Le Royaume des Dragons. Морган Райс
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Mais … elle n'en croyait pas ses yeux …
Elle s'approcha suffisamment pour se rendre compte de la taille de l'œuf. Il était énorme, assez gros pour que les bras de Nerra en fassent difficilement le tour. Assez gros pour qu'aucun oiseau ne puisse le couver.
Il était d'un bleu profond, presque noir, veiné d'or, semblable à des lueurs d'éclair sous un ciel nocturne. Nerra s'approcha et voulut le toucher, sa surface était étonnamment chaude, contrairement aux œufs ordinaires. Cela confirmait ses doutes.
Un œuf de dragon.
C'était impossible. A quand remontait la dernière fois où on avait vu un dragon ? Les récits parlaient de gigantesques bêtes ailées volant dans les airs, mais d'œufs, jamais. Les dragons n'étaient pas des créatures sans défense mais des bêtes immenses, terrifiantes et incroyables. Nerra en était persuadée.
La balle est dans mon camp.
Elle aurait pu tourner les talons après avoir découvert l'œuf abandonné, sans la moindre trace de vie, comme le ferait habituellement un oiseau avec sa couvée. Si elle s'en allait, on racontait qu'une entité viendrait manger l'œuf, tuant la créature en son sein. A moins que les gens ne s'en emparent pour le vendre à prix d'or. Ou ne le brise, sous l'emprise de la peur. Les hommes pouvaient parfois se montrer cruels.
Elle ne pouvait pas l'emmener avec elle. Elle s'imaginait franchir les grilles du château, l'œuf de dragon entre ses mains. Son père le lui prendrait sans qu'elle ait le temps de dire "ouf", et le confierait à Maître Grey afin qu'il l'étudie. Dans le meilleur des cas, la créature à l'intérieur finirait en cage avant d'être tuée. Au pire … Nerra tressaillit en imaginant les étudiants de la Maison de la Connaissance le disséquer. Le Docteur Jarran voudrait probablement le prendre pour l'étudier à son tour.
Que faire ?
Nerra se mit à réfléchir.
Elle connaissait les bois comme sa poche. Mieux valait cacher l'œuf en lieu sûr …
Oui, elle connaissait la cachette idéale.
Elle prit l'œuf dans ses bras, son corps fut subitement enveloppé par son étrange chaleur. Il était lourd, Nerra redoutait qu'il ne lui échappe mais elle resserra ses mains afin qu'il ne tombe pas et chemina à travers bois.
Trouver l'endroit idéal lui prit un temps certain, elle cherchait du regard l'entrée de la vieille grotte parmi les trembles, matérialisée par des pierres moussues, donnant sur une petite colline dans les bois. A l'aspect du sol, Nerra comprit que la grotte n'était pas utilisée à des fins d'habitation. C'était parfait ; elle ne tenait pas à ce que son précieux fardeau court un quelconque danger.
L'état de la clairière laissait supposer que les dragons ne nichaient pas mais Nerra en prépara tout de même un pour l'œuf, elle ramassa des brindilles et des branches, des broussailles et de l'herbe qu'elle disposa en ovale avant d'y déposer l'œuf. Elle poussa le tout dans le fond obscur de la grotte, personne ne l'apercevrait de l'extérieur.
“Voilà, tu es désormais en sécurité, le temps que je réfléchisse à ce que je vais bien pouvoir faire de toi.”
Elle occulta volontairement l'entrée de la grotte avec des branches et du feuillage, fit rouler devant l'ouverture des pierres énormes qu'elle déplaça difficilement. Elle espérait que ça suffirait pour dissuader quiconque d'entrer.
Elle venait à peine de terminer lorsqu'un bruit la fit sursauter. Le garçon aperçu précédemment se dissimulait parmi les arbres. Il la dévisageait, comme s'il avait du mal à en croire ses yeux.
“Attendez,” appela Nerra mais son cri perçant le fit tressaillir. Il détala comme un lapin, Nerra se demandait ce qu'il avait bien pu voir, et surtout, s'il raconterait tout.
Elle avait la triste sensation que les dés étaient jetés.
CHAPITRE SEPT
La Princesse Erin savait qu'elle n'avait rien à faire ici, à chevaucher en pleine forêt, au nord du fleuve d'Argent. Elle aurait dû rebrousser chemin et rentrer au château, revêtir sa robe pour le mariage de sa sœur aînée, idée la contrariant grandement.
Cela lui faisait songer à ce qui l'attendait, ce pourquoi elle était partie. Elle aurait préféré chevaucher en chemise, pourpoint et haut-de-chausses que rester plantée là dans sa robe, pendant que Rodry se moquerait d'elle avec ses amis, et que Greave bouderait, quant à … Erin tressaillit. Non, mieux valait être ici et se rendre utile, elle leur prouverait à tous qu'elle n'était pas qu'une fille bonne à marier.
Elle cheminait dans la forêt, observant les plantes le long du sentier, bien que Nerra soit plus fascinée par la botanique qu'elle. Elle passa à côté d'un gros chêne et d'un bouleau, leurs frondaisons procurait un ombrage abondant, tout en essayant de ne pas songer à toutes ces zones sombres, idéales pour une cachette.
Son père serait certainement furieux qu'elle soit partie sans escorte. Une princesse ne devait pas s'aventurer à l'extérieur sans protection, lui aurait-il dit, dans des endroits pareils, là où la forêt est la plus dense, le sentier à peine dessiné. Même s'il avait probablement d'autres raisons de lui en vouloir. Il croyait certainement qu'elle n'avait pas entendu la conversation qu'il avait eu avec sa mère, discussion qui lui avait fait prendre illico le chemin des écuries.
“Nous devons trouver un mari pour Erin,” disait sa mère.
“Un mari ? Je pencherais plutôt pour des leçons d'escrime,” avait répondu son père.
“C'est bien là le problème. Une fille ne peut pas faire ce genre de choses et se mettre en danger. Nous devons lui trouver un mari.”
“Après le mariage,” avait rétorqué son père. “Tous les gentilshommes des environs seront là pour la fête et participer à la chasse. Nous trouverons peut-être un jeune homme digne d'elle.”
“Nous devrions peut-être offrir une dot.”
“Certainement. De l'or, un duché, rien n'est trop beau pour ma fille.”
Elle s'était sentie immédiatement et irrémédiablement trahie. Erin avait fait irruption dans sa chambre pour prendre ses affaires : sa canne et ses vêtements, ainsi qu'un sac rempli du nécessaire. Elle s'était jurée de ne plus jamais revenir.
“Qui plus est,” dit-elle à son cheval, “je suis assez grande pour faire comme bon me semble.”
A seize ans, c'était la benjamine des sœurs. Elle ne correspondait pas à l'idéal que sa mère se faisait d'une fille—un vrai garçon manqué avec ses cheveux coupés courts aux épaules afin de ne pas être gênée dans ses mouvements, elle n'était pas versée dans les travaux d'aiguille, la harpe ou férue des bonnes manières—mais était tout à fait capable de s'en sortir seule.
Du moins le croyait-elle.
Elle aurait tant aimé faire partie du cercle très fermé des Chevaliers d'Argent. Le cœur d'Erin s'emballait à la simple évocation de ce nom. Ils incarnaient la fine fleur des guerriers