Le Sens Du Courage. Davide Piccolo
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« Quand as-tu l’intention de partir ? demanda-t-elle sur un ton plus tolérant.
- Le plus tôt possible. Je partagerai cette expérience seulement avec mes collègues et mon directeur; je ne vois donc aucune raison de retarder mon départ ».
Sur ce, il mit fin à la conversation et se retira dans la chambre où il dormait lorsqu’il était adolescent, encore tapissée de posters de joueurs de foot de la Juventus, son équipe préférée.
Pendant quelques minutes, assis au bureau devant l’ordinateur, il s’occupa de trouver le billet d’avion qui allait bientôt le conduire à la JW Corporation, à des milliers de kilomètres de distance.
Enfin, il trouva un vol dont le départ était fixé au jour suivant à 11h30, depuis l’aéroport de Linate; il réserva une place coûteuse en première classe, en prévision de l’augmentation des ressources économiques qu’il aurait bientôt à sa disposition.
Puis il enregistra le numéro de téléphone d’un taxi milanais sur son smartphone et passa l’appel.
« Allo ?
-Bonsoir, je souhaite réserver un transport de Castrezzato à Linate.
- Je vous préviens que le service sera assez coûteux, le trajet est plutôt long… »
Marco laissa échapper un sourire de satisfaction. Évidemment, le chauffeur ne pouvait imaginer l’argent qu’il allait gagner à la JW Corporation.
« Il n’y a aucun problème. »
Après avoir établi un rendez-vous à 20h30, il redescendit au rez-de-chaussée, où sa mère préparait déjà le dernier repas qu’elle aurait partagé avec lui avant son départ pour les États-Unis.
Marco l’observa pendant un long moment, afin de graver dans sa mémoire chacun de ses gestes; il était bien conscient qu’il ne l’aurait pas revue avant longtemps et il partageait sa douleur pour la séparation imminente.
Le dîner se passa quasiment sans que l’un ou l’autre ne dise mot, tant ils étaient pris par la pensée du grand changement qui allait bientôt s’opérer dans leurs vies.
Soudain, un coup de klaxon les tira de leurs pensées.
Lucia regarda son fils d’un air interrogateur, désorientée par ce son inattendu.
« Qu’est-ce que c’était ?
- Le taxi est arrivé. Je passerai la nuit à l’aéroport.»
A ces mots, Lucia se jeta dans les bras de son fils, profondément émue. «Promets-moi de m’appeler tous les jours, car autrement, tu sais, je m’inquiète. Surtout te sachant loin…
- Tu peux y compter», la rassura-t-il, et il lui rendit son geste.
Après de longues secondes, Marco se dégagea de son étreinte et, après avoir récupéré les valises dans le salon, il prit congé de sa mère.
Avec une affectueuse mélancolie, il tapota le capot de sa Maserati, destinée à rester longtemps inutilisée, et il s’installa sur le siège arrière du taxi, qui partit à vitesse réduite sur la route devenue glissante à cause de la neige qui tombait toujours sur l’asphalte.
Sa mère resta quelques instants encore sur le pas de la porte pour observer la voiture qui s’éloignait, jusqu’à ce que le véhicule ait disparu dans un virage. Elle se résigna alors à l’idée de ne plus pouvoir suivre son fils du regard.
Pendant ce temps, le chauffeur traversait des lieux qui avaient servi de décor à la vie que Marco s’apprêtait à quitter et ce dernier se demandait bien quand est-ce qu’il les aurait revus.
Faisant appel à toute la force de sa volonté, il chassa ces pensées de son esprit, en entamant une conversation avec ce chauffeur introverti, professionnel autant que silencieux.
Lorsque finalement la voix robotique du GPS annonça l’arrivée à destination, mettant fin à ce voyage monotone, Marco paya la somme convenue et descendit avec calme du taxi, désireux de pouvoir se reposer en attendant le long vol du jour suivant.
Puis il rentra dans l’aéroport en trainant ses bagages. Épuisé par cette journée palpitante dont il avait été l’acteur principal, il prit place sur un banc, songeant de nouveau à tout ce qu’il allait quitter et qu’il avait toujours beaucoup aimé.
«Au moins, je ne devrai plus revoir mon cher ami Morgan», pensa-t-il, cherchant à se réconforter. Il fit alors une grimace qui renfermait toute son antipathie pour cette personne-là.
Au même moment, apparut dans sa tête l’image de celui qu’il haïssait le plus.
Haut environ un mètre quatre-vingts, il avait un visage pointu au teint clair, les cheveux couleur de paille et les yeux marrons avec des verres rectangulaires, qui ne parvenaient pas cependant à lui conférer un air d’intellectuel, totalement inconciliable avec son expression hébétée.
Sa large bouche émettait souvent des manifestations d’hilarité au son hystérique, une caractéristique de ceux qui essayent de masquer l’absence de l’hilarité générale qu’aurait dû provoquer leurs blagues par l’évidence auditive de la leur.
Et comme si ce mélange de caractéristiques odieuses ne suffisait pas, une attitude peu courtoise envers Marco venait couronner le tout.
En effet, il se souvenait encore avec une irritation extrême le soir où, avec son incomparable démarche déhanchée, il s’était approché de Francesca pour s’exhiber en une tentative ridicule de lui faire la cour, ignorant sa présence.
«Serait-ce un crime par hasard ? avait-il demandé avec suffisance, face aux revendications de Marco sur le cœur de la jeune fille et à ses exhortations intempestives de s’en aller.
» Moi, je n’en ai pas connaissance, et je voudrais te rappeler que nous sommes dans un pays libre, ou je me trompe ? De toute façon, je m’en vais ; garde-la pour toi », avait-il ajouté, en s’éloignant avec la même démarche.
Depuis cet instant, profondément irrité par son attitude, il s’était pris à le haïr, tout en espérant que les occasions de le rencontrer se seraient faites de plus en plus rares.
Mais cette espérance fut souvent déçue par la réalité.
En effet, Marco était régulièrement contraint de se mettre en contact avec lui pour son travail.
Il arrive parfois qu’en approfondissant la connaissance de certaines personnes un jugement instinctif soit démenti. Mais, en l’occurrence, l’adage «la première impression est celle qui compte» fut prophétique et leurs rapports se poursuivirent à l’enseigne d’une antipathie réciproque.
Légèrement rassuré par ces pensées, Marco fut vaincu par la fatigue et il tomba dans un profond sommeil.
Quelques heures plus tard, le bruit joyeux d’un groupe de personnes interrompit son court repos.
La vue encore embuée par le sommeil, Marco se frotta les yeux pour mieux distinguer les silhouettes qui l’entouraient: