La Marche Des Rois . Морган Райс
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Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, les personnages, les entreprises, les organisations, les lieux, les événements et les incidents sont le fruit de l'imagination de l'auteur ou sont utilisés dans un but fictionnel. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou mortes, n'est que pure coïncidence.
Image de couverture : Copyright Bilibin Maksym, utilisée en vertu d'une licence accordée par Shutterstock.com.
“Est-ce un poignard que je vois là devant moi, la poignée vers ma main ? Viens, que je te saisisse ! Je ne te tiens pas, et pourtant je te vois toujours.”
CHAPITRE UN
Le Roi MacGil, qui avait beaucoup trop bu, entra dans sa chambre en titubant. La pièce tournait et les festivités de la veille lui avaient donné la migraine. Une femme dont il ne connaissait pas le nom était accrochée à lui, un bras enroulé autour de sa taille, sa chemise à moitié retirée. Elle l'avait emmené dans son lit avec un gloussement. Deux serviteurs avaient fermé la porte derrière eux et s'étaient discrètement éclipsés.
MacGil ne savait pas où était sa reine, et cette nuit-là, il n'en avait que faire. Ils ne couchaient plus ensemble bien souvent —elle se retirait souvent dans sa propre chambre, surtout les nuits de festin, quand les repas duraient trop longtemps. Elle connaissait les vices de son époux et ne semblait pas s'en soucier. Après tout, c'était le roi, et les rois de la lignée MacGil avait toujours régné dans le respect du droit.
Néanmoins, quand MacGil se dirigea vers le lit, la pièce tourna trop violemment et il repoussa soudain cette femme. Il n'avait plus l'humeur à ce genre de chose.
“Va t'en !” ordonna-t-il, et il la repoussa.
La femme resta là, sidérée et vexée; la porte s'ouvrit, les serviteurs revinrent, attrapèrent tous deux la femme par un bras et l'emmenèrent hors de la chambre. Elle protesta, mais ses cris furent étouffés quand ils fermèrent la porte derrière elle.
MacGil s'assit sur le bord de son lit et se mit la tête dans les mains en essayant de faire cesser son mal de tête. Il n'avait pas l'habitude d'avoir mal à la tête si tôt, avant que les effets de la boisson aient eu le temps de s'estomper, mais ce soir, c'était différent. Tout avait changé si vite. Le festin s'était si bien déroulé, ils s'étaient tous attablés devant un bon choix de viande et un vin fort, puis il avait fallu que ce garçon, Thor, apparaisse et gâche tout. D'abord, il avait fait intrusion avec son rêve idiot, puis il avait eu l'audace de lui faire tomber la coupe des mains.
Ensuite, il avait fallu que ce chien arrive, lape le vin et tombe raide mort devant tout le monde. Depuis ce moment, MacGil avait été secoué. La prise de conscience avait eu la violence d'un coup de marteau : quelqu'un avait essayé de l'empoisonner. De l'assassiner. Il avait peine à le comprendre. Quelqu'un avait trompé la vigilance de ses gardes et de ses goûteurs de vin et de nourriture. Il avait échappé à la mort d'un cheveu et ça le secouait encore.
Il se souvint que Thor avait été emmené au cachot et se demanda une fois de plus s'il avait bien fait de donner cet ordre. D'un côté, bien sûr, le garçon n'avait eu aucun moyen de savoir que la coupe était empoisonnée à moins qu'il ne l'ait empoisonnée lui-même ou qu'il ait été d'une façon ou d'une autre complice du crime. D'un autre côté, il savait que Thor avait des pouvoirs profonds, mystérieux (trop mystérieux) et qu'il avait peut-être dit la vérité : peut-être avait-il vraiment vu la scène en rêve. Peut-être Thor lui avait-il, en fait, sauvé sa vie, et peut-être MacGil avait-il envoyé au cachot la seule personne qui lui soit authentiquement fidèle.
