Aristophane; Traduction nouvelle, tome second. Аристофан
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Par toi muni d'ailes, je veux m'élever au-dessus des airs, et tirer des nuées des préludes vaporeux et neigeux.
Le moyen de tirer des préludes des nuées?
C'est d'elles que dépend notre art. Les dithyrambes sont aériens, ténébreux, sombrement azurés, emportés sur des ailes. Écoute, tu le sauras tout de suite.
Non, pas moi.
Si, toi, par Hèraklès! Je parcours pour toi tous les espaces aériens, sous la forme des oiseaux ailés qui fendent l'éther avec leur long col.
Hôop!
Puissé-je planer au-dessus des mers, emporté par le souffle des vents!
Par Zeus! je vais mettre un terme à ce souffle.
Et tantôt suivant les sentiers de Notos, tantôt approchant mon corps de Boréas, fendre le sillon sans rivages de l'éther!–Tu as inventé, vieillard, des procédés gracieux et habiles.
Quoi! Tu n'es pas content de fendre l'air?
C'est ainsi que tu traites un poète cyclique que s'arrachent constamment les tribus?
Veux-tu, en restant chez nous, organiser pour la tribu Kékropide un choeur d'oiseaux légers comme Léotrophidès?
Tu te moques de moi, c'est évident. Toutefois, je ne cesserai point, sache-le, que je n'aie des ailes pour voler à travers les airs.
Quels sont ces oiseaux indigents, au plumage bigarré? Dis-le-moi, hirondelle aux ailes étendues et tachetées.
Le fléau qui surgit n'est pas mince: voici quelqu'un qui vient ici en fredonnant.
Hirondelle aux ailes étendues et tachetées, je t'appelle une seconde fois.
C'est à son manteau qu'il m'a l'air de chanter un skolie; il semble avoir besoin du retour des hirondelles.
Où est celui qui donne des ailes aux arrivants?
Le voici; mais il faut dire pour quel usage.
Des ailes, il me faut des ailes: ne m'en demande pas davantage.
Est-ce que tu as l'idée de voler droit à Pellènè?
Non, de par Zeus! Je suis huissier près les îles, sykophante…
Heureux métier!
Et dénicheur de procès. J'ai donc besoin de prendre des ailes pour rôder autour des villes et faire des assignations.
Avec des ailes, assigneras-tu plus adroitement?
Non, de par Zeus! mais c'est afin que les voleurs ne me molestent pas: avec les grues je reviendrai de là-bas, lesté d'un grand nombre de procès.
Quoi! c'est donc là ton métier? Dis-moi, jeune comme tu es, tu dénonces les étrangers?
Que ferais-je? Je n'ai pas appris à bêcher.
Mais il y a, de par Zeus! d'autres occupations honnêtes, où un homme de ton âge pourrait gagner sa vie bien plus loyalement qu'à tramer des procès.
Mon bon, ne me donne pas des conseils, mais des ailes.
En te parlant ainsi, je te donne des ailes.
Et comment, avec des paroles, donnes-tu des ailes à un homme?
Les paroles donnent des ailes à tout le monde.
A tout le monde?
N'entends-tu pas, chaque jour, des pères, chez les barbiers, tenir à des jeunes gens ce langage: «C'est au plus haut point que les discours de Diitréphès ont donné à mon fils des ailes pour l'équitation»? Un autre dit que son fils s'est envolé vers la tragédie sur les ailes de l'esprit.
Ainsi les discours donnent des ailes?
C'est ce que je dis. Les discours font prendre l'essor à la pensée; ils enlèvent l'homme: c'est ainsi que moi je veux te donner des ailes par de sages discours et te tourner vers un métier honorable.
Mais je ne veux pas!
Que feras-tu donc?
Je ne ferai pas rougir ma race: la vie de sykophante m'est échue de père en fils. Donne-moi donc des ailes rapides et légères, d'épervier ou de crécerelle, afin que, après avoir assigné les étrangers, je revienne ici soutenir l'accusation et revole vite là-bas.
J'entends. Tu dis: afin que l'étranger soit condamné ici avant d'être arrivé?
Tu entends parfaitement.
Et ensuite, pendant qu'il cingle vers nos côtes, toi, tu revoles là-bas pour faire main-basse sur son bien?
Tu as tout compris. C'est absolument comme une toupie.
J'entends! Comme une toupie. Eh bien, j'ai là, de par Zeus! ces très bonnes ailes de Kerkyra.
Malheur à moi! Tu tiens un fouet.
Non, ce sont des ailes, pour te faire aller aujourd'hui comme une toupie.
Malheureux que je suis!
Est-ce que tu ne vas pas t'envoler d'ici? Déguerpis, misérable, digne de mille morts: tu sentiras bientôt l'amertume de ta fourberie qui donne des entorses à la justice. Pour nous, ramassons nos ailes et partons.
Beaucoup d'objets nouveaux et merveilleux se sont produits devant notre vol, et nous avons vu des choses étonnantes. Il y a un arbre extraordinaire privé de coeur: il se nomme Kléonymos; il ne sert à rien: lâche, du reste, et de haute taille. Au printemps, il bourgeonne à point et fleurit en calomnies; l'hiver, pour feuilles, il sème des boucliers.
Il y a au loin, dans la région ténébreuse,