Le Réveil . Блейк Пирс
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Читать онлайн книгу Le Réveil - Блейк Пирс страница 10
Bien sûr que je ne l’ai pas simplement imaginé.
Riley rit de joie et s’élança pour les rejoindre.
Mais alors, quelque chose de dur et d’invisible l’arrêta net.
C’était une sorte de barrière qui la séparait des personnes qu’elle aimait le plus.
Riley marcha le long de la barrière, passant ses mains dessus, tout en réfléchissant…
Peut-être y a-t-il moyen de la contourner.
Puis elle entendit un rire éraillé familier.
« Abandonne, ma fille, dit une voix. Cette vie n’est pas pour toi.
Riley se retourna et vit quelqu’un se tenant à seulement quelques mètres d’elle.
C’était un homme en uniforme de colonel de Marine. Il était grand et dégingandé, son visage usé et ridé par des années de colère et d’alcool.
Il était le dernier être humain au monde que Riley voulait voir.
— Papa, murmura-t-elle avec désespoir.
Il gloussa sinistrement.
— Hé, Tu n’es pas obligée d’avoir l’air si triste pour ça. Je pensais que tu serais heureuse de retrouver ta chair et ton sang.
— Tu es mort, dit Riley.
Papa haussa les épaules.
— Comme tu le sais déjà, ça ne m’empêche pas de prendre des nouvelles de temps en temps.
Riley réalisa vaguement que c’était la vérité.
Ce n’était pas la première fois qu’elle voyait son père depuis son décès l’année précédente.
Et ce n’était pas la première fois qu’elle était déroutée par sa présence. Le simple fait qu’elle puisse parler à un homme mort n’avait aucun sens pour elle.
Mais elle savait une chose avec certitude.
Elle ne voulait rien avoir à faire avec lui.
Elle voulait être parmi des personnes qui ne l’amenaient pas à se détester.
Elle se retourna et commença à marcher vers Blaine et les filles, qui jouaient encore avec le ballon.
Encore une fois, elle fut arrêtée par cette barrière invisible.
Son père rit.
— Combien de fois dois-je te le dire ? Tu n’as rien à faire avec eux.
Le corps entier de Riley tremblait – que ce soit de rage ou chagrin, elle n’en était pas sûre.
Elle se tourna vers son père et cria :
— Laisse-moi tranquille !
— Tu es sûre ? dit-il. Je suis tout ce que tu as. Je suis tout ce que tu es.
Riley gronda :
— Je ne suis en rien comme toi. Je sais ce que signifie aimer et être aimé.
Son père secoua la tête et enfonça ses pieds dans le sable.
— Ce n’est pas que je ne compatisse pas, dit-il. C’est une fichue vie folle et inutile que tu as – à tenter d’obtenir justice pour des gens déjà morts, exactement ceux qui n’en ont plus besoin. Tout comme ce fut le cas pour moi au ‘Nam, une guerre stupide qu’il était impossible de gagner. Mais tu n’as pas le choix et il est temps de faire la paix avec ça. Tu es une chasseuse, comme moi. Je t’ai élevé comme ça. Nous ne connaissons rien d’autre – ni l’un ni l’autre.
Riley plongea son regard dans le sien, testant sa propre volonté contre la sienne.
Parfois, elle pouvait le battre, et lui faire cligner des yeux.
Mais ce n’était pas le cas aujourd’hui.
Elle cilla et détourna le regard.
Son père se moqua d’elle.
— Bon sang, si tu veux être seule, ça me va. Je n’apprécie pas vraiment ta compagnie non plus. »
Il se détourna et s’éloigna sur la plage.
Riley fit demi-tour et cette fois les vit tous s’en aller – April et Jilly main dans la main, Blaine et Crystal prenant une autre direction.
Alors qu’ils commençaient à disparaître dans la brume matinale, Riley tambourina contre la barrière et tenta de crier…
« Revenez ! S’il vous plait revenez ! Je vous aime tous ! »
Ses lèvres bougèrent mais n’émirent aucun son.
*
Les yeux de Riley s’ouvrirent brusquement et elle se retrouva allongée dans son lit.
Un rêve, pensa-t-elle. J’aurais dû savoir que c’était un rêve.
Son père venait parfois la voir en rêve.
Par quel autre moyen pourrait-il lui rendre visite, étant mort ?
Il lui fallut un autre moment pour se rendre compte qu’elle pleurait.
La solitude accablante, l’isolement des personnes qu’elle aimait le plus, les paroles d’avertissement de son père…
Tu es une chasseuse, comme moi.
Pas étonnant qu’elle se soit réveillée aussi bouleversée.
Elle attrapa un mouchoir en papier et réussit à calmer ses sanglots. Mais même ainsi, ce sentiment de solitude ne voulait pas se dissiper. Elle se rappela que les enfants dormaient dans une autre pièce et que Blaine était dans une autre.
Mais il semblait difficile de le croire, en quelque sorte.
Seule dans le noir, elle avait l’impression que tous étaient loin, à l’autre bout du monde.
Elle pensa à se lever et rejoindre Blaine dans sa chambre en traversant le couloir sur la pointe des pieds, mais…
Les enfants.
Ils dormaient dans des chambres séparées à cause des enfants.
Elle tira l’oreiller autour de sa tête et essaya de se rendormir, mais elle ne pouvait s’empêcher de penser…
Un marteau.
Quelqu’un au Mississippi a été tué avec un marteau.