Un Royaume D'ombres . Морган Райс
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Читать онлайн книгу Un Royaume D'ombres - Морган Райс страница 5
Kyra se rua vers Theon et lui saisit le visage car elle voulait désespérément le réveiller. Elle lui caressa les écailles et, lentement, à son grand soulagement, Theon ouvrit les yeux. Pourtant, il les referma alors à nouveau et elle le secoua plus fort.
“Réveille-toi !” exigea Kyra. “J'ai besoin de toi !”
Theon ouvrit à nouveau les yeux, légèrement, puis se tourna et la regarda. La douleur et la fureur présentes dans son regard s'adoucirent quand il la reconnut. Il essaya de remuer, de se lever, mais il était visiblement trop faible; le rocher le retenait au sol.
Kyra poussa furieusement contre le rocher mais elle éclata en sanglots quand elle se rendit compte qu'ils n'arrivaient pas à le déplacer. Theon était coincé. Il allait mourir ici et elle aussi.
Kyra entendit un rugissement, leva les yeux et vit qu'un énorme dragon aux écailles vertes les avait repérés. Il rugit avec furie puis commença à plonger droit sur eux.
Laisse-moi.
Kyra entendit une voix résonner au plus profond d'elle-même. La voix de Theon.
Cache-toi. Pars loin d'ici. Tant qu'il en est encore temps.
“Non !” s'écria-t-elle en tremblant, refusant de le quitter.
Pars, insista-t-il, ou nous mourrons tous les deux ici.
“Dans ce cas, nous mourrons tous les deux !” s'écria-t-elle, gagnée par une détermination inflexible. Elle n'allait pas abandonner son ami. C'était hors de question.
Le ciel s'assombrit et, quand Kyra leva les yeux, elle vit l'énorme dragon plonger toutes griffes dehors. Il ouvrit la gueule en dévoilant des rangées de crocs acérés et elle sut qu'elle n'y survivrait pas. Cependant, cela lui importait peu. Elle n'allait pas abandonner Theon. La mort la prendrait mais pas la lâcheté. Elle n'avait pas peur de mourir.
Seulement de ne pas vivre bien.
CHAPITRE QUATRE
Duncan courait avec les autres dans les rues d'Andros en boitant, faisant tout son possible pour ne pas se laisser distancer par Aidan, Motley et Cassandra, la jeune fille qui les accompagnait, pendant que le chien d'Aidan, Blanc, lui mordillait les talons et le forçait à continuer à courir. Son vieux commandant de confiance, Anvin, le tirait par le bras avec son nouvel écuyer Septin à ses côtés, faisant tout son possible pour qu'il continue à avancer bien qu'il fût clairement en mauvaise forme lui-même. Duncan voyait que son ami était gravement blessé et ça l'émouvait qu'il soit venu dans cet état, qu'il ait risqué sa vie et fait tout ce chemin pour le libérer.
Le groupe hétéroclite fonçait dans les rues d'Andros déchirées par la guerre. Le chaos éclatait tout autour d'eux et ils avaient fort peu de chances de survivre. D'un côté, Duncan se sentait extrêmement soulagé d'être libre, extrêmement heureux de revoir son fils, extrêmement reconnaissant d'être avec eux tous. Pourtant, alors qu'il scrutait le ciel, il sentait aussi qu'il n'avait quitté sa cellule que pour se retrouver confronté à une mort certaine. Le ciel était plein de dragons qui décrivaient des cercles, plongeaient en piqué, donnaient des grands coups à des bâtiments, détruisaient la ville en crachant leurs terribles colonnes de flammes. Des rues entières étaient en feu et bloquaient la progression du groupe à chaque changement de direction. A chaque fois qu'une rue était détruite, il semblait de moins en moins envisageable de fuir la capitale.
Il était clair que Motley connaissait bien ces ruelles et qu'il les guidait avec habileté. Il tournait dans une ruelle après l'autre, trouvait des raccourcis partout, se débrouillait à éviter les brigades errantes de soldats pandésiens qui mettaient leur fuite en danger elles aussi. Pourtant, malgré toute sa ruse, Motley ne pouvait pas éviter les dragons et, quand il les fit tourner dans une autre ruelle, elle se retrouva soudain en flammes elle aussi. Ils s'arrêtèrent tous sur place, le visage brûlé par la chaleur, et battirent en retraite.
Duncan, qui reculait couvert de sueur, se tourna vers Motley et ne fut pas réconforté de voir que, cette fois, Motley se tournait dans tous les sens, le visage marqué par la panique.
“Par ici !” dit finalement Motley.
Il se retourna, les emmena dans une autre petite rue et ils se baissèrent pour passer sous une arche de pierre juste avant qu'un dragon ne remplisse l'endroit où ils venaient de se tenir avec une nouvelle vague de feu.
Pendant qu'ils couraient, Duncan souffrait de voir cette grande ville se faire détruire, cet endroit qu'il avait autrefois aimé et défendu. Il ne pouvait s'empêcher de se dire qu'Escalon ne regagnerait jamais sa gloire passée, que sa patrie était détruite pour toujours.
On entendit un cri. Duncan regarda par-dessus son épaule et vit que des dizaines de soldats pandésiens les avaient repérés. Ils les poursuivaient dans la ruelle et se rapprochaient. Duncan savait qu'ils ne pouvaient ni les affronter ni les semer. La sortie de la ville était encore loin et ils n'avaient plus de temps.
Soudain, on entendit un grand fracas. Duncan leva les yeux et vit un dragon arracher le clocher au château avec ses griffes.
“Attention !” cria-t-il.
Il se jeta brusquement en avant et bouscula Aidan et les autres de là où ils se trouvaient juste avant que les restes de la tour ne s'écrasent à côté d'eux. Un immense morceau de pierre atterrit derrière lui en produisant un fracas assourdissant et en soulevant un tas de poussière.
Aidan leva les yeux vers son père, le regard rempli de choc et de reconnaissance, et Duncan se sentit au moins satisfait d'avoir sauvé la vie à son fils.
Duncan entendit des cris assourdis, se retourna et se rendit compte avec gratitude que les gravats avaient au moins bloqué l'avancée des soldats qui les poursuivaient.
Ils continuèrent à marcher. Duncan avait peine à suivre car sa faiblesse et les blessures liées à son emprisonnement le rongeaient de l'intérieur; il était encore sous-alimenté, contusionné, battu et chaque pas était un effort douloureux. Pourtant, il se forçait à continuer ne serait-ce que pour s'assurer que son fils et ses amis survivent. Il ne pouvait pas les laisser tomber.
Ils tournèrent dans un coin étroit et atteignirent une bifurcation entre deux ruelles. Ils s'arrêtèrent et se tournèrent tous vers Motley.
“Il faut qu'on sorte de cette ville !” hurla Cassandra à Motley, visiblement agacée. “Et vous ne savez même pas où vous allez !”
Motley regarda à gauche, puis à droite, visiblement à court d'idées.
“Autrefois, il y avait un bordel dans cette ruelle”, dit-il en regardant à droite. “Il donne sur l'arrière de la ville.”
“Un bordel?” répliqua Cassandra. “Vous avez de belles fréquentations.”
“Peu m'importent tes fréquentations”, ajouta Anvin, “tant qu'elles nous permettent de sortir d'ici.”
“Espérons seulement