Le Sens Du Courage. Davide Piccolo

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Le Sens Du Courage - Davide Piccolo

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silence courtois qui régnait pendant le discours de Monsieur Russo fut soudain rompu par l’acclamation: « Bravo Grassi ! » de Alberto et Davide, ses très bons amis, et par les cris de joie de tous les autres employés qui, exaltés par la nouvelle, se levèrent d’un bond avec transport.

      Monsieur Russo, qui était descendu de la tribune entre temps, fut emporté par un flot d’employés et entraîné par eux dans une farandole effrénée au rythme de la musique, qui servit à libérer toute la tension accumulée pendant de longs mois de labeur.

      Néanmoins, il décida bientôt de retourner dans son bureau, afin d’y goûter une matinée de tranquillité.

      En revanche, Marco, le principal fauteur de ce succès, était arrosé sans arrêt par des fleuves de champagne, qui, bien vite, finirent par tremper entièrement l’élégant costume qu’il portait ce jour-là, comme s’il avait plongé tout habillé dans une piscine.

      Il semblait que rien ne pourrait troubler l’ambiance de fête qui régnait dans la salle ; mais Marco était conscient du contraire.

      Le moment était venu de donner à Monsieur Russo une nouvelle qui allait bouleverser l’histoire de sa société.

      Après avoir reçu un dernier jet de champagne sur le visage, Marco prit momentanément congé de ses collègues et, rassemblant toute sa force de caractère, il se dirigea vers le bureau de son employeur.

      Chapitre I

      Carpe diem

      Arrivé devant la porte du bureau de Russo, Marco frappa et le patron répondit gentiment : «Entrez!»

      Marco entra dans la pièce à petits pas, troublé de devoir décevoir les attentes de Monsieur Russo.

      « Marco, quel plaisir ! Assieds-toi. »

      Le manager prit place dans un fauteuil en cuir; il soupira.

      Pendant quelques secondes d’attente silencieuse, ils se regardèrent; une atmosphère de tension bien visible plana.

      Puis, Marco décida finalement de rompre le silence. Il annonça : « J’ai reçu une offre de la JW Corporation de New York.

      - Comment ?

      - Oui, vous avez bien compris. »

      Monsieur Russo ouvrit la bouche comme pour parler mais il la referma, en attendant que son directeur général de confiance lui fournît d’autres détails concernant la proposition de l’illustre société américaine.

      « Il y a quelques mois, expliqua Marco, j’ai été contacté par Monsieur Walker lui-même. Après les présentations rituelles, il m’a dit être au courant de l’excellent travail effectué pour Russo S.p.A. et avoir l’intention de me confier le poste de directeur général.

      -Et tu as refusé, n’est-ce pas ? demanda Monsieur Russo d’un ton suppliant.

      - Non, j’ai accepté. »

      Silence.

      « Mais alors… Pourquoi es-tu encore ici ? », demanda-t-il soupçonneux, dans l’espoir qu’il pût s’agir d’une plaisanterie imaginée par Marco.

      -Parce que j’ai accepté à condition que mon départ fût repoussé à la fin de l’année en cours. Vous me connaissez, je déteste faire les choses à moitié. Je me suis senti dans l’obligation de rendre la confiance reçue pendant ces deux ans, en clôturant de la meilleure des manières le parcours entrepris ensemble.

      - À combien s’élève l’offre de Monsieur Walker ?

      - Pour m’avoir à sa disposition coûte que coûte, il m’a offert un contrat pharaonique quinquennal de 500000 € annuels et il a mis à ma disposition une villa luxueuse de 500 mètres carrés, une Bentley Continental Gt, une domestique et un jardinier qui aura également la fonction de chauffeur.

      -Marco, je comprends combien cette offre est alléchante, mais… s’il te plaît, reste…

      - Monsieur Russo, je suis moi aussi vraiment désolé de quitter l’entreprise, croyez-moi, mais ce genre d’occasions n’arrive qu’une fois dans la vie…

      - Je suis disposé à tripler ton salaire. 150 000 € par an. Certes, les ressources dont je dispose sont loin d’être comparables à celles de Jason Walker, mais je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour te retenir.

      - Ce n’est pas seulement une question économique, répliqua Marco avec fermeté, bien que touché par le suprême effort de Monsieur Russo pour éviter de perdre son meilleur collaborateur. Ma plus grande ambition est de devenir manager au niveau international et je suis convaincu qu’une expérience à l’étranger, en particulier dans une société aussi célèbre que la JW Corporation, est adaptée à ce but.»

      La discussion était close. C’était évident.

      Alors, désormais résigné à faire ses adieux à Marco, Monsieur Russo admit sur un ton plus approbateur : « Vois-tu, d’un côté je te comprends, car, il y a vingt ans, j’étais directeur et plénipotentiaire d’une petite entreprise dans la banlieue de Naples et, juste au moment où elle se trouvait à l’apogée de son essor, je reçus une offre tentante d’Italie du Nord, de Brescia pour être précis, là où nous nous trouvons en ce moment. Même si j’avais été moi aussi toujours très heureux de travailler pour cette société, je pris la décision de suivre mon instinct et de partir, dans le but de marquer un tournant dans ma modeste carrière. Certes, quitter mes proches, ma terre et l’entreprise qui avait atteint des objectifs ambitieux sous ma direction, s’est avéré très difficile. Mais le désir que j’avais d’obtenir un rôle plus important me donna le courage nécessaire pour entreprendre une nouvelle aventure professionnelle, qui s’annonçait certainement plus satisfaisante et rémunératrice. C’est ainsi que, convaincu d’avoir fait le bon choix, je déménageai. Avec le recul, je peux affirmer avec certitude que je n’ai pas commis d’erreur en acceptant ce nouveau défi qui, comme tu vois, m’a permis d’atteindre des objectifs qui auraient été hors de portée si j’avais décidé de rester dans ma ville. Pour cette raison, je comprends parfaitement ton choix d’accepter l’offre de la JW Corporation. Évidemment, tu ne peux avoir la certitude que ton expérience sera conforme à tes attentes, mais j’espère de tout cœur que tu pourras réaliser ton rêve de devenir un manager à l’échelle internationale. »

      À ces mots, Marco poussa un soupir de soulagement et sa bouche se détendit enfin dans un sourire.

      Finalement, Monsieur Russo avait prononcé la phrase que Marco attendait, faisant fuir tout doute résiduel concernant la rectitude de son choix.

      D’ailleurs, si celui qui avait toujours été pour lui un modèle à imiter pour son expérience professionnelle et sa force de volonté ne l’avait pas fait, qui d’autre, mieux que lui, aurait pu lui transmettre la certitude du meilleur chemin à entreprendre pour atteindre une carrière enviable ?

      « Je suis content que vous compreniez les raisons de ma décision, conclut Marco.

      - Bien sûr que je comprends. Mais il était de mon devoir d’essayer de prendre parti pour mon entreprise jusqu’au bout. Je me demande comment nous ferons sans toi…

      - Ne vous inquiétez pas.

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