Le Royaume des Dragons. Морган Райс
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“Elle n'est pas terminée,” lui dit Nem, “mais je sais que tu la finiras mieux que moi, je te jure que l'acier est de bonne qualité.”
Devin donna un coup pour voir, la lame fendit l'air. Il voulait lui dire que c'était trop, qu'il ne pouvait pas accepter mais il voyait bien que Nem avait plaisir à la lui offrir.
“Merci, Nem.”
“Vous avez terminé, tous les deux ?” demanda Gund en regardant Devin. “Ton départ me chagrine. Tu es un bon ouvrier, meilleur forgeron que la plupart de mes hommes mais je ne peux pas te garder, ça pourrait nous retomber dessus. Tu dois t'en aller, mon garçon. Maintenant.”
Devin voulut répondre, tout en sachant que cela ne servirait à rien, sa place n'était plus ici. Il ne voulait pas passer pour un indésirable. Ce n'était pas ainsi qu'il voyait les choses. Travailler ici était un simple moyen de subsistance. Il rêvait d'être chevalier et voilà que …
Son rêve le conduisait à se comporter étrangement. Il devait en avoir le cœur net.
Ta vie changera à tout jamais.
Etait-ce ce que l'enchanteur avait voulu dire ?
Devin n'avait pas le choix. Il ne pouvait pas retourner en arrière, retourner à la forge et faire comme si de rien n'était.
Il s'élança vers la cité. Vers son destin.
L'avenir lui tendait les bras.
CHAPITRE SIX
Nerra se promenait seule dans la forêt, se faufilait parmi les arbres, savourant la sensation des rayons de soleil sur son visage. Elle imaginait que son absence ne serait pas passée inaperçue au château mais supposait que personne n'en avait cure. Sa présence ne ferait que compliquer les préparatifs du mariage.
Elle se sentait chez elle, ici, dans les bois. Elle avait piqué des fleurs dans ses tresses brunes, retiré ses bottes qu'elle portait nouées sur son épaule, elle aimait sentir l'humus sous ses pieds nus. Sa silhouette élancée sinuait entre les arbres, sa robe à manches longues aux couleurs automnales se fondait dans le paysage. Sa mère n'avait eu de cesse de lui seriner qu'elle était contrainte de sortir les bras couverts. Sa famille exceptée, personne n'était au courant de son infirmité.
Elle adorait le grand air, les plantes et leurs noms, la jacinthe et la berce, le chêne et l'orme, la lavande et les champignons. Elle connaissait leurs noms mais également leurs vertus médicinales, tantôt bénéfiques, tantôt vénéneuses. Elle espérait secrètement passer sa vie ici, libