L'oiseau bleu: Féerie en six actes et douze tableaux / Синяя птица. Книга для чтения на французском языке. Морис Метерлинк

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу L'oiseau bleu: Féerie en six actes et douze tableaux / Синяя птица. Книга для чтения на французском языке - Морис Метерлинк страница 4

L'oiseau bleu: Féerie en six actes et douze tableaux / Синяя птица. Книга для чтения на французском языке - Морис Метерлинк Classical literature (Каро)

Скачать книгу

style="font-size:15px;">      LA FÉE [de plus en plus irritée]. Mais il n’est pas crevé!… Insolent! misérable!… Il est plus beau que ’autre; il est plus grand, plus clair, il est bleu comme e ciel… Et mes cheveux, vois-tu?… Ils sont blonds comme les blés… on dirait de l’or vierge!…20 Et j’en ai tant et tant que la tête me pèse… Ils s’échappent de partout… Les vois-tu sur mes mains?… [Elle étale deux maigres mèches de cheveux gris.]

      TYLTYL. Oui, j’en vois quelques-uns…

      LA FÉE [indignée]. Quelques-uns!… Des gerbes! des brassées! des touffes! des flots d’or!… Je sais bien que des gens disent qu’ils n’en voient point; mais tu n’es pas de ces méchantes gens aveugles, je suppose?…

      TYLTYL. Non, non, je vois très bien ceux qui ne se cachent point…

      LA FÉE. Mais il faut voir les autres avec la même audace!… C’est bien curieux, les hommes… Depuis la mort des fées, ils n’y voient plus du tout et ne s’en doutent point… Heureusement que j’ai toujours sur moi tout ce qu’il faut pour rallumer les yeux éteints… Qu’est-ce que je tire de mon sac?…

      TYLTYL. Oh! le joli petit chapeau vert!… Qu’estce qui brille ainsi sur la cocarde?…

      LA FÉE. C’est le gros Diamant qui fait voir…

      TYLTYL. Ah!…

      LA FÉE. Oui; quand on a le chapeau sur la tête, on tourne un peu le Diamant: de droite à gauche, par exemple, tiens, comme ceci, vois-tu?… Il appuie alors sur une bosse de la tête que personne ne connaît, et qui ouvre les yeux…

      TYLTYL. Ça ne fait pas de mal?…

      LA FÉE. Au contraire, il est fée… On voit à l’instant même ce qu’il y a dans les choses; l’âme du pain, du vin, du poivre, par exemple…

      MYTYL. Est-ce qu’on voit aussi l’âme du sucre?… LA FÉE [subitement fâchée]. Cela va sans dire!… Je n’aime pas les questions inutiles… L’âme du sucre n’est pas plus intéressante que celle du poivre… Voilà, e vous donne ce que j’ai pour vous aider dans la recherche de l’Oiseau Bleu… Je sais bien que l’Anneauqui-rend-invisible ou le Tapis-Volant vous seraient plus utiles… Mais j’ai perdu la clef de l’armoire où je les ai serrés… Ah! j’allais oublier… [Montrant le Diamant.] Quand on le tient ainsi, tu vois… un petit tour de plus, on revoit le Passé… Encore un petit tour, et l’on voit l’Avenir… C’est curieux et pratique et ça ne fait pas de bruit…

      TYLTYL. Papa me le prendra…

      LA FÉE. Il ne le verra pas; personne ne peut le voir tant qu’il est sur ta tête…21 Veux-tu l’essayer?… [Elle coiffe Tyltyl du petit chapeau vert.] À présent, tourne le Diamant… Un tour et puis après…

      [À peine Tyltyl a-t-il tourné le Diamant, qu’un changement soudain et prodigieux s’opère en toutes choses. La vieille fée est tout à coup une belle princesse merveilleuse; les cailloux dont sont bâtis les murs de la cabane s’illuminent, bleuissent comme des saphirs, deviennent transparents, scintillent, éblouissent à l’égal des pierres les plus précieuses. Le pauvre mobilier s’anime et resplendit; la table de bois blanc s’affirme aussi grave, aussi noble qu’une table de marbre, le cadran de l’horloge cligne de l’œil et sourit avec aménité, tandis que la porte derrière quoi va et vient le balancier s’entr’ouvre et laisse s’échapper les Heures, qui, se tenant les mains et riant aux éclats, se mettent à danser aux sons d’une musique délicieuse. Effarement légitime de Tyltyl qui s’écrie en montrant les Heures.]

