La Nuit des Braves . Морган Райс
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Un sang noir et épais en jaillit et l'araignée tomba à ses pieds, morte.
Kyra resta là en tenant le bâton, les bras tremblants, sentant une poussée d'énergie comme elle n'en avait jamais senti. A ce moment, elle sentit qu'elle avait changé. Elle sentit qu'elle était devenue plus forte, qu'elle ne serait plus jamais la même. Elle sentit que toutes les portes s'étaient ouvertes et que tout était possible.
Loin au-dessus, les cieux tonnèrent et on entendit la foudre. Des éclairs écarlates fendirent et rayèrent les nuages comme si ces derniers dégoulinaient de lave. Ensuite, il y eut un immense grondement et Kyra fut ravie de voir Theon s'élancer au travers des nuages. Elle sentit que la barrière avait été baissée quand elle avait retiré le bâton. Pour la première fois, elle sut qu'elle était celle qui était destinée à tout changer.
Theon atterrit à ses pieds et, sans attendre, elle le monta et ils s'élevèrent haut en l'air. Le tonnerre gronda tout autour d'eux quand ils s'élancèrent dans les cieux et se dirigèrent vers le sud, quittant Marda pour regagner Escalon. Kyra savait qu'elle avait touché le fond mais aussi qu'elle avait vaincu, réussi sa dernière épreuve.
Et maintenant, le Bâton de Vérité en main, elle avait une guerre à mener.
CHAPITRE SIX
Alors qu'elle s'éloignait, Lorna regarda l'île de Knossos qui, encore en flammes, disparaissait à l'horizon, et elle en eut le cœur brisé. Elle se tenait à la proue du navire, agrippée au bastingage, Merk à côté d'elle et la flotte des Îles Perdues derrière elle, et elle sentait tous les regards posés sur elle. Cette île adorée, demeure des Gardiens, des braves guerriers de Knossos, n'était plus. Elle était en flammes, son glorieux fort était détruit et les guerriers adorés qui avaient monté la garde pendant des milliers d'années étaient tous morts, maintenant, tués par la vague de trolls et achevés par la meute de dragons.
Lorna perçut un mouvement, se tourna et vit Alec, le garçon qui avait tué les dragons et avait finalement rejoint la Baie de la Mort, s'avancer à côté d'elle, silencieux. Il se tenait là, l'air aussi hébété qu'elle, son épée à la main, et elle se sentit reconnaissante envers lui et cette arme qu'il tenait dans ses mains. Elle l'observa. L'Épée Inachevée était un objet d'une suprême beauté et Lorna sentait l'énergie intense qui en émanait. Elle se souvint de la mort des dragons et comprit que ce garçon tenait le destin d'Escalon dans ses mains.
Lorna était reconnaissante d'être en vie. Elle savait qu'elle et Merk aurait connu une fin tragique dans la Baie de la Mort si ces hommes des Îles Perdues n'étaient pas arrivés. Pourtant, elle se sentait aussi coupable pour ceux qui n'avaient pas survécu. Ce qui la faisait le plus souffrir, c'était qu'elle n'avait pas prévu ça. Toute sa vie, au cours de sa vie solitaire passée à monter la garde dans la Tour de Kos, elle avait tout prévu, tous les rebondissements du destin. Elle avait prévu l'arrivée des trolls, avait prévu l'arrivée de Merk et avait même prévu que l'Épée de Flammes serait détruite. Elle avait prévu la grande bataille de l'Île de Knossos mais n'avait pas prévu son issue. Elle n'avait pas prévu que l'île brûlerait, n'avait pas prévu l'arrivée de ces dragons. Elle doutait de ses propres pouvoirs, et c'était ça qui la blessait plus que toute autre chose.
Comment cela avait-il pu se produire ? se demanda-t-elle. La seule réponse était peut-être que la destinée d'Escalon évoluait à tout moment. Ce qui avait été écrit des milliers d'années auparavant était en cours de modification. Elle sentait que le destin d'Escalon était incertain et maintenant informe.
