Oliver Twist. Dickens Charles

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Oliver Twist - Dickens Charles

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devenu Olivier? dit le juif en prenant le Matois au collet et en le menaçant avec d'affreuses imprécations. Parle, ou je t'étrangle.»

      Fagin disait cela d'un ton si sérieux, que Charlot Bates, qui en tout cas jugeait prudent de se mettre à l'abri, et qui ne voyait rien d'impossible à ce que le juif l'étranglât ensuite à son tour, tomba à genoux, et poussa un cri perçant et prolongé qui tenait du mugissement d'un taureau furieux et des accents d'une trompette marine.

      «Parleras-tu? dit le juif d'une voix de tonnerre, en secouant le Matois d'une telle force, que c'était merveille que l'habit ne lui restât pas dans les mains.

      – Il est tombé dans la souricière et voilà tout, dit le Matois d'un air maussade. Ah ça! allez-vous me laisser tranquille?»

      Et d'un seul élan se dégageant de son habit, il saisit la fourchette à rôtir et visa, au gilet du facétieux vieillard, un coup qui, s'il eût porté, lui eût fait perdre sa gaieté pour un mois ou deux, et peut-être davantage.

      Dans cette occurrence, le juif recula avec plus d'agilité qu'on n'eût pu en soupçonner chez un nomme si décrépit en apparence, et saisissant le pot d'étain, il se préparait à le jeter à la tête de son adversaire; mais Charlot Bates attira en ce moment son attention par un hurlement affreux, et ce fut sur lui que le juif jeta le pot plein de bière.

      «Eh bien! qu'est-ce que tout ce tremblement? murmura tout à coup une grosse voix, qui est-ce qui m'a jeté cela à la figure? C'est bien heureux que je n'ai reçu que la bière, et non pas le pot, sans quoi j'aurais fait à quelqu'un son affaire. Je n'aurais jamais cru qu'un vieux coquin de juif pût jeter autre chose que de l'eau, et encore pour le plaisir de frauder la compagnie des eaux filtrées. Que se passe-t-il donc, Fagin? Morbleu, ma cravate est pleine de bière… Vas-tu entrer, animal? Qu'est-ce que tu fais là dehors? As-tu honte de ton maître? Ici!»

      L'homme qui parlait ainsi, d'un ton bourru, était un solide gaillard d'environ trente-cinq ans, portant une redingote noire de velours grossier, une vieille culotte grise, des brodequins lacés et des bas de coton bleu, qui cachaient de grosses jambes massives, de ces jambes auxquelles il sembla toujours manquer quelque chose, quand elles ne portent pas une bonne chaîne. Il avait un chapeau brun, et autour du cou un vieux foulard, avec les bouts éraillés duquel il s'essuyait le visage; tout en parlant, et, quand il eut fini, il laissa voir une grosse figure commune, avec une barbe qui n'avait pas été rasée depuis trois jours, et des yeux sinistres, dont l'un portait la trace d'un coup récent.

      «Ici! entendez-vous?» s'écria ce bandit à mine rébarbative.

      Un barbet, la tête déchirée en vingt endroits, entra en rampant dans la chambre.

      «Vous y mettez le temps, dit l'homme. Vous êtes trop fier pour me reconnaître devant le monde, n'est-ce pas? Couchez là!»

      Cette injonction fut accompagnée d'un coup de pied qui envoya l'animal à l'autre bout de la chambre. Il semblait, du reste, habitué à ce traitement; car il se blottit tranquillement dans un coin, sans pousser un cri, fermant et ouvrant ses vilains yeux vingt fois par minute, et paraissant occupé à faire l'inspection de l'appartement.

      «Après qui en avez-vous donc? dit l'homme en s'asseyant d'un air résolu. Vous maltraitez les enfants, vieil avare, vieux ladre, vieux fesse-mathieu. Ça m'étonne qu'ils ne vous assassinent pas; à leur place, je me payerais ça; si j'avais été votre apprenti, il y a longtemps que la farce serait jouée, et… Mais non; je ne pourrais pas seulement vendre votre peau; vous seriez tout au plus bon à mettre en bouteille pour être montré comme un prodige de laideur, mais je crois qu'on n'en souffle pas d'assez grandes.