      TYLTYL. Qu’est-ce que c’est que toutes ces belles dames?…

      LA FÉE. N’aie pas peur; ce sont les heures de ta vie qui sont heureuses d’être libres et visibles un instant…

      TYLTYL. Et pourquoi que les murs sont si clairs?… Est-ce qu’ils sont en sucre ou en pierres précieuses?…

      LA FÉE. Toutes les pierres sont pareilles, toutes es pierres sont précieuses: mais l’homme n’en voit que quelques-unes…

      [Pendant qu’ils parlent ainsi, la féerie continue et se complète. Les âmes des Pains-de-quatre-livres22, sous la forme de bonshommes en maillots couleur croûte-de-pain, ahuris et poudrés de farine, se dépêtrent de la huche et gambadent autour de la table où ils sont rejoints par le Feu, qui, sorti de l’âtre en maillot soufre et vermillon, les pour-suit en se tordant de rire.]

      TYLTYL. Qu’est-ce que c’est que ces vilains bonshommes?…

      LA FÉE. Rien de grave; ce sont les âmes des Pains-de-quatre-livres qui profitent du règne de la vérité pour sortir de la huche où elles se trouvaient à l’étroit…23

      TYLTYL. Et le grand diable rouge qui sent mauvais?…

      LA FÉE. Chut!… Ne parle pas trop haut, c’est le Feu… Il a mauvais caractère.

      [Ce dialogue n’a pas interrompu la féerie. Le Chien et la Chatte, couchés en rond au pied de l’armoire, poussant simultanément un grand cri, disparaissent dans une trappe, et à leur place surgissent deux personnages, dont l’un porte un masque de bouledogue, et l’autre une tête de chatte. Aussitôt, le petit homme au masque de bouledogue – que nous appellerons dorénavant le Chien – se précipite sur Tyltyl qu’il embrasse violemment et accable de bruyantes et impétueuses caresses, cependant que la petite femme au masque de chatte – que nous appellerons plus simplement la Chatte – se donne un coup de peigne, se lave les mains et se lisse la moustache, avant de s’approcher de Mytyl.]

      LE CHIEN [hurlant, sautant, bousculant tout, insupportable]. Mon petit dieu!… Bonjour! bonjour, mon petit dieu!… Enfin, enfin, on peut parler! J’avais tant de choses à te dire!… J’avais beau aboyer24 et remuer a queue!… Tu ne comprenais pas!… Mais maintenant!… Bonjour! bonjour!… Je t’aime!… Je t’aime!… Veux-tu que je fasse quelque chose d’étonnant?… Veux-tu que je fasse le beau?…25 Veux-tu que je marche sur les mains ou que je danse à la corde?…

      TYLTYL [à la Fée]. Qu’est-ce que c’est que ce monsieur à tête de chien?…

      LA FÉE. Mais tu ne vois donc pas?… C’est l’âme de Tylô que tu as délivrée…

      LA CHATTE [s’approchant de Mytyl et lui tendant la main, cérémonieusement, avec circonspection]. Bonjour, Mademoiselle… Que vous êtes jolie ce matin!…

      MYTYL. Bonjour, Madame… [À la Fée.] Qui estce?…

      LA FÉE. C’est facile à voir; c’est l’âme de Tylette qui te tend la main… Embrasse-la…

      LE CHIEN [bousculant la Chatte]. Moi aussi!… J’embrasse le petit dieu!… J’embrasse la petite fille!… J’embrasse tout le monde!… Chic!… On va s’amuser!… Je vais faire peur à Tylette!… Hou! hou! hou!…

      LA CHATTE. Monsieur, je ne vous connais pas…

      LA FÉE [menaçant le Chien de sa baguette].

Скачать книгу


<p>20</p>

on dirait de l’or vierge ! – можно подумать, они из чистого золота!

<p>21</p>

tant qu’il est sur ta tête – пока он у тебя на голове

<p>22</p>

Pains-de-quatre-livres – четырехфунтовый хлеб фунт – мера веса, равная приблизительно 450 г)

<p>23</p>

où elles se trouvaient à l’étroit – где они были заперты

<p>24</p>

J’avais beau aboyer – Я напрасно лаял

<p>25</p>

Veux-tu que je fasse le beau? – Хочешь, я встану на задние лапы?