Le Royaume des Dragons. Морган Райс
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Читать онлайн книгу Le Royaume des Dragons - Морган Райс страница 11
“C'est exact—tu es un traître. Agresser un membre de la famille royale équivaut à une trahison, les traîtres doivent mourir.”
Il brandit son épée en direction de Devin, qui s'empara instinctivement de la première chose qui lui tomba sous la main, en l'occurrence un de ses marteaux de forgeron qu'il leva pour parer le coup, le bruit du fer contre fer retentit tandis qu'il empêchait l'épée de lui fendre le crâne en deux. Ses mains tremblaient sous l'impact mais il n'avait pas le temps d'y songer. Le marteau se frotta contre la lame de l'épée et l'arracha violemment de la main du prince, l'envoyant valser parmi le tas d'armures disloquées.
Il s’arrêta de lui-même. Il était fâché que le prince entre et se permette de s’en prendre à lui mais Devin avait une sainte patience. Le travail du métal l’exigeait. Un homme impatient à la forge se blessait forcément.
“Vous avez vu ?” lança le prince Vars en pointant un doigt tremblant de colère ou de peur. “Il m’a frappé ! Emparez-vous de lui. Qu’on l’enferme dans le cachot le plus sombre du château, il sera pendu au matin.”
Les jeunes hommes qui l’entouraient ne paraissaient pas pressés de réagir, mais ils n’allaient évidemment pas rester plantés là sans rien faire alors qu’un moins que rien comme Devin affrontait un prince en duel. La plupart tenaient encore les lances ou épées qu’ils avaient maladroitement essayées, Devin était encerclé par des armes pointant vers son cœur.
“Je ne cherche pas la bagarre,” répondit Devin, ne sachant que répondre. Il laissa tomber le marteau dans un bruit mat, il n’en avait désormais plus besoin. Que pouvait-il faire, seul contre tous ? Bien qu’il subodore être une meilleure lame que les hommes ici présents, ils étaient trop nombreux pour qu’il tente quoi que ce soit, et quand bien même ? Où se réfugierait-il, que deviendrait sa famille ?
“La prison ne sera pas nécessaire,” lança le prince Vars. “Je vais lui trancher la tête en public. Mettez-le à genoux. J’ai dit 'à genoux' !” répéta-t-il devant la lenteur de ses hommes.
Quatre d’entre eux s’approchèrent et mirent Devin à terre, les autres le mettaient en joue. Entre temps, le prince Vars, avait ramassé son épée. Il la souleva en la soupesant ostensiblement, Devin comprit qu’il allait mourir. La peur l’envahit, il n’avait aucune échappatoire. Peu importait qu’il réfléchisse à toute allure et qu’il soit fort, ça n’y changerait rien. Les autres n’étaient peut-être pas d’accord avec la décision du prince mais ils se devaient d’être là. Ils le regarderaient se faire trancher la tête par le prince …
… la Terre cessa de tourner l’espace d’un instant, les battements de son cœur s'amenuisaient. A cet instant précis, il aurait presque pu voir les muscles du prince se dessiner, l'étincelle de ses pensées le parcourir. Les atteindre et les modifier serait d’une facilité déconcertante.
“Aïe ! Mon bras !” hurla le prince Vars, lâchant son épée dans un bruit fracassant.
Devin regarda derrière lui, abasourdi. Il essayait de comprendre ce qui venait de faire.
ll était terrorisé par son pouvoir.
Le prince tenait son bras, tentant de dissiper la sensation bizarre qui s'était emparée de ses doigts.
Devin se contentait de le dévisager. Il avait bien fait quelque chose ? Comment ? Il avait réussi à provoquer une crampe, par la seule volonté de sa pensée ?
Il se remémora son rêve …
“Ça suffit,” lança une voix, les interrompant. “Laisse-le.”
Le prince Rodry franchit le barrage des armes, les jeunes hommes les baissèrent pour toute réponse, poussant presque un soupir de soulagement.
Devin était soulagé mais gardait néanmoins le prince Vars et l’arme qu'il tenait à l’œil.
“Ça suffit, Vars,” dit Rodry. Il s'interposa entre Devin et le prince Vars, qui hésita un instant. Devin craignait qu'il lui assène un coup d'épée malgré la présence de son frère.
Il finit par l'écarter.
“Je ne voulais pas venir, de toute façon,” lança-t-il avant de partir en trombe.
Le prince Rodry se tourna vers Devin, les hommes qui le retenaient le relâchèrent aussitôt. “Tu as fait preuve de courage en défendant ton ami,” dit-il en soulevant sa lance. “Et tu travailles bien. Il paraît que c'est toi qui l'as faite.”
“Oui, Votre Altesse,” répondit Devin. Il ne savait que penser. En l'espace de quelques secondes, il avait failli être décapité, puis relâché, on l'avait pris pour un traître et complimenté pour son travail. C'était insensé, mais après tout, pourquoi les choses devaient forcément avoir un sens dans un monde où il était investi de pouvoirs … magiques ?
Le prince Rodry acquiesça et se tourna pour s'en aller. “Sois plus attentif à l'avenir. Je ne serai pas toujours là pour te tirer d'affaire.”
Devin mit de longues secondes avant de se relever, sa respiration était saccadée. Il regarda Nem comprimer la blessure de son bras replié, effrayé et secoué par ce qui venait de se produire.
Le vieux Gund vint à sa rescousse, s'occupa du bras de Nem qu'il enveloppa dans une bandelette de tissu. Il regarda alors Devin.
“Tu ne pouvais pas te mêler de tes affaires ?”
“Je n'allais pas laisser Nem se faire frapper,” répondit Devin. Il le referait sans hésiter si c'était à refaire.
“Il s'en serait tiré au pire avec une bonne raclée,” asséna Gund. “On a vu pire. Et maintenant … va-t'en.”
“M'en aller ?” répondit Devin. “Maintenant ?”
“Maintenant et les jours suivants, imbécile,” annonça Gund. “Crois-tu que nous puissions garder parmi nous un homme qui affronte un prince dans la Maison des Armes ?”
Devin sentit son cœur s'arrêter. Quitter la Maison des Armes ? Sa seule et unique vraie maison ?
“Mais je n'ai—” commença Devin avant de s'arrêter.
Il n'était pas comme Nem, qui croyait que tout se passait toujours pour le mieux dans le meilleur des mondes. Gund l'aurait forcément fichu dehors ; Devin savait que son intervention lui coûterait sa place, avant même de s'en mêler.
Devin baissa les yeux et acquiesça, il n'avait rien d'autre à ajouter. Il se détourna comme pour s'en aller.
“Attends,” Nem le rappela. Il courut à son établi et revint avec une chose enveloppée dans un chiffon. “Je … ce n'est pas grand-chose. Tu m'as sauvé la vie. C'est à toi.”
“Je l'ai fait parce que je suis ton ami,” lui répondit Devin. “Inutile de me faire un présent.”
“Ça me fait plaisir. S'il avait brisé ma main, je n'aurais plus été capable de rien, prends, c'est moi qui l'ai fait.”
Il la donna à Devin, qui s'en saisit soigneusement et l'ouvrit … c'était une épée,