Le magasin d'antiquités, Tome II. Чарльз Диккенс

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Le magasin d'antiquités, Tome II - Чарльз Диккенс

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rente payable par quartier, et non par semestre, comme on l'avait donné à entendre au public, non compris, ainsi qu'on avait eu l'impudence monstrueuse de le dire, des bijoux, des parfums, de la poudre à perruque pour cinq valets de pied, et deux paires de gants de chevreau par jour pour un page. Après avoir engagé ses auditeurs à être parfaitement convaincus de l'exactitude de ses assertions sur ces points importants, qu'il possédait à merveille, M. Chukster les entretint des bruits de coulisses et des nouvelles de la cour. Ce fut ainsi qu'il termina cette brillante et délicieuse conversation qu'il avait soutenue à lui seul, sans la moindre assistance, durant plus de trois quarts d'heure.

      «Et maintenant que le cheval a repris haleine, dit M. Chukster se levant avec grâce, j'ai peur d'être forcé de filer.»

      Ni M. Garland ni sa femme ne s'opposèrent le moins du monde à ce qu'il se retirât, jugeant sans doute qu'il serait fâcheux qu'un homme si bien informé fût arraché longtemps à sa sphère d'activité. En conséquence, au bout de quelques instants M. Chukster et Kit roulaient sur le chemin de Londres, Kit perché sur le siège, à côté du cocher, et M. Chukster assis dans un coin à l'intérieur de la voiture, les deux pieds perchés à chacune des portières.

      En arrivant à la maison du notaire, Kit se rendit dans l'étude, où M. Abel l'invita à s'asseoir et à attendre, car le gentleman qui l'avait fait demander était sorti et ne rentrerait peut-être pas de sitôt. Ce n'était que trop vrai. Kit, en effet, avait eu le temps de dîner, de prendre son thé et de lire les plus brillantes pages de l'almanach des vingt-cinq mille adresses; plus d'une fois même il avait failli s'endormir avant que le gentleman fût de retour. Enfin ce dernier arriva en toute hâte.

      Il commença par s'enfermer avec M. Witherden, et M. Abel fut invité à assister à la conférence, en attendant que Kit, fort en peine de savoir ce qu'on voulait de lui, fût appelé à son tour dans le cabinet du notaire.

      «Christophe, dit le gentleman s'adressant à lui au moment où il entrait, j'ai retrouvé votre vieux maître et votre jeune maîtresse.

      – Impossible, monsieur!.. Comment! vous les auriez retrouvés?.. répondit Kit dont les yeux s'allumèrent de joie. Où sont-ils, monsieur? Dans quel état sont-ils, monsieur? Sont-ils… sont-ils près d'ici?

      – Loin d'ici, répliqua le gentleman secouant la tête. Mais je dois partir cette nuit pour les ramener, et j'ai besoin que vous m'accompagniez.

      – Moi, monsieur?» s'écria Kit plein de satisfaction et de surprise.

      Le gentleman dit en se tournant vers le notaire d'un air pénétré:

      «Le lieu indiqué par l'homme aux chiens est… à combien d'ici? vingt lieues, je crois?

      – De vingt à vingt-trois lieues.

      – Hum! si nous allons un bon train de poste toute la nuit, nous pourrons y arriver dès demain matin. Maintenant, voici la question: comme ils ne me connaissent pas, et comme l'enfant, que Dieu la bénisse! pourrait penser qu'un étranger qui court à sa recherche a des projets contre la liberté de son grand-père, puis- je faire rien de mieux que d'emmener ce garçon qu'ils connaissent assez bien tous deux pour le reconnaître tout de suite, afin de leur donner par là l'assurance de mes intentions amicales?

      – Vous ne pouvez rien faire de mieux, répondit le notaire. Il faut absolument que vous preniez Christophe avec vous.

      – Je vous demande pardon, dit Kit, qui avait prêté attentivement l'oreille à ces paroles; mais si c'est là votre raison, j'ai peur de vous être plus nuisible qu'utile. Pour miss Nelly, monsieur, elle me connaît bien, elle, et elle aurait confiance en moi, bien certainement; mais le vieux maître, je ne sais pourquoi, messieurs, ni moi ni personne, n'a plus voulu me voir depuis qu'il a été malade, et miss Nelly elle-même m'a dit que je ne devais plus approcher son grand-père, ni me montrer à lui désormais. Je craindrais donc de gâter tout ce que vous feriez. Je donnerais tout au monde pour vous suivre, mais vous ferez mieux de ne point me prendre avec vous, monsieur.

