens, toi, faux ennemi! Ma vie est à sa dernière heure, je le sais, et ne voudrais pas racheter une minute de cette heure. Aussi, n'est-ce pas contre la mort que je lutte, mais contre toi et ces anges déchus qui t'entourent. Ce n'est pas de vos mains que j'ai reçu mon ancien pouvoir, mais d'une science supérieure à la vôtre: – du travail, – de l'audace, – de la longueur des veilles, – de la force de mon esprit, et de ces mystérieuses connaissances découvertes par nos pères, – en ce tems où la terre voyait les hommes et les esprits marcher de compagnie, et que vous n'aviez sur nous aucune prééminence. Je m'appuie sur ma propre force pour vous défier. – Retournez aux lieux d'où vous êtes venus: – je me ris de vous et vous méprise! -