La Nuit des Braves . Морган Райс
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Elle savait aussi que les requins s'attaqueraient à elle, et pourtant, il était hors de question d'hésiter alors que la vie de Thurn était en jeu. Elle lui devait ça.
Lorna atterrit dans l'eau, choquée par son froid glacial et, sans attendre, donna des coups de pied et nagea sous la surface jusqu'à atteindre Thurn, se servant de sa force pour nager plus vite que les requins. Elle l'enlaça, le saisit, sentit qu'il était en vie, bien qu'inconscient. Les requins se mirent à nager vers elle et elle se prépara à les affronter, à faire le nécessaire pour qu'elle et Thurn survivent.
Lorna vit soudain des cordes atterrir autour d'elle. Elle en agrippa une et se sentit rapidement tirée vers l'arrière. Elle s'envola et il était temps car un requin rouge bondit hors de l'eau et donna un coup de mâchoires là où ses jambes s'étaient trouvées une seconde auparavant.
Lorna, tenant Thurn, fut tirée vers le haut dans le vent glacial et se balança rudement en frappant contre la coque du navire. Un moment plus tard, ils furent remontés par l'équipage et, avant de se retrouver à bord, Lorna aperçut pour la dernière fois les requins qui grouillaient au-dessous d'elle, furieux d'avoir perdu leur repas.
Lorna atterrit sur le pont en produisant un bruit sourd, Thurn dans les bras. Elle le retourna immédiatement et l'examina. Il était à moitié défiguré, brûlé par les flammes mais, au moins, il avait survécu. Il avait les yeux fermés. Au moins, ils ne fixaient pas le ciel; c'était un bon signe. Elle posa les mains sur son cœur et sentit quelque chose. C'était un battement de cœur, quoique faible.
Lorna appliqua les paumes sur son cœur et, quand elle le fit, elle sentit une poussée d'énergie, une chaleur intense le pénétrer par l'intermédiaire de ses paumes. Elle invoqua ses pouvoirs et demanda que Thurn revienne à la vie.
Thurn ouvrit soudain les yeux et se redressa en inspirant profondément, en haletant et en crachant de l'eau. Il toussa et les autres hommes se ruèrent en avant et l'enveloppèrent dans des fourrures pour le réchauffer. Lorna était ravie. Elle regarda la couleur lui revenir au visage et comprit qu'il vivrait.
Lorna sentit soudain qu'on lui entourait les épaules d'une fourrure chaude, se retourna et vit Merk qui se tenait au-dessus d'elle en souriant et l'aidait à se relever.
Les hommes se rassemblèrent bientôt autour d'elle en la regardant avec encore plus de respect.
“Et maintenant ?” demanda sérieusement Merk en s'approchant d'elle. Il était presque obligé de crier pour se faire entendre en dépit du vent et du grincement de leur navire qui tanguait.
Lorna savait qu'il leur restait peu de temps. Elle ferma les yeux, leva les paumes vers le ciel et, lentement, sentit la charpente de l'univers. L'Épée de Flammes était détruite, Knossos aussi, les dragons étaient en fuite et elle avait besoin de savoir où Escalon avait le plus besoin d'eux en cette période de crise.
Elle sentit soudain la vibration de l'Épée Inachevée à côté d'elle et elle comprit. Elle se tourna vers Alec, qui la regardait fixement, attendant visiblement sa décision.
Elle sentit la destinée spéciale d'Alec monter en elle.
“Tu ne poursuivras plus les dragons”, dit-elle. “Ceux qui se sont enfuis ne viendront pas te retrouver : ils ont peur de toi, maintenant, et si tu les recherches, tu ne les trouveras pas. Ils sont partis se battre en d'autres endroits d'Escalon. C'est maintenant à quelqu'un d'autre de les détruire.”
“Que ferai-je, alors, ma dame ?” demanda-t-il, visiblement surpris.
Elle ferma les yeux et sentit la réponse venir à elle.
“Les Flammes”, répondit Lorna, sentant avec certitude que c'était la réponse. “Il faut les rétablir. C'est la seule façon d'empêcher Marda de détruire Escalon. C'est ce qui compte le plus, maintenant.”
Alec avait l'air perplexe.
“Quel rapport avec moi ?” demanda-t-il.
Elle le regarda fixement.
“L'Épée Inachevée”, répondit-elle. “C'est le dernier espoir. Elle est seule à pouvoir rétablir le Mur de Flammes. Il faut la ramener à l'endroit d'où elle vient. Tant que ce ne sera pas fait, Escalon ne pourra jamais être en sécurité.”
Il la regarda fixement, clairement surpris.
“Et où est cet endroit ?” demanda-t-il, alors que les hommes se rapprochaient pour écouter.
“Au nord”, répondit-elle. “Dans la Tour d'Ur.”
“Ur ?” demanda Alec, dérouté. “La tour n'a-t-elle pas déjà été détruite ?”
Lorna hocha la tête.
“La tour, oui”, répondit-elle, “mais pas ce qui se trouve en dessous.”
Elle inspira profondément. Tous les hommes la regardaient avec fascination.
“La tour contient une chambre secrète loin au-dessous du sol. La tour n'a jamais été le plus important : elle n'était qu'une diversion. Ce qui compte le plus, c'est ce qui se trouve au-dessous. Là-bas, l'Épée Inachevée trouvera sa demeure. Quand tu la ramèneras, le pays sera en sécurité et les Flammes rétablies pour toujours.”
Alec inspira profondément, visiblement en train de digérer toutes ces informations.
“Vous voulez que j'aille vers le nord ?” demanda-t-il. “A la tour ?”
Elle hocha la tête.
“Ce sera un voyage périlleux”, répondit-elle. “Tu trouveras des ennemis partout. Emmène les hommes des Îles Perdues avec toi. Remonte le Chagrin et ne t'arrête que quand tu auras rejoint Ur.”
Elle s'avança et lui plaça une main sur l'épaule.
“Ramène l'épée”, ordonna-t-elle, “et sauve-nous.”
“Et vous, ma dame ?” demanda Alec.
Elle ferma les yeux, ressentit une terrible poussée de douleur et comprit immédiatement où il fallait qu'elle aille.
“En ce moment, Duncan est en train de mourir”, dit-elle, “et je suis la seule à pouvoir le sauver.”
CHAPITRE SEPT
Aidan traversait le désert avec les hommes de Leifall, Cassandra d'un côté, Anvin de l'autre et White à ses pieds. Alors qu'ils galopaient en soulevant un nuage de poussière, Aidan se sentait fou de joie et de fierté d'avoir remporté la victoire. Il avait aidé à accomplir l'impossible, à détourner les chutes, à modifier le flux gigantesque d'Everfall, à envoyer ses eaux traverser les plaines et inonder le canyon, ce qui avait sauvé son père juste à temps. Alors qu'il approchait, très impatient de retrouver son père, Aidan voyait les hommes de son père au loin, entendait leurs cris de jubilation même d'ici, et il se sentait rempli de fierté. Ils avaient réussi.
Aidan était ravi que son père et ses hommes aient survécu, que le canyon soit inondé jusqu'à en déborder, que des milliers de Pandésiens aient péri et soient rejetés à leurs pieds. Pour la première fois, Aidan eut la forte sensation d'avoir un but et d'appartenir à une communauté. Il avait réellement contribué à la cause de son père en dépit de son jeune âge