Le magasin d'antiquités, Tome II. Чарльз Диккенс

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Le magasin d'antiquités, Tome II - Чарльз Диккенс

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avez acquis un nouvel ami dans l'étude, à ce que m'a appris M. Abel.

      – Oh! oui, monsieur, oui. Il a agi très-généreusement avec moi, monsieur.

      – J'en suis ravi, répliqua le vieux gentleman avec un sourire. Il est disposé à agir encore bien plus généreusement, Christophe.

      – Vraiment, monsieur! C'est trop de bonté de sa part, mais je n'en ai pas besoin, pour sûr, dit Kit frappant fortement un clou rebelle.

      – Il désire beaucoup vous avoir à son service… Prenez donc garde à ce que vous faites; sinon, vous allez tomber et vous blesser.

      – M'avoir à son service, monsieur! s'écria Kit qui s'était arrêté tout court dans sa besogne pour se retourner sur l'échelle avec l'agilité d'un faiseur de tours. Mais, monsieur, je pense bien qu'il n'a pas dit cela sérieusement.

      – Au contraire, il l'a dit très-sérieusement, d'après sa conversation avec M. Abel.

      – On n'a jamais vu ça, murmura Kit, regardant tristement son maître et sa maîtresse. Cela m'étonne bien de la part de ce monsieur; je ne le comprends pas.

      – Vous voyez, Christophe, dit M. Garland, c'est une affaire d'importance pour vous, et vous ferez bien d'y réfléchir. Ce gentleman peut vous donner de meilleurs gages que moi; je ne dis pas vous traiter avec plus de douceur et de confiance: j'espère que vous n'avez pas à vous plaindre de vos maîtres: mais certainement il peut vous faire gagner plus d'argent.

      – Après, monsieur?.. dit Kit.

      – Attendez un moment, interrompit M. Garland; ce n'est pas tout. Vous avez été un fidèle serviteur pour vos anciens maîtres, je le sais, et si le gentleman les retrouvait, comme il s'est proposé de le faire par tous les moyens possibles, je ne doute pas qu'étant à son service vous n'en fussiez bien récompensé. En outre, ajouta M. Garland avec plus de force, vous aurez le plaisir de vous trouver de nouveau en rapport avec des personnes auxquelles vous semblez porter un attachement si grand et si désintéressé. Songez à tout cela, Christophe, et ne vous pressez pas trop inconsidérément dans votre choix.»

      Kit ressentit un coup violent à l'intérieur, au moment où ce dernier argument caressait doucement sa pensée et semblait réaliser toutes ses espérances, tous ses rêves d'autrefois. Mais cela ne dura qu'une minute, et son parti fut bien pris. Il répondit d'un ton ferme que le gentleman ferait bien de chercher ailleurs, et qu'il aurait aussi bien fait de commencer par là.

      «Comment a-t-il pu s'imaginer, monsieur, que j'irais vous quitter pour m'en aller avec lui, dit Kit se retournant après avoir donné quelques coups de marteau. Il me prend donc pour un imbécile?

      – C'est ce qui pourra bien arriver, Christophe, si vous repoussez son offre, dit gravement M. Garland.

      – Eh bien! comme il voudra, monsieur. Que m'importe ce qu'il pensera? Pourquoi m'en embarasserais-je, monsieur, quand je sais que je serais un imbécile, et bien pis encore que ça, si je laissais là le meilleur maître, la meilleure maîtresse qu'il y ait jamais eu, qu'il puisse jamais y avoir; qui m'ont recueilli dans la rue quand j'étais pauvre, quand j'avais faim, quand peut-être j'étais plus pauvre et plus dénué que vous ne le croyez vous-même, monsieur. Et pourquoi? pour m'en aller avec ce gentleman ou tout autre? Si jamais miss Nell revenait, madame, ajouta Kit en se tournant tout à coup vers sa maîtresse, ah! ce serait autre chose. Et si par hasard elle avait besoin de moi, je vous prierais de temps en temps de me laisser travailler pour elle quand toute ma besogne serait finie à la maison. Mais si elle revient, je sais bien qu'elle sera riche, comme le répétait toujours mon vieux maître; et, une fois riche, elle n'aurait pas besoin de moi! Non, non, dit encore Kit secouant la tête d'un air chagrin, j'espère qu'elle n'aura jamais besoin de moi… et cependant je serais bien heureux de la revoir!»