Lorna sentait le regard de tous les occupants du navire lui peser dessus. Ils voulaient tous connaître leur prochaine destination, savoir ce que le destin leur réservait alors qu'ils quittaient l'île en feu. Le monde était en flammes et ils attendaient tous qu'elle leur donne la réponse.
Alors que Lorna se tenait là, elle ferma les yeux et, lentement, elle sentit la réponse monter en elle et lui indiquer à quel endroit on avait le plus besoin d'eux. Pourtant, quelque chose lui obscurcissait la vision. Elle se souvint et sursauta. Thurn.
Lorna ouvrit les yeux et examina les eaux au-dessous d'elle. Elle observa tous les corps flottants qui longeaient le navire, la mer de cadavres qui se heurtait contre la coque. Les autres marins, eux aussi, cherchaient des survivants depuis des heures, scrutant les visages comme elle, et pourtant, ils n'avaient rien trouvé.
“Ma dame, le navire attend vos ordres”, insista doucement Merk.
“Cela fait des heures que nous scrutons les eaux”, ajouta Sovos. “Thurn est mort. Nous devons le laisser partir.”
Lorna secoua la tête.
“Je sens qu'il n'est pas mort”, répliqua-t-elle.
“J'aimerais plus que quiconque que ce soit le cas”, répondit Merk. “Je lui dois la vie. Il nous a sauvés du feu des dragons. Pourtant, nous l'avons vu prendre feu et tomber dans la mer.”
“Mais nous ne l'avons pas vu mourir”, répondit-elle.
Sovos soupira.
“Même si, d'une façon ou d'une autre, il a survécu à sa chute, ma dame”, ajouta Sovos, “il n'a pas pu survivre dans ces eaux. Nous devons le laisser partir. Notre flotte a besoin d'ordres.”
“Non”, dit-elle, décidée, d'une voix où résonnait l'autorité. Elle sentait monter en elle une prémonition, un picotement entre les yeux. Cette prémonition lui disait que Thurn était en vie là-bas, quelque part au milieu des épaves, au milieu des milliers de corps flottants.
Lorna inspecta les eaux, attendant, espérant, à l'écoute. Elle lui devait ça et elle n'abandonnait jamais un ami. La Baie de la Mort était sinistrement silencieuse depuis que tous les trolls étaient morts et les dragons partis, et pourtant, elle avait encore un son qui lui était propre, le hurlement incessant du vent, le clapotis de mille moutons, le gémissement de leur navire que le courant berçait sans arrêt. Alors qu'elle écoutait, le vent se mit à souffler plus fort.
“Une tempête se prépare, ma dame”, dit finalement Sovos. “Nous devons partir. Nous avons besoin de vos ordres.”
Elle savait qu'ils avaient raison. Et pourtant, elle ne pouvait pas abandonner.
Juste au moment où Sovos ouvrait la bouche pour parler, soudain, Lorna ressentit une poussée d'excitation. Elle se pencha et observa quelque chose qui, au loin, montait et descendait dans les eaux, porté vers le navire par les courants. Elle sentit un picotement à l'estomac et sut que c'était lui.
“LÀ-BAS !” cria-t-elle.
Les hommes se précipitèrent vers la balustrade, regardèrent par-dessus le bord et le virent tous, eux aussi : c'était Thurn qui flottait dans l'eau. Lorna ne perdit pas de temps. Elle fit deux grands pas, bondit du bastingage et plongea la tête la première. Elle fit une chute de six mètres vers les eaux glaciales de la baie.
“Lorna !” cria Merk derrière elle, d'une voix pleine d'inquiétude.
Lorna vit les requins rouges grouiller au-dessous d'elle et comprit l'inquiétude de Merk. Ils décrivaient des cercles autour de Thurn mais, bien qu'ils lui donnent des petits coups, elle vit qu'ils n'avaient pas encore réussi à percer son armure. Lorna comprit que Thurn avait de