L'oiseau bleu: Féerie en six actes et douze tableaux / Синяя птица. Книга для чтения на французском языке. Морис Метерлинк

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L'oiseau bleu: Féerie en six actes et douze tableaux / Синяя птица. Книга для чтения на французском языке - Морис Метерлинк Classical literature (Каро)

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en fontaine lumineuse, inonde l’évier de nappes de perles et d’émeraudes, à travers lesquelles s’élance l’âme de l’Eau, pareille à une jeune fille ruisselante, échevelée, pleurarde, qui va incontinent se battre avec le Feu.]

      TYLTYL. Et la dame mouillée?…

      LA FÉE. N’aie pas peur, c’est l’Eau qui sort du robinet…

      [Le Pot-au-lait se renverse, tombe de la table, se brise sur le sol; et du lait répandu s’élève une grande forme blanche et pudibonde qui semble avoir peur de tout.]

      TYLTYL. Et la dame en chemise qui a peur?…

      LA FÉE. C’est le Lait qui a cassé son pot…

      [Le Pain-de-sucre26 posé au pied de l’armoire grandit, s’élargit et crève son enveloppe de papier d’où émerge un être doucereux et papelard, vêtu d’une souquenille mi-partie de blanc et de bleu, qui, souriant béatement, s’avance vers Mytyl.]

      MYTYL [avec inquiétude]. Que veut-il?…

      LA FÉE. Mais c’est l’âme du Sucre!…

      MYTYL [rassurée]. Est-ce qu’il a des sucres d’orge?…

      LA FÉE. Mais il n’a que ça dans ses poches, et chacun de ses doigts en est un…

      [La Lampe tombe de la table, et aussitôt tombée, sa flamme se redresse et se transforme en une lumineuse vierge d’une incomparable beauté. Elle est vêtue de longs voiles transparents et éblouissants, et se tient immobile en une sorte d’extase.]

      TYLTYL. C’est la Reine!

      MYTYL. C’est la Sainte Vierge!…

      LA FÉE. Non, mes enfants, c’est la Lumière…

      [Cependant, les casseroles, sur les rayons, tournent comme des toupies hollandaises, l’armoire à linge claque ses battants et commence un magnifique déroulement d’étoffes couleur de lune et de soleil, auquel se mêlent, non moins splendides, des chiffons et des guenilles qui descendent l’échelle du grenier. Mais voici que trois coups assez rudes sont frappés à la porte de droite.]

      TYLTYL [effrayé]. C’est papa!… Il nous a entendus!…

      LA FÉE. Tourne le Diamant!… De gauche à droite!… [Tyltyl tourne vivement le diamant.] Pas si vite!… Mon Dieu! Il est trop tard!… Tu l’as tourné trop brusquement. Ils n’auront pas le temps de reprendre leur place, et nous aurons bien des ennuis… [La Fée redevient vieille femme, les murs de la cabane éteignent leurs splendeurs, les Heures rentrent dans l’horloge, le Rouet s’arrête, etc. Mais dans la hâte et le désarroi général, tandis que le Feu court follement autour de la pièce, à la recherche de la cheminée, un des Pains-de-quatre-livres, qui n’a pu retrouver place dans la huche, éclate en sanglots tout en poussant des rugissements d’épouvante.] Qu’y a-t-il?…

      LE PAIN [tout en larmes]. Il n’y a plus de place dans la huche!…

      LA FÉE [se penchant sur la huche]. Mais si, mais si… [Poussant les autres pains qui ont repris leur place primitive.] Voyons, vite, rangez-vous…

[On heurte encore la porte.]

      LE PAIN [éperdu, s’efforçant vainement d’entrer dans a huche]. Il n’y a pas moyen!… Il me mangera le premier!…

      LE CHIEN [gambadant autour de Tyltyl]. Mon petit dieu!… Je suis encore ici!… Je puis encore parler! Je puis encore t’embrasser!… Encore! encore! encore!…

      LA FÉE. Comment, toi aussi?… Tu es encore à?…

      LE CHIEN. J’ai de la veine… Je n’ai pas pu rentrer dans le silence; la trappe s’est refermée trop vite.

      LA CHATTE. La mienne aussi… Que va-t-il arriver?… Est-ce que c’est dangereux?

      LA FÉE. Mon Dieu, je dois vous dire la vérité: tous ceux qui accompagneront les deux enfants, mourront à la fin du voyage…

      LA CHATTE. Et ceux qui ne les accompagneront pas?…

      LA FÉE. Ils survivront quelques minutes…

      LA CHATTE [au Chien]. Viens, rentrons dans la trappe…

      LE CHIEN. Non, non!… Je ne veux pas!… Je veux accompagner le petit dieu!… Je veux lui parler tout le temps!…

      LA CHATTE. Imbécile!…

[On heurte encore à la porte.]

      LE PAIN [pleurant à chaudes larmes]. Je ne veux pas mourir à la fin du voyage!… Je veux rentrer tout de suite dans ma huche!…

      LE FEU [qui n’a cessé de parcourir vertigineusement la pièce en poussant des sifflements d’angoisse]. Je ne trouve plus ma cheminée!…

      L’EAU [qui tente vainement de rentrer dans le robinet]. Je ne peux plus rentrer dans le robinet!…

      LE SUCRE [qui s’agite autour de son enveloppe de papier]. J’ai crevé mon papier d’emballage!…

      LE LAIT [lymphatique et pudibond]. On a cassé mon petit pot!…

      LA FÉE. Sont-ils bêtes, mon Dieu!… Sont-ils bêtes et poltrons!… Vous aimeriez donc mieux continuer de vivre dans vos vilaines boîtes, dans vos trap-pes et dans vos robinets que d’accompagner les enfants qui vont chercher l’Oiseau?…

      TOUS [à l’exception du Chien et de la Lumière]. Oui! oui! Tout de suite!… Mon robinet!… Ma huche!… Ma cheminée!… Ma trappe!…

      LA FÉE [à la Lumière qui regarde rêveusement les débris de sa lampe]. Et toi, la Lumière, qu’en dis-tu?…

      LA LUMIÈRE. J’accompagnerai les enfants…

      LE CHIEN [hurlant de joie]. Moi aussi! moi aussi!…

      LA FÉE. Voilà qui est des mieux. Du reste, il est trop tard pour reculer; vous n’avez plus le choix, vous sortirez tous avec nous… Mais toi, le Feu, ne t’approche de personne, toi, le Chien, ne taquine pas la Chatte, et toi, l’Eau, tiens-toi droite et tâche de ne pas couler partout…

      [Des coups violents sont encore frappés à la porte de droite.]

      TYLTYL [écoutant]. C’est encore papa!… Cette fois, il se lève, je l’entends marcher…

      LA FÉE. Sortons par la fenêtre… Vous viendrez tous chez moi, où j’habillerai convenablement les animaux et les phénomènes… [Au Pain.] Toi, le Pain, prends la cage dans laquelle on mettra l’Oiseau Bleu… Tu en auras a garde… Vite, vite, ne perdons pas de temps…

      [La fenêtre s’allonge brusquement, comme une porte. Ils sortent tous, après quoi la fenêtre reprend sa forme primitive et se referme innocemment. La chambre est redevenue obscure, et les deux petits lits sont plongés dans l’ombre. La porte à droite s’entr’ouvre, et dans l’entrebâillement paraissent les têtes du père et de la mère Tyl.] LE PÈRE TYL. Ce n’était rien… C’est le grillon qui chante…

      LA

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<p>26</p>

Pain-de-sucre – сахарная голова