Les Chants de Maldoror. Comte de Lautréamont

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Les Chants de Maldoror - Comte de Lautréamont

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trop tôt … Ah! vois-tu, jeune fille, je t'engage à ne plus reparaître devant mes yeux, si jamais je repasse dans la rue étroite. Il pourrait t'en coûter cher! Déjà le sang et la haine me montent vers la tête, à flots bouillants. Moi, être assez généreux pour aimer mes semblables! Non, non! Je l'ai résolu depuis le jour de ma naissance! Ils ne m'aiment pas, eux! On verra les mondes se détruire, et le granit glisser, comme un cormoran, sur la surface des flots, avant que je touche la main infâme d'un être humain. Arrière … arrière, cette main!… Jeune fille, tu n'es pas un ange, et tu deviendras, en somme, comme les autres femmes. Non, non, je t'en supplie; ne reparais plus devant mes sourcils froncés et louches. Dans un moment d'égarement, je pourrais te prendre les bras, les tordre comme un linge lavé dont on exprime l'eau, ou les casser avec fracas, comme deux branches sèches, et te les faire ensuite manger, en employant la force. Je pourrais, en prenant ta tête entre mes mains, d'un air caressant et doux, enfoncer mes doigts avides dans les lobes de ton cerveau innocent, pour en extraire, le sourire aux lèvres, une graisse efficace qui lave mes yeux, endoloris par l'insomnie éternelle de la vie. Je pourrais, cousant tes paupières avec une aiguille, te priver du spectacle de l'univers, et te mettre dans l'impossibilité de trouver ton chemin; ce n'est pas moi qui te servirai de guide. Je pourrais, soulevant ton corps vierge avec un bras de fer, te saisir par les jambes, te faire rouler autour de moi, comme une fronde, concentrer mes forces en décrivant la dernière circonférence, et te lancer contre la muraille. Chaque goutte de sang rejaillira sur une poitrine humaine, pour effrayer les hommes, et mettre devant eux l'exemple de ma méchanceté! Ils s'arracheront sans trêve des lambeaux et des lambeaux de chair; mais, la goutte de sang reste ineffaçable, à la même place, et brillera comme un diamant. Sois tranquille, je donnerai à une demi-douzaine de domestiques l'ordre de garder les restes vénérés de ton corps, et de les préserver de la faim des chiens voraces. Sans doute, le corps est resté plaqué sur la muraille, comme une poire mûre, et n'est pas tombé à terre; mais, les chiens savent accomplir des bonds élevés, si l'on n'y prend garde.

      Cet enfant, qui est assis sur un banc du jardin des Tuileries, comme il est gentil! Ses yeux hardis dardent quelque objet invisible, au loin, dans l'espace. Il ne doit pas avoir plus de huit ans, et, cependant, il ne s'amuse pas, comme il serait convenable. Tout au moins il devrait rire et se promener avec quelque camarade, au lieu de rester seul; mais, ce n'est pas son caractère.

      Cet enfant, qui est assis sur un banc du jardin des Tuileries, comme il est gentil! Un homme, mû par un dessein caché, vient s'asseoir à côté de lui, sur le même banc, avec des allures équivoques. Qui est-ce? Je n'ai pas besoin de vous le dire; car, vous le reconnaîtrez à sa conversation tortueuse. Écoutons-les, ne les dérangeons pas:

      –A quoi pensais-tu, enfant?

      –Je pensais au ciel.

      –Il n'est pas nécessaire que tu penses au ciel; c'est déjà assez de penser à la terre. Es-tu fatigué de vivre, toi qui viens à peine de naître?

      –Non, mais chacun préfère le ciel à la terre.

      –Eh bien, pas moi. Car, puisque le ciel a été fait par Dieu, ainsi que la terre, sois sûr que tu y rencontreras les mêmes maux qu'ici-bas. Après ta mort, tu ne seras pas récompensé d'après tes mérites; car, si l'on te commet des injustices sur cette terre (comme tu l'éprouveras, par expérience, plus tard), il n'y a pas de raison pour que, dans l'autre vie, on ne t'en commette non plus. Ce que tu as de mieux à faire, c'est de ne pas penser à Dieu, et de te faire justice toi-même, puisqu'on te la refuse. Si un de tes camarades t'offensait, est-ce que tu ne serais pas heureux de le tuer?

