La San-Felice, Tome 02. Dumas Alexandre

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу La San-Felice, Tome 02 - Dumas Alexandre страница 3

La San-Felice, Tome 02 - Dumas Alexandre

Скачать книгу

veux, répondit le roi toujours pensif, que personne ne sache que j'ai écrit cette lettre à mon neveu, ni par qui je l'ai envoyée.

      – Alors, sire, dit en riant Ruffo, Votre Majesté va me faire assassiner en sortant du palais.

      – Vous, mon cher cardinal, vous n'êtes pas quelqu'un pour moi; vous êtes un autre moi-même.

      Ruffo s'inclina.

      – Oh! ne me remerciez point, allez, le compliment n'est pas riche.

      – Comment faire, alors? Il faut cependant que vous envoyiez chercher Ferrari par quelqu'un, sire.

      – Justement, je m'oriente.

      – Si je savais où il est, dit Ruffo, j'irais le chercher.

      – Pardieu! moi aussi, fit le roi.

      – Vous avez dit qu'il était dans le palais.

      – Certainement qu'il y est; seulement, le palais est grand. Attendez, attendez donc! En vérité, je suis encore plus bête que je ne croyais.

      Il ouvrit la porte de sa chambre à coucher et siffla.

      Un grand épagneul s'élança du tapis où il était couché près du lit de son maître, posa ses deux pattes sur la poitrine du roi, toute chamarrée de plaques et de cordons, et se mit à lui lécher le visage, occupation à laquelle le maître paraissait prendre autant de plaisir que le chien.

      – C'est Ferrari qui l'a élevé, dit le roi; il va me trouver Ferrari tout de suite.

      Puis, changeant de voix et parlant à son chien comme il eût parlé à un enfant:

      – Où est-il donc, ce pauvre Ferrari, Jupiter? Nous allons le chercher. Taïaut! taïaut!

      Jupiter parut parfaitement comprendre; il fit trois ou quatre bonds par la chambre, humant l'air et jetant des cris joyeux; puis il alla gratter à la porte d'un corridor secret.

      – Ah! nous en revoyons donc, mon bon chien? dit le roi.

      Et, allumant un bougeoir au candélabre, il ouvrit la porte du couloir en disant:

      – Cherche, Jupiter! cherche!

      Le cardinal suivait le roi, d'abord pour ne pas le laisser seul, ensuite par curiosité.

      Jupiter s'élança vers l'extrémité du couloir et gratta à une seconde porte.

      – Nous sommes donc sur la voie, mon bon Jupiter? continua le roi.

      Et il ouvrit cette seconde porte, comme il avait ouvert la première; elle donnait sur une antichambre vide.

      Jupiter alla droit à une porte opposée à celle par laquelle il était entré et se dressa contre cette porte.

      – Tout beau! dit le roi, tout beau!

      Puis, se tournant vers Ruffo:

      – Nous brûlons, cardinal, dit-il.

      Et il ouvrit cette troisième porte.

      Elle donnait sur un petit escalier. Jupiter s'y élança, monta rapidement une vingtaine de marches, puis se mit à gratter la porte en poussant de petits cris.

      – Zitto! zitto! dit le roi.

      Le roi ouvrit cette quatrième porte comme il avait ouvert les trois autres; seulement, cette fois, il était arrivé au terme de son voyage: le courrier, tout vêtu et tout éperonné, dormait sur un lit de camp.

      – Hein! fit le roi, tout fier de l'intelligence de son chien; et quand je pense que pas un de mes ministres, même celui de la police, n'aurait fait ce que vient de faire mon chien!

      Malgré l'envie qu'avait Jupiter de sauter sur le lit de son père nourricier Ferrari, le roi lui fit un signe de la main, et il se tint tranquille derrière lui.

      Ferdinand alla droit au dormeur, et, du bout de la main, lui toucha l'épaule.

      Si légère qu'eut été la pression, celui-ci se réveilla immédiatement et se mit sur son séant, regardant autour de lui avec cet oeil effaré de l'homme que l'on éveille au milieu de son premier sommeil; mais, aussitôt, reconnaissant le roi, il se laissa glisser de son lit de camp et se tint debout et les coudes au corps, attendant les ordres de Sa Majesté.

      – Peux-tu partir? lui demanda le roi.

      – Oui, sire, répondit Ferrari.

      – Peux-tu aller à Vienne sans t'arrêter?

      – Oui, sire.

      – Combien de jours te faut-il pour aller à Vienne?

      – Au dernier voyage, sire, j'ai mis cinq jours et six nuits; mais je me suis aperçu que je pouvais aller plus vite et gagner douze heures.

      – Et à Vienne, combien de temps te faut-il pour te reposer?

      – Le temps qu'il faudra à la personne à laquelle Votre Majesté écrit pour me donner une réponse.

      – Alors, tu peux être ici dans douze jours?

      – Auparavant si l'on ne me fait pas attendre, et s'il ne m'arrive pas d'accident.

      – Tu vas descendre à l'écurie, seller un cheval toi-même; tu iras le plus loin possible avec le même cheval, au risque de le forcer; tu le laisseras chez un maître de poste quelconque et tu l'y reprendras à ton retour.

      – Oui, sire.

      – Tu ne diras à personne où tu vas.

      – Non, sire.

      – Tu remettras cette lettre à l'empereur lui-même et point à d'autres.

      – Oui, sire.

      – Et à qui que ce soit, même à la reine, tu ne laisseras prendre la réponse.

      – Non, sire.

      – As-tu de l'argent?

      – Oui, sire.

      – Eh bien, pars, alors.

      – Je pars, sire.

      Et, en effet, le brave homme ne prit que le temps de glisser la lettre du roi dans une petite poche de cuir pratiquée en manière de portefeuille dans la doublure de sa veste, de mettre sous son bras un petit paquet contenant un peu de linge et de se coiffer de sa casquette de courrier; après quoi, sans en demander davantage, il s'apprêta à descendre l'escalier.

      – Eh bien, tu ne fais pas tes adieux à Jupiter? dit le roi.

      – Je n'osais, sire, répondit Ferrari.

      – Voyons, embrassez-vous; n'êtes-vous pas deux vieux amis, et tous les deux à mon service?

      L'homme et le chien se jetèrent dans les bras l'un de l'autre: tous deux n'attendaient que la permission du roi.

      – Merci,

Скачать книгу