      «Chut! chut! monsieur Sikes, dit le juif tout tremblant; ne parlez pas si haut.

      – Ne m'appelez pas monsieur, répondit le bandit; c'est signe que vous machinez quelque chose contre moi. Vous savez mon nom, n'est- ce pas? Je ne le déshonorerai pas quand le moment sera venu.

      – C'est bien, c'est bien, Guillaume Sikes, dit le juif avec une humilité abjecte; vous avez l'air de mauvaise humeur, Guillaume.

      – Peut-être bien; répondit Sikes; il me semble que vous êtes aussi, vous, passablement hors des gonds, quand vous jetez des pots de bière à la tête des gens, à moins que vous n'y voyiez pas plus de mal qu'à dénoncer et à…

      – Êtes-vous fou? dit le juif en tirant l'homme par la manche et en montrant du doigt les jeunes garçons.

      M. Sikes se contenta de faire le geste d'un homme qui a autour du cou un noeud coulant, et pencha sa tête sur son épaule droite, pantomime muette que le juif parut comprendre parfaitement.

      Puis en termes d'argot dont sa conversation était sans cesse émaillée, mais qu'il est inutile de citer parce qu'ils seraient inintelligibles pour le lecteur, il demanda un verre de liqueur.

      «Et surtout ayez soin de n'y pas mettre de poison,» ajouta-t-il en posant son chapeau sur la table.

      Il disait cela en plaisantant; mais s'il eût pu voir le juif se mordre les lèvres avec un infernal sourire, en se dirigeant vers le buffet, il eût pensé que la précaution, n'était pas tout à fait inutile, et que le facétieux vieillard pourrait bien céder à l'envie de perfectionner l'industrie du distillateur.

      Après avoir avalé deux ou trois verres de liqueur, M. Sikes eut la bonté de faire attention aux jeunes apprentis; et cette gracieuseté de sa part amena une conversation dans laquelle la cause et les circonstances de l'arrestation d'Olivier furent rapportées tout au long, avec les modifications et les embellissements que le Matois crut opportun d'y mêler.

      «J'ai peur, dit le juif, qu'il ne parle et ne nous mette tous dans l'embarras.

      – C'est assez probable, répondit Sikes avec un malicieux sourire.

      Vous voilà dans de beaux draps, Fagin.

      – Et j'ai peur, voyez-vous, ajouta le juif, sans faire attention à l'interruption, et en regardant son interlocuteur dans le blanc des yeux, j'ai peur que, si la danse commence pour nous, elle ne commence aussi pour d'autres; votre affaire pourrait bien être encore plus mauvaise que la mienne, mon cher.»

      L'homme tressaillit et se tourna vers le juif d'un air menaçant; mais celui-ci s'enfonça la tête dans les épaules, et ses yeux errèrent au hasard sur le mur placé en face de lui.

      Il y eut un long silence: chacun des membres de cette respectable association semblait absorbé par ses propres réflexions, sans excepter le chien, qui se léchait les babines d'un air sournois, et avait l'air de méditer une attaque contre les jambes de la première personne qu'il rencontrerait dans la rue.

      «Il faudrait que quelqu'un s'informât de ce qui s'est passé au bureau de police,» dit M. Sikes, d'un ton beaucoup plus bas que celui qu'il avait pris depuis son arrivée.

      Le juif fit un signe de tête d'assentiment.

      «S'il n'a pas jasé, et s'il est sous clef, il n'y a rien à craindre jusqu'à ce qu'il soit relâché, dit M. Sikes, et alors on en aura soin. Il faut retrouver sa piste d'une façon ou d'une autre.»

      Le juif fit un nouveau signe de tête approbatif.

      Cette manière d'agir était évidemment la meilleure, mais malheureusement un grave obstacle s'opposait à ce qu'on l'adoptât; cet obstacle n'était autre que l'antipathie violente et profondément enracinée du Matois, de Charlot Bates, de Fagin et de M. Guillaume Sikes pour le bureau de police, et la répulsion qu'ils éprouvaient

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