Oliver Twist. Dickens Charles

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Oliver Twist - Dickens Charles

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aussi lestement que possible; mais il n'eut pas plutôt relevé ses lunettes sur son front, et croisé ses mains derrière son dos pour contempler longtemps et à son aise Olivier, que son visage se contracta et changea plusieurs fois d'expression. Épuisé par la maladie, Olivier, par respect pour son bienfaiteur, fit un effort inutile pour se lever, et retomba sur son fauteuil; et le vieux M. Brownlow, qui avait à lui seul plus de coeur que n'en ont d'ordinaire six vieillards, sentit les larmes jaillir de ses yeux avec une abondance que nous ne chercherons pas à expliquer, parce que nous ne sommes pas assez philosophe.

      «Pauvre enfant! Pauvre enfant! dit-il en tâchant de s'éclaircir la voix. Je suis enroué ce matin, madame Bedwin; je crains d'avoir attrapé un rhume.

      – Espérons que non, dit celle-ci. Tout votre linge était bien sec, monsieur.

      – Ce n'est pas sûr, Bedwin, dit M. Brownlow; je crois que vous m'avez donné hier à dîner une serviette humide, mais n'en parlons plus. Comment vous trouvez-vous, mon petit ami?

      – Bien heureux, monsieur, répondit Olivier, et bien reconnaissant de toutes vos bontés.

      – Cher enfant! dit M. Brownlow remis de son émotion. Lui avez-vous donné à manger, Bedwin? Un bouillon, hein?

      – Il vient de prendre un bol d'excellent consommé, répondit Mme Bedwin en se redressant et en appuyant sur le dernier mot, pour montrer qu'entre un bouillon et un consommé il n'y a pas le moindre rapport.

      – Bah! fit M. Brownlow en haussant les épaules, quelques verres de porto lui auraient fait encore plus de bien; n'est-ce pas, Tom White?

      – Je me nomme Olivier, monsieur, répondit le petit malade d'un air étonné.

      – Olivier? dit M, Brownlow; Olivier quoi? Olivier White, hein?

      – Non, monsieur, Olivier Twist.

      – Singulier nom, dit le vieux monsieur. Pourquoi avez-vous dit au magistrat que vous vous nommiez White?

      – Je n'ai jamais dit cela, monsieur,» répondit Olivier tout interdit.

      Ceci avait si bien l'air d'un mensonge, que M. Brownlow jeta sur l'enfant un coup d'oeil un peu sévère; mais il n'était pas possible de douter de sa parole: le caractère de la vérité était empreint sur tous les traits de son visage.

      «C'est sans doute une méprise, dit M. Brownlow. Mais, quoiqu'il n'eût plus de motif pour regarder fixement l'enfant, le souvenir de la ressemblance d'Olivier avec un visage connu lui revint à l'esprit, et si vivement qu'il ne pouvait détacher de lui ses regards.

      «J'espère que vous n'êtes pas mécontent de moi, monsieur? dit Olivier en levant des yeux suppliants.

      – Non, non, répondit le vieux monsieur. Bonté divine! que vois-je?

      Bedwin, regardez donc là, et là.»

      Et en parlant ainsi il montrait du doigt tour à tour le portrait placé au-dessus de la tête d'Olivier, puis la figure de l'enfant: c'était la copie vivante du portrait; mêmes yeux, même bouche, mêmes traits. En ce moment la ressemblance était tellement frappante, que toutes les lignes du visage semblaient reproduites avec une précision merveilleuse.

      Olivier ignorait la cause de cette exclamation soudaine; il n'était pas assez fort pour supporter l'émotion qu'elle lui causa, et il s'évanouit.