      Ici Kit enfonça un clou dans la muraille; il l'enfonça très-fort, et même beaucoup plus avant qu'il n'était nécessaire: cela fait, il se retourna de nouveau.

      «Et le poney, donc! et Whisker, madame, qui me reconnaît si bien quand je lui parle, qu'il commence à hennir dès qu'il m'entend; laisserait-il personne l'approcher comme je l'approche? Et le jardin, donc, monsieur; et M. Abel, madame. Est-ce que M. Abel consentirait à se séparer de moi, monsieur? Trouveriez-vous quelqu'un qui fût plus curieux du jardin que moi, madame? Cela briserait le coeur de ma mère, monsieur; et jusqu'au petit Jacob, qui comprendrait assez la chose pour pleurer toutes les larmes de ses yeux, madame, s'il pensait que M. Abel voulût sitôt se séparer de moi, quand il me disait encore l'autre jour qu'il espérait que nous resterions bien des années ensemble!..»

      Nous n'essayerons pas de dire combien de temps Kit fût demeuré sur l'échelle, s'adressant tour à tour à son maître et à sa maîtresse, et généralement se tournant vers celui des deux auquel il ne parlait pas, si en ce moment Barbe n'était accourue annoncer qu'on était venu de l'étude apporter une lettre qu'elle remit entre les mains de son maître, tout en laissant paraître quelque étonnement à la vue de la pose d'orateur que Kit avait prise.

      «Oh! dit le vieux gentleman après avoir lu la lettre; faites entrer le messager.»

      Tandis que Barbe s'empressait d'exécuter cet ordre, M. Garland se tourna vers Kit pour lui dire que l'entretien en resterait là; et que si Kit éprouvait de la répugnance à se séparer d'eux, ils n'en éprouvaient pas moins à se séparer de lui. La vieille dame s'associa chaudement à ces paroles de son mari.

      «Si pour le moment, Christophe, ajouta M. Garland en jetant un regard sur la lettre qu'il avait à la main, le gentleman désirait vous emprunter pour une heure ou deux, ou même pour un ou plusieurs jours, quelque temps enfin, nous devrions consentir, nous à vous prêter, vous à ce qu'on vous prêtât. Ah! ah! voici le jeune gentleman. Comment vous portez-vous, monsieur?»

      Ce salut s'adressait à M. Chukster, qui, avec son chapeau tout à fait penché sur le côté et ses longs cheveux qui en débordaient, s'avançait d'un air fanfaron.

      «J'espère que votre santé est bonne, monsieur, répondit celui-ci. J'espère que la vôtre est également bonne, madame. Une charmante petite bonbonnière, monsieur. Un délicieux pays, en vérité!

      – Vous venez sans doute prendre Kit? demanda M. Garland.

      – J'ai pour cela un cabriolet qui m'attend à votre porte, répondit le maître clerc. Il est attelé d'un vigoureux gris- pommelé; vous n'avez qu'à voir, si vous êtes connaisseur en chevaux, monsieur…»

      Tout en s'excusant d'aller examiner le vigoureux gris-pommelé et fondant son refus sur son peu de connaissances en semblable matière, M. Garland invita M. Chukster à prendre un morceau en manière de collation. Le gentleman y consentit très-volontiers; et quelques viandes froides, flanquées d'ale et de vin, furent bientôt disposées à son intention.

      Pendant ce repas, M. Chukster déploya toutes ses ressources d'esprit pour charmer ses hôtes et les convaincre de la supériorité intellectuelle des citadins comme lui. En conséquence, il plaça la conversation sur le terrain des petits scandales du jour, matière dans laquelle ses amis lui reconnaissaient un merveilleux talent. Il était, par exemple, en position de fournir les détails exacts de la querelle qui avait éclaté entre le marquis de Mizzler et lord Bobby à propos d'une bouteille de vin de Champagne, et non d'un pâté aux pigeons, comme les journaux l'avaient rapporté par erreur. Lord Bobby n'avait nullement dit au marquis de Mizzler: «Mizzler, un de nous deux a menti, et ce n'est pas moi,» comme les mêmes journaux l'avaient prétendu à tort; mais bien: «Mizzler, vous savez où l'on peut me trouver, et, Dieu me damne! monsieur, vous me trouverez si vous avez à me parler;» ce qui naturellement

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