Héroïne, Traîtresse, Fille . Морган Райс
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Читать онлайн книгу Héroïne, Traîtresse, Fille - Морган Райс страница 4
Le marin partit précipitamment. Akila avait encore des ordres à donner.
“Quand nous aurons le champ libre, il faudra que nous relevions la chaîne qui barre l'entrée du port”, dit-il.
Un des jeunes marins qui se tenaient près de lui eut l'air inquiet à cette idée. Akila vit qu'il avait peur malgré ses discours. C'était tout sauf anormal.
“Si nous relevons la chaîne, cela signifie que nous ne pourrons pas nous réfugier dans le port, n'est-ce pas?” demanda le garçon.
Akila hocha la tête. “Oui, mais qu'est-ce que ça nous apporterait de nous réfugier dans une cité livrée à une attaque maritime ? Si nous perdons cette bataille sur les flots, penses-tu que la cité sera un bon refuge ?”
Il vit que le garçon y réfléchissait, essayait de calculer à quel endroit il serait le plus sûr d'être à l'abri. Ou alors, il se disait peut-être qu'il n'aurait jamais dû s'engager.
“Tu peux faire partie de ceux qui aident à remonter les chaînes, si tu veux”, proposa Akila. “Après, tu iras aux catapultes. On aura besoin d'hommes fiables pour les faire fonctionner.”
Le garçon secoua la tête. “Je reste. Je refuse de fuir devant eux.”
“Et si tu prenais la tête de la flotte pour que je puisse m'enfuir, moi ?” demanda Akila.
Cette idée fit rire le garçon, qui partit faire son travail. Le rire était toujours meilleur que la peur.
Que restait-il à faire ? Il y avait toujours autre chose, toujours une autre chose à laquelle se consacrer. Il y avait ceux qui disaient que la guerre, c'était surtout de l'attente, mais Akila avait constaté que l'attente contenait toujours mille petites choses. La préparation était la mère du succès et Akila ne comptait pas perdre la bataille par manque d'effort.
“Non”, marmonna-t-il en vérifiant le gréement de son vaisseau amiral. “Ce qui nous fera perdre, c'est qu'ils ont cinq fois plus de navires que nous.”
Leur seul espoir était de recourir à une tactique de guérilla : les attirer contre les navires en feu, les écraser contre la chaîne, utiliser la vitesse de leurs propres navires pour en éliminer autant que possible. Même ainsi, ça risquait d'être insuffisant.
Akila n'avait jamais vu de force d'une telle taille. Il doutait que quiconque en ait vu. La flotte envoyée à Haylon avait été conçue pour punir et détruire. L'armée rebelle était née de la fusion d'au moins trois grandes forces.
Celle-ci était plus grande. Ce n'était pas vraiment une armée mais plutôt un pays entier en mouvement. Son but était la conquête, mais pas seulement. Ayant repéré une opportunité, Felldust allait prendre à l'Empire tout ce qu'il avait.
Sauf si nous l'en empêchons, se dit Akila.
Sa flotte ne serait peut-être pas celle qui arrêterait l'ennemi. Peut-être ne pourraient-ils espérer que ralentir et affaiblir l'armée d'invasion, mais ça pourrait peut-être suffire. S'ils pouvaient faire gagner du temps à Ceres, elle parviendrait peut-être à trouver le moyen de vaincre les ennemis survivants. Avec ses pouvoirs, Akila l'avait vue faire des choses plus impressionnantes que ça.
Peut-être attaquerait-elle toute l'armée de Felldust pour les tirer hors d'affaire.
Akila allait probablement mourir ici. Si cela permettait de sauver Delos, cela en vaudrait-il la peine ? Telle n'était pas la question. Si cela permettait de sauver la population locale et celle de Haylon, cela en vaudrait-il la peine ? Oui, pour Akila, ça en vaudrait vraiment la peine. Des hommes comme ceux de Felldust ne se contenteraient pas de ce qu'ils avaient. Ils s'attaqueraient à Haylon dès qu'ils auraient fini de conquérir Delos. Si son sacrifice permettait de sauver les fermiers de l'île, Akila voulait bien se sacrifier mille fois.
Il regarda la flotte ennemie avancer sur l'eau et parla à voix basse.
“Tu m'es redevable, Thanos”, dit-il. Le prince lui était redevable pour être venu à Delos et pour ne pas l'avoir tué à Haylon. La vie d'Akila aurait probablement été beaucoup plus simple s'il l'avait tué.
En voyant devant lui la flotte ennemie, Akila se dit que sa vie aurait également pu durer plus longtemps.
“Bon !” cria-t-il. “A vos places, les gars ! On a une bataille à gagner !”
CHAPITRE DEUX
Assis à la proue de son vaisseau amiral, Irrien ressentait à la fois satisfaction et anticipation, de la satisfaction parce que sa flotte avançait exactement comme il l'avait ordonné et de l'anticipation à cause de tout ce qui allait se passer par la suite.
Autour de lui, la flotte glissait dans un silence quasi-total, comme il l'avait ordonné quand ils avaient commencé à longer la côte. Elle était aussi silencieuse que des requins qui fonçaient vers leur proie, que le moment qui suivait la mort d'un homme. A ce moment-là, Irrien était l'éclat de lumière sur la pointe d'une lance et le reste de sa flotte le suivait comme sa pointe élargie.
Sa chaise n'était pas la chaise en pierre noire sur laquelle il s'asseyait à Felldust mais un objet plus léger fabriqué avec les os de créatures qu'il avait tuées. Les fémurs d'un rôdeur des ténèbres formaient le dossier et des os de doigts humains étaient intégrés aux accoudoirs. Il avait recouvert la chaise de la fourrure d'animaux qu'il avait chassés. C'était une autre leçon qu'il avait apprise : en temps de paix, un homme devait mettre en valeur sa courtoisie et, en temps de guerre, sa cruauté.
Pour prouver sa cruauté, Irrien tira sur une chaîne reliée à sa chaise. L'autre extrémité de la chaîne servait d'entrave à un des guerriers de cette soi-disant rébellion, qui avait préféré s'agenouiller que mourir à la guerre.
“On arrive bientôt”, dit-il.
“Ou-oui, mon seigneur”, répondit l'homme.
Irrien tira à nouveau sur la chaîne. “Ne parle que quand on te le demande.”
L'homme se mit à implorer maladroitement la clémence d'Irrien, qui l'ignora. Il préféra regarder devant lui, bien qu'il ait disposé son bouclier pour que sa surface en métal lui révèle l'approche d'éventuels assassins par derrière.
Un homme sage faisait toujours ces deux choses. Les autres pierres de Felldust pensaient probablement qu'Irrien était fou de partir pour ce pays sans poussière pendant qu'eux y restaient. Ils pensaient probablement qu'il n'était pas au courant de leurs intrigues et de leurs machinations.
Irrien sourit encore plus quand il pensa à la tête qu'ils feraient quand ils se rendraient compte de ce qui se passait vraiment. Il ressentit encore plus de plaisir quand il se tourna vers la côte et y vit les feux qui y naissaient subitement à mesure que ses bandes de pilleurs débarquaient. D'habitude, Irrien détestait le gaspillage que représentait l'incendie des bâtiments