Oliver Twist. Dickens Charles
Чтение книги онлайн.
Читать онлайн книгу Oliver Twist - Dickens Charles страница 21
Le vieux monsieur lui fit un salut respectueux, et, s'avançant vers le bureau du magistrat, dit en lui remettant sa carte: «Voici mon nom et mon adresse, monsieur;» puis il fit deux ou trois pas en arrière en saluant de nouveau, et attendit qu'on lui adressât la parole.
Or il advint que M. Fang se trouvait justement occupé en ce moment à lire un journal du matin, où l'on rendait compte d'un jugement qu'il avait récemment prononcé et où on le recommandait pour la centième fois à l'attention et à la surveillance particulière du secrétaire d'État de l'intérieur. Cette lecture le mit hors de lui et il leva les yeux avec humeur.
«Qui êtes-vous?» demanda-t-il.
Le vieux monsieur, surpris de cette question, montra du doigt sa carte.
«Officier de police! quel est cet individu? dit M. Fang en jetant dédaigneusement de côté la carte et le journal.
– Mon nom, dit le vieux monsieur en s'exprimant avec convenance, mon nom, monsieur, est Brownlow; permettez-moi à mon tour de demander le nom du magistrat, qui, protégé par la loi, insulte gratuitement et sans aucune provocation un homme respectable.»
En même temps M. Brownlow semblait chercher des yeux dans la salle quelqu'un qui répondit à sa question.
«Officier de police! dit M. Fang; de quoi cet individu est-il accusé?
– Il n'est pas accusé du tout, monsieur le magistrat, répondit l'officier; il comparait comme plaignant contre ce garçon, monsieur le magistrat.»
Celui-ci le savait parfaitement; mais c'était un bon moyen de tracasser les gens impunément.
«Il comparaît contre ce garçon, n'est-ce pas? dit Fang en toisant dédaigneusement M. Brownlow de la tête aux pieds. Faites-lui prêter serment.
– Avant de prêter serment, je demande à dire un mot, dit M. Brownlow; c'est que, si je n'en étais témoin, je n'aurais jamais pu croire…
– Taisez-vous, monsieur, dit M. Fang d'un ton péremptoire.
– Non, monsieur, répondit M. Brownlow.
– Taisez-vous à l'instant, ou je vous fais chasser de l'audience, dit M. Fang. Vous êtes un insolent, un impertinent, d'oser braver un magistrat.
– Comment! s'écria le vieux monsieur rougissant de colère.
– Faites prêter serment à cet homme! dit Fang au greffier. Je n'entendrai pas un mot de plus. Faites-lui prêter serment.»
L'indignation de M. Brownlow était à son comble; mais il réfléchit qu'en s'emportant il pouvait faire du tort à Olivier; il se contint et consentit à prêter serment sur-le-champ.
«Maintenant, dit M. Fang, de quoi cet enfant est-il accusé?
Qu'avez-vous à dire, monsieur?
– J'étais à l'étalage d'un libraire… commença M. Brownlow.
– Taisez-vous, monsieur! dit M. Fang. Agent de police! où est l'agent de police? voyons, qu'il prête serment. De quoi s'agit-il, agent?»
Celui-ci déclara d'un ton humble et soumis, qu'il avait arrêté l'enfant, qu'il l'avait fouillé et n'avait rien trouvé sur lui, et qu'il n'en savait pas davantage.
«Y a-t-il des témoins? demanda M. Fang.
– Non, monsieur le magistrat,» répondit l'agent de police.
M. Fang garda le silence pendant quelques minutes; puis, se tournant vers M. Brownlow, dit d'une voix courroucée:
«Voulez-vous, oui ou non, formuler votre plainte contre ce garçon? Vous avez prêté serment; si maintenant vous refusez de donner des preuves, je vous punirai pour manque de respect à la magistrature; je vous punirai, nom de…»
Nom de qui, ou nom de quoi, on l'ignore: car le greffier et le geôlier toussèrent fort en ce moment, et le premier laissa tomber par terre un gros livre; simple effet de hasard, pour empêcher qu'on n'entendit la fin de la phrase.
Malgré bien des interruptions et des insultes de la part de M. Fang, M. Brownlow essaya de raconter le fait; il fit observer que, dans la surprise du moment, il n'avait couru après l'enfant que parce qu'il l'avait vu s'enfuir en courant; il ajouta qu'il espérait que, dans le cas où le magistrat regarderait Olivier non comme voleur, mais comme complice de voleurs, il le traiterait avec autant de douceur que la justice le permettrait.
«D'ailleurs cet entant est blessé, dit-il en terminant; et je crains bien, ajouta-t-il avec force en regardant Olivier, je crains réellement qu'il ne soit tout à fait malade.
– Oh! sans doute; cela va sans dire, dit M. Fang d'un ton railleur. Allons, petit vagabond, pas de malices avec moi; elles ne prendraient pas. Ton nom?»
Olivier essaya de répondre, mais la voix lui manqua; il était pâle comme la mort, et il lui semblait que la salle tournait autour de lui.
«Ton nom, petit vaurien? dit Fang d'une voix de tonnerre.
Officier! quel est son nom?»
Ces paroles s'adressaient à un gros bonhomme à gilet rayé, qui se tenait près de la barre; il se pencha vers Olivier et répéta la question, mais voyant que l'enfant était hors d'état de répondre et sentant que ce silence ne ferait qu'exaspérer le magistrat et rendre la sentence plus sévère, il répondit au hasard:
«Il dit qu'il s'appelle Tom White, monsieur le magistrat.
– Il refuse de parler, n'est-ce pas? dit Fang; très bien, très bien. Où demeure-t-il?
– Où il peut, monsieur le magistrat, répondit encore l'officier de police, comme s'il transmettait la réponse d'Olivier.
– A-t'il des parents? demanda M. Fang.
– Il dit qu'il les a perdus dès son enfance, monsieur le magistrat,» continua l'officier de la même manière.
L'interrogatoire en était là quand Olivier leva la tête et, jetant autour de lui des regards suppliants, demanda d'une voix éteinte un verre d'eau.
«Sottise et grimaces que tout cela, dit M. Fang; n'essaye pas de me prendre pour dupe.
– Je crois qu'il est sérieusement malade, monsieur le magistrat, objecta l'officier de police.
– Je sais à quoi m'en tenir là-dessus, dit M. Fang.
– Prenez garde, dit le vieux monsieur à l'agent en levant les mains instinctivement; il va tomber.
– Écartez-vous, officier de police, s'écria Fang avec brutalité; qu'il tombe si cela lui fait plaisir.»
Olivier profita de cette obligeante permission et tomba lourdement sur le plancher. Il était sans connaissance. Les gens de service se regardaient l'un l'autre, et pas un n'osa aller au secours de l'enfant.
«Je savais bien qu'il jouait la comédie, dit M. Fang, comme si cet accident en était