      – Là! encore une difficulté! s'écria l'impétueux gentleman: y eut-il jamais un homme aussi embarrassé que moi? N'y a-t-il donc personne qui les ait connus, personne en qui ils aient confiance? La vie retirée qu'ils ont menée m'empêchera-t-elle donc de trouver quelqu'un pour servir mon dessein?

      – N'y a-t-il personne, Christophe? demanda le notaire.

      – Personne, monsieur, répondit Kit. Ah! mais si, pardon, il y a ma mère.

      – Est-ce qu'ils la connaissent? dit le gentleman.

      – S'ils la connaissent, monsieur! Elle allait et venait sans cesse chez eux. Ils étaient aussi bons pour elle que pour moi. Et tenez, monsieur, elle espérait toujours qu'ils reviendraient chez elle.

      – Eh bien, alors, où diable est cette femme? dit avec impatience le gentleman en prenant son chapeau. Pourquoi n'est-elle pas ici? Pourquoi ne se trouve-t-elle jamais là où l'on a besoin d'elle?»

      En un mot, le gentleman allait s'élancer hors de l'étude, déterminé à s'emparer de force de la mère de Kit, à la jeter dans une chaise de poste et à l'enlever, quand M. Abel et le notaire réussirent par leurs efforts réunis à conjurer ce nouveau mode d'enlèvement: ils l'arrêtèrent par la puissance de leurs raisonnements et lui démontrèrent qu'il était plus convenable de sonder Kit pour savoir de lui si sa mère consentirait volontiers à entreprendre si précipitamment ce voyage.

      À ce sujet, Kit exprima quelques doutes, le gentleman s'abandonna à de violentes démonstrations, et le notaire ainsi que M. Abel prononcèrent à l'envi des discours pour l'apaiser. Le résultat de la conférence fut que Kit, après avoir pesé dans son esprit et examiné soigneusement la question, promit, au nom de sa mère, qu'à deux heures de là elle serait prête pour l'expédition projetée et s'engagea à l'amener chez le notaire tout équipée pour le voyage, avant même que le terme indiqué fut expiré.

      Ayant pris cet engagement assez téméraire, car il n'était pas sûr de pouvoir le tenir, Kit ne perdit pas de temps pour sortir et aviser aux mesures d'où dépendait l'accomplissement immédiat de sa parole.

      CHAPITRE IV

      Kit se fraya un chemin à travers la foule qui encombrait les rues, divisant ce courant de flots humains, s'engageant d'un pas rapide le long des trottoirs, passant au travers des allées et des ruelles, et ne s'arrêtant ni ne se détournant de sa route jusqu'à ce qu'il fût arrivé près de la boutique d'antiquités: là il fit une pause, moitié par habitude, moitié pour reprendre haleine.

      C'était par une sombre soirée d'automne, et jamais ce lieu ne lui avait paru plus triste que dans l'ombre lugubre du crépuscule. Les fenêtres brisées, les châssis détraqués craquant dans leurs cadres, cette maison déserte qui formait une sorte d'interruption sinistre dans la lumière et le mouvement de la rue qu'elle coupait en deux longues lignes séparées, au milieu desquelles elle s'élevait froide, ténébreuse et vide, tout cela présentait un tableau de désolation qui traversait péniblement les rêves brillants que le jeune homme avait conçus pour les derniers habitants de cette maison; il ne voyait partout que désenchantement et malheur. Ah! qu'il eût aimé à voir un bon feu ronfler dans les cheminées glacées, des flambeaux illuminer les croisées, des figures aller et venir derrière les vitres, à entendre le bruit d'une conversation animée, quelque chose enfin qui fût à l'unisson des espérances nouvelles qu'il avait senties s'agiter dans son coeur! Il ne s'était pas attendu à trouver à la maison un aspect différent, car il savait bien que c'était impossible; mais ce spectacle de deuil tombant au milieu de ses pensées ardentes et de ses souhaits impatients, en arrêtait brusquement le cours pour y jeter une

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