A cette idée, MacGil eut mal au crâne alors qu'il restait assis là à frotter son front excessivement ridé en essayant de tout comprendre. Cependant, il avait trop bu cette nuit-là, il avait les idées trop confuses, ses pensées s'agitaient dans tous les sens et il n'arrivait pas à examiner le fond de la question. Il faisait trop chaud là-dedans, c'était une nuit d'été étouffante, son corps était surchauffé par les heures qu'il avait passées à trop manger et trop boire et il sentait qu'il transpirait.
Il tendit le bras et jeta son manteau, puis sa chemise de dessus, ne gardant que son maillot de corps. Il essuya la sueur de sa front, puis de sa barbe. Il se pencha en arrière et retira ses bottes énormes et lourdes, une à la fois, et recroquevilla les orteils quand ils se retrouvèrent à l'air libre. Il resta assis là et inspira profondément en essayant de retrouver son équilibre. Il avait grossi du ventre aujourd'hui, et son ventre l'encombrait. Il leva les jambes d'un coup de talon et s'allongea en arrière en reposant sa tête sur le coussin. Il soupira et leva les yeux, regarda le baldaquin, le plafond et demanda ardemment à la pièce d'arrêter de tourner.
Qui voudrait me tuer ? se demanda-t-il une fois de plus. Il avait aimé Thor comme un fils, et une partie de lui-même sentait que ça ne pouvait pas être lui. Il se demanda qui d'autre ça pouvait être, quel motif cette personne pouvait avoir et, plus particulièrement, si elle essaierait à nouveau. Était-il en sécurité ? Est-ce que les déclarations d'Argon avaient été exactes ?
MacGil sentait ses yeux s'alourdir tout en ayant l'impression qu'il avait la réponse sur le bout de la langue. S'il avait les idées rien qu'un peu plus claires, peut-être arriverait-il à tout comprendre. Néanmoins, il faudrait qu'il attende la lumière du jour pour convoquer ses conseillers, pour lancer une enquête. Ce qu'il voulait savoir n'était pas qui voulait sa mort mais qui ne voulait pas sa mort. Sa cour était pleine de gens qui voulaient absolument lui ravir son trône. Des généraux ambitieux, des membres du conseil comploteurs, des nobles et des seigneurs assoiffés de pouvoir, des espions, de vieux rivaux, des assassins des McCloud et peut-être même des Terres Sauvages. Peut-être même plus proches que ça.
MacGil battit des paupières en commençant à s'endormir, mais quelque chose attira son attention et il garda les yeux ouverts. Il repéra un mouvement, regarda et constata que ses serviteurs n'étaient pas là. Il cligna des yeux, perplexe. Ses serviteurs ne le laissaient jamais seul. En fait, il n'arrivait pas à se souvenir de la dernière fois où il avait été seul dans cette pièce, tout seul. Il ne se souvenait pas de leur avoir ordonné de partir. Encore plus étrange : sa porte était grande ouverte.
Au même moment, MacGil entendit un bruit venir de l'autre côté de la pièce, se retourna et regarda. Là-bas, un grand homme mince portant un manteau noir avec une capuche rabattue au-dessus du visage se glissait le long du mur, sortait de l'ombre et rentrait la lumière émise par les torches. MacGil cligna des yeux plusieurs fois en se demandant s'il avait des visions. D'abord, il fut certain que ce n'étaient que des ombres, la lumière des torches qui vacillait et jouait des tours à ses yeux.
Cependant, un moment plus tard, la silhouette s'était rapprochée de plusieurs pas et approchait rapidement de son lit. MacGil essaya de mieux y voir dans la lumière sombre pour savoir qui c'était; il commença instinctivement à se redresser et, comme le vieux guerrier il était, il mit la main à la taille pour y prendre une épée, ou au moins un poignard. Cependant, il était déshabillé et n'avait aucune arme à portée de main. Il resta sur son lit, désarmé.
La silhouette bougeait vite, maintenant, comme un serpent dans la nuit, se rapprochait toujours plus et, quand MacGil se redressa, il put apercevoir son visage. La pièce tournait encore et son ivresse l'empêchait de bien y voir mais, l'espace d'un instant, il aurait pu jurer que c'était le visage de son fils.
Gareth ?
MacGil fut envahi d'une panique soudaine en se demandant ce qu'il pouvait bien