Le Quartier Idéal. Блейк Пирс

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Le Quartier Idéal - Блейк Пирс

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C’était du travail de terrain.

      Cet homme était modérément beau. Il avait des cheveux décoiffés et châtains qui lui tombaient sur le côté du front. Il était bronzé mais pas comme un surfeur car son bronzage était trop égal et parfait. Jessie soupçonna qu’il fréquentait régulièrement les salles de bronzage. Il était en bonne forme mais avait l’air presque anormalement maigre, comme un loup qui n’avait pas mangé depuis un certain temps.

      Visiblement, il sortait du travail car il était encore en “uniforme” : un costume, des chaussures brillantes, une cravate légèrement desserrée pour montrer qu’il était en mode détendu. Il était presque vingt-deux heures et, s’il sortait du travail, cela suggérait qu’il travaillait dans un bureau pendant de nombreuses heures, peut-être dans la finance, bien que ceux-là aient plutôt tendance à commencer tôt qu’à finir tard.

      Il y avait plus de chances qu’il soit avocat mais pas pour le gouvernement ; c’était peut-être un associé qui faisait sa première année pour une grande entreprise dans un gratte-ciel proche où ses patrons le pressaient comme un citron. Il était bien payé, comme le prouvait son costume bien coupé, mais il n’avait guère de temps pour jouir des fruits de son labeur.

      Il semblait être en train de décider ce qu’il allait dire à Jessie. Comme elle avait déjà une boisson à moitié pleine, il ne pouvait pas lui en offrir. Jessie décida de l’aider.

      “Quelle entreprise ?” demanda-t-elle en se tournant vers lui.

      “Quoi ?”

      “Chez quel cabinet d’avocat travailles-tu ?” répéta-t-elle en criant presque pour se faire entendre par-dessus la musique forte.

      “Benson & Aguirre”, répondit-il avec un accent côte est qu’elle n’arrivait pas tout à fait à reconnaître. “Comment sais-tu que je suis avocat ?”

      “J’ai eu de la chance. On dirait qu’ils t’exploitent vraiment. Tu viens de sortir ?”

      “Il y a environ une demi-heure”, dit-il d’une voix qui semblait indiquer qu’il était plus mi-américain et mi-britannique qu’originaire de New York. “Cela faisait environ trois heures que j’avais envie de boire un coup. J’aurais pu prendre de l’eau glacée mais je me contenterai de ça.”

      Il prit une gorgée de sa bouteille de bière.

      “Que penses-tu de Los Angeles par rapport à Philadelphie ?” demanda Jessie. “Je sais que ça fait moins de six mois mais as-tu l’impression de t’habituer à Los Angeles ?”

      “Eh, tu déconnes ou quoi ? T’es détective privée ? Comment sais-tu que je viens de Philly et que j’ai seulement emménagé ici en août ?”

      “C’est une sorte de talent que j’ai. Au fait, je m’appelle Jessie”, dit-elle en tendant la main.

      “Doyle”, dit-il en lui serrant la main. “Vas-tu me dire comme tu fais ce tour de magie ? Tu vois, je me sens de moins en moins à l’aise, ici.”

      “Je ne veux pas gâcher le mystère. C’est très important, le mystère. Une autre question, juste pour compléter le portrait. À quelle fac de droit es-tu allé ? Temple ou Villanova ?”

      Il la regarda fixement, bouche bée. Après avoir cligné des yeux quelques fois, il se remit de ses émotions.

      “Comment sais-tu que je ne suis pas allé à Penn ?” demanda-t-il en prenant un air faussement insulté.

      “Non, on ne commande pas d’eau glacée à Penn. Laquelle ?”

      “Nova à fond, ma fille !” cria-t-il. “Allez, les Wildcats !”

      Jessie hocha admirativement la tête.

      “Je suis moi-même une Trojan”, dit-elle.

      “Oh, ça alors, tu es allée à l’Université de Californie du Sud ? As-tu entendu parler de ce Lionel Little, qui y avait joué ? Il a été assassiné aujourd’hui.”

      “Je sais”, dit Jessie. “Triste histoire.”

      “J’ai entendu dire qu’il avait été tué pour ses chaussures”, dit Doyle en secouant la tête. “Incroyable, non ?”

      “Tu devrais faire attention aux tiennes, Doyle. Elles n’ont pas l’air bon marché, elles non plus.”

      Doyle regarda vers le bas puis se pencha vers Jessie et chuchota dans son oreille. “Huit cents dollars.”

      Jessie siffla pour faire semblant d’être impressionnée. Elle perdait très vite tout intérêt pour Doyle, dont l’exubérance juvénile commençait à céder la place à son auto-satisfaction guère plus mature.

      “Alors, quelle est ton histoire ?” demanda-t-il.

      “Tu ne veux pas essayer de deviner ?”

      “Oh, mon Dieu, je ne suis pas bon à ça.”

      “Essaye, Doyle”, proposa-t-elle en l’amadouant. “Tu pourrais t’étonner toi-même. Et puis, un avocat se doit d’être perspicace, n’est-ce pas ?”

      “C’est vrai. OK, je vais essayer. Je dirais que tu es actrice. Tu es assez belle pour en être une. Cela dit, DTLA n’est pas vraiment un quartier à actrices. Ce serait plutôt Hollywood et l’ouest. Un mannequin, peut-être ? C’est possible mais tu as l’air trop intelligente pour te concentrer sur une chose comme une carrière. Quand tu étais adolescente, tu as peut-être été mannequin mais, maintenant, tu es dans quelque chose de plus professionnel. Oh, j’ai trouvé, tu es dans les relations publiques. C’est pour ça que tu es si bonne à lire les gens. Est-ce que j’ai raison ? Je sais que oui.”

      “Tu es vraiment proche, Doyle, mais ce n’est pas tout à fait ça.”

      “Dans ce cas, que fais-tu ?” demanda-t-il.

      “Je suis profileuse criminelle à la Police de Los Angeles.”

      Elle apprécia de pouvoir le dire à voix haute, surtout quand elle le vit écarquiller les yeux, choqué.

      “Comme dans Mindhunter ?”

      “Oui, en quelque sorte. J’aide la police à entrer dans la tête des criminels pour qu’ils aient plus de chances de les attraper.”

      “Eh bien ! Donc, tu chasses les tueurs en série et tout ça ?”

      “Ça fait un moment”, dit-elle en négligeant de préciser qu’elle recherchait un tueur en série particulier et que cela n’avait aucun rapport avec son travail.

      “C’est formidable. Quel boulot cool !”

      “Merci”, dit Jessie, sentant qu’il avait finalement trouvé le courage de lui poser la question qui l’obsédait depuis un certain temps.

      “Alors, quelle est ta situation ? Es-tu célibataire ?”

      “Divorcée, en fait.”

      “Vraiment

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