      –Mais, c'est défendu.

      –Ce n'est pas si défendu que tu crois. Il s'agit seulement de ne pas se laisser attraper. La justice qu'apportent les lois ne vaut rien; c'est la jurisprudence de l'offensé qui compte. Si tu détestais un de tes camarades, est-ce que tu ne serais pas malheureux de songer qu'à chaque instant tu aies sa pensée devant tes yeux?

      –C'est vrai.

      –Voilà donc un de tes camarades qui te rendrait malheureux toute ta vie: car, voyant que ta haine n'est que passive, il ne continuera pas moins de se narguer de toi, et de te causer du mal impunément. Il n'y a donc qu'un moyen de faire cesser la situation; c'est de se débarrasser de son ennemi. Voilà où je voulais en venir, pour te faire comprendre sur quelles bases est fondée la société actuelle. Chacun doit se faire justice lui-même, sinon il n'est qu'un imbécile. Celui qui remporte la victoire sur ses semblables, celui-là est le plus rusé et le plus fort. Est-ce que tu ne voudrais pas un jour dominer tes semblables?

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      1

      La couverture et le titre sont ainsi composés: Les Chants—de —Maldoror—par—le comte de Lautréamont—(Chants I, II, III, IV, V, VI) —Paris et Bruxelles—En vente chez tous les libraires—1874. Au dessous de la couverture, dans le double filet, cette mention: Tous droits de traduction et de reproduction réservés. Au verso du faux-titre: Bruxelles—Typ. de E. Wittmann. Cette dernière indication est fausse, aucun imprimeur du nom de Wittmann n'ayant existé à Bruxelles. Couverture brun-marron.

      En 1869, l'auteur témoigna le désir de posséder quelques exemplaires de son livre; on lui en brocha une dizaine. La couverture de ces exemplaires est jaune. Elle porte: Paris. En vente chez tous les libraires (1869). Au verso du faux-titre et en quatrième page de la couverture: Bruxelles. Imprimerie de A. Lacroix, Verboeckhoven et Cie, boulevard de Waterloo, 42.

      2

      V. la Plume, 2eannée, no 33.

      3

      La photogravure a rétabli le chiffre à sa place. Celui-ci se trouve en quatrième page de la lettre, barré par un trait de plume.

/9j/4AAQSkZJRgABAQEASABIAAD/2wBDAAMCAgMCAgMDAwMEAwMEBQgFBQQEBQoHBwYIDAoMDAsKCwsNDhIQDQ4RDgsLEBYQERMUFRUVDA8XGBYUGBIUFRT/2wBDAQMEBAUEBQkFBQkUDQsNFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBQUFBT/wgARCAeoBXgDAREAAhEBAxEB/8QAHAABAQEAAgMBAAAAAAAAAAAAAQACBgcDBQgE/8QAGgEBAQADAQEAAAAAAAAAAAAAAAECBAUDBv/aAAwDAQACEAMQAAAB/P8AN9TUoFjLWQEaWICiIisoVLFYIklhM2bxqFFOKKmM5N4gqoQoiGsmjMJUwUxkRIBCmIiA0YrQEUVJqIyJkTQGa1CAGgEiAgI0BAIgQgIEBogCmCqKoTUBmmIhABEiECIgCmISMmgEKoiCmAhAQEKYiKtQAQgIHjyUVUmrSCojWKDIIy6jGSNRmxxucppRFciUVRvEAWRhjJozkjeLJUxUQgJUGoqoCIgESMVqEzVBkYRjJCRGzIEaMkIEIEaASMmjIiQmRECA0BmtRAJkQpgISI0ZIK1AQmRIjQAIEICICZESAjRkyIgQEIEJCRowQiBAePIhI2uIoqNYoKqcSYyaxZs1KkYyI4oxlN42ojZkMlDERjKeTGwFTBTEaMiRmmEyVagICNkYEzk1iSAjRHjpjREAkQGSrcAkREJAJkSEzTGgECEDJoCEiASMiICAgJGaYSASISIyJk0QmRECATQGRIDQARoyFaiIiEgIzW4jxZCTS4s3jSihI0sUVUFOIrRDCZI

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