Le Vicaire de Wakefield. Oliver Goldsmith

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Le Vicaire de Wakefield - Oliver Goldsmith

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calmer la douleur de l’étranger,

      Car la peine était lourde en son cœur,

      Et ses larmes se mirent à couler.

      L’Ermite épiait cette émotion naissante,

      Oppressé d’un sentiment pareil:

      «Et d’où viennent, malheureux jeune homme, cria-t-il,

      Les chagrins de ton cœur?

      «Chassé de demeures plus heureuses,

      Es-tu donc errant malgré toi?

      T’affliges-tu pour une amitié sans retour,

      Ou pour un amour dédaigné?

      «Hélas! les joies que la fortune apporte

      Sont frivoles et caduques;

      Et ceux qui prisent ces pauvretés,

      Plus frivoles qu’elles encore.

      «Et l’amitié qu’est-elle, qu’un nom,

      Un charme qui berce et endort,

      Une ombre qui suit la richesse ou la renommée,

      Mais qui laisse le misérable à ses pleurs?

      «Et l’amour est encore un son plus vide,

      Le jouet de nos beautés du jour,

      Invisible sur terre, ou ne s’y trouvant

      Que pour réchauffer le nid de la tourterelle.

      «Fi! tendre jeune homme, fais taire ta douleur,

      Et méprise ce sexe», dit-il.

      Mais tandis qu’il parle, une rougeur montante

      A trahi son hôte éperdu d’amour.

      Surpris, il voit de nouvelles beautés naître,

      Parure soudaine qui s’étale aux yeux,

      Semblable aux couleurs du ciel au matin,

      Non moins brillante, non moins passagère aussi.

      Le regard timide, le sein qui se soulève

      Tour à tour éveillent ses alarmes:

      L’aimable étranger est, de son aveu même, reconnu

      Pour une jeune fille dans tous ses charmes.

      «Ah! oui; pardonnez à l’étrangère indiscrète,

      A la misérable abandonnée, s’écria-t-elle,

      A l’importune, dont les pieds impies pénètrent ainsi

      Là où le ciel demeure avec vous.

      «Mais laisse une part de ta pitié à une jeune fille

      Que l’amour a faite errante,

      Qui cherche le repos, et qui trouve le désespoir

      Pour compagnon de sa route.

      «Mon père vivait sur le bord de la Tyne;

      C’était un opulent seigneur,

      Et toute son opulence était marquée d’avance comme mienne:

      Il n’avait d’enfant que moi.

      «Pour m’enlever à ses tendres bras,

      Des prétendants sans nombre vinrent,

      Qui me louaient de charmes supposés,

      Et ressentaient ou feignaient la passion.

      «A toute heure une foule mercenaire

      Rivalisait d’offres les plus riches;

      Parmi les autres, le jeune Edwin s’inclinait.

      Mais jamais ne parlait d’amour.

      «Vêtu d’habits modestes et des plus simples,

      Il n’avait ni richesses ni pouvoir;

      Sagesse et mérite, voilà tout ce qu’il avait;

      Mais c’était aussi tout pour moi.

      «Et lorsqu’à mes côtés, dans le val,

      Il chantait des lais d’amour,

      Son haleine prêtait des parfums à la brise

      Et de la musique aux bois.

      «La fleur s’ouvrant au jour,

      Les rosées distillées du ciel,

      Ne pouvaient montrer rien d’assez pur

      Pour rivaliser avec son cœur.

      «La rosée, la fleur sur l’arbre

      Brillent de charmes inconstants:

      Leurs charmes, il les avait; mais, malheur à moi!

      Moi, j’avais leur constance.

      «Sans cesse j’essayais tous les artifices de la coquetterie

      Importune et vaine;

      Et lorsque sa passion touchait mon cœur,

      Je triomphais dans ses peines.

      «Enfin, tout accablé de mes mépris,

      Il me laissa à mon orgueil,

      Et, secrètement, chercha une solitude

      Abandonnée, où il mourut.

      «Mais mienne est la douleur, et mienne la faute,

      Et ma vie doit bien la payer;

      Je chercherai la solitude qu’il a cherchée,

      Et m’étendrai là où il gît.

      «Oui, là, abandonnée, désespérée, cachée,

      Je veux me coucher et mourir;

      C’est ce que pour moi Edwin a fait,

      Et c’est ce que je ferai pour lui.»

      «Empêche cela, Ciel!» cria l’Ermite;

      Et il la pressait contre son sein.

      Étonnée, la belle se retourne en courroux:

      C’était Edwin lui-même qui l’embrassait.

      «Regarde, Angelina toujours chère,

      Mon enchanteresse, regarde et vois

      Ici ton Edwin, ton Edwin longtemps perdu,

      Rendu à l’amour et à toi.

      «Laisse-moi te tenir ainsi sur mon cœur,

      Et quitter tout souci.

      Ne devons-nous donc plus nous séparer jamais, jamais,

      O ma vie, ô seul bien qui soit à moi?

      «Non, jamais! à partir de cette heure,

      Nous vivrons et nous nous aimerons, fidèles;

      Le dernier soupir qui déchirera ton cœur constant

      Brisera aussi celui de ton Edwin.»

      Pendant la lecture de cette ballade, Sophia semblait mêler un air de tendresse à son approbation. Mais notre tranquillité fut bientôt troublée par le bruit d’un coup de fusil tout près de nous, et, immédiatement après, un homme apparut, traversant violemment la haie pour ramasser le gibier qu’il venait de tuer. Ce chasseur était le chapelain du squire, et il avait abattu un des merles qui nous récréaient si agréablement. Un bruit tellement fort et rapproché avait fait tressaillir mes filles, et je pus remarquer que Sophia, dans son effroi, s’était jetée dans les bras de M. Burchell pour y chercher protection. Le gentleman s’avança et demanda pardon de nous avoir dérangés, affirmant qu’il ignorait que nous fussions si près. Il prit place auprès de ma fille cadette,

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