* * * * *

      Quand le Matois et son digne camarade maître Bates, après s'être approprié d'une manière illégale le mouchoir de M. Brownlow, s'étaient joints à la foule qui poursuivait Olivier, comme nous l'avons raconté précédemment, ils avaient obéi à un sentiment louable et méritoire, celui de se sauver eux-mêmes. Comme le respect de la liberté individuelle est un des privilèges dont tout bon Anglais s'enorgueillit le plus, je n'ai pas besoin de faire observer que cette fuite de nos jeunes filous doit les relever dans l'esprit des patriotes sincères. Ce qui montre bien qu'ils agissaient en vrais philosophes, c'est que, dès que l'attention générale fut fixée sur Olivier, ils cessèrent de poursuivre celui- ci, et regagnèrent leur demeure par le plus court chemin; après avoir parcouru de toute la vitesse de leurs jambes un dédale de passages et de rues étroites, ils s'arrêtèrent d'un commun accord sous une voûte basse et sombre, et, dès qu'il eut repris haleine, maître Bates poussa un cri de joie et, dans les transports de sa gaieté, se tordit à force de rire et finit par se rouler à terre.

      «Qu'as-tu à rire de la sorte? demanda le Matois.

      – Ha! ha! ha! hurlait Charlot Bates.

      – Pas tant de bruit, observa le Matois en jetant autour de lui un regard inquiet. Veux-tu te faire coffrer, animal?

      – C'est plus fort que moi, dit Charlot, je n'en peux plus. Tu as vu comme il courait, enfilant une rue après l'autre, se heurtant aux poteaux, et comme s'il était de fer aussi bien qu'eux, reprenant sa course de plus belle! et moi, avec le mouchoir dans la poche, à crier après lui: Au voleur! c'est trop fort.»

      La vive imagination de maître Bates lui représenta de nouveau cette scène sous un jour si comique qu'il ne put continuer, et retomba à terre, en se tenant les côtes à force de rire.

      «Que va dire Fagin? demanda le Matois, profitant d'un moment où Bates reprenait haleine.

      – Quoi? dit Charlot.

      – Oui, quoi? fit le Matois.

      – Eh bien! qu'est-ce qu'il peut dire? demanda Charlot en coupant court à son accès de gaieté; car le ton du Matois était sérieux. Qu'est-ce qu'il peut dire?»

      M. Dawkins, pour toute réponse, se mit à siffler, ôta son chapeau et secoua la tête en se grattant l'oreille.

      «Qu'est-ce que tu veux dire par là? demanda Charlot.

      – Tra déri déra; bah! va-t'en voir s'ils viennent,» dit le Matois en ricanant.

      C'était une explication, mais peu satisfaisante; aussi maître Bates renouvela t'il sa question:

      «Qu'est-ce que ça signifie?»

      Le Matois ne répondit pas, mais remit son chapeau, releva sous ses bras les longues basques de son habit, se gonfla la joue avec la langue, se pinça le bout du nez à plusieurs reprises, puis tournant les talons, s'élança dans la cour. Maître Bates le suivit d'un air pensif. Quelques instants après cette conversation, le facétieux vieillard prêtait l'oreille en entendant le bruit de leurs pas dans le vieil escalier. Il était assis près du feu en face d'un pot d'étain, tenant d'une main un cervelas et un petit pain, de l'autre un couteau. Un affreux sourire passa sur son visage blême, quand il se retourna pour écouter, penchant l'oreille vers la porte, et roulant ses yeux farouches sous ses sourcils roux.

      «Qu'est-ce que c'est? dit-il en changeant de visage. Ils ne sont que deux! leur serait-il arrivé quelque chose? Attention!»

      Les pas se rapprochèrent et se firent bientôt entendre sur le palier. La porte s'ouvrit lentement; le Matois et Charlot Bates entrèrent et la fermèrent derrière eux.

      CHAPITRE XIII. Présentation faite au lecteur intelligent de quelques nouvelles connaissances qui ne sont pas étrangères à certaines particularités intéressantes de cette histoire

      «Où est Olivier? dit le juif avec fureur, en se levant d'un air menaçant; qu'est-il devenu?»

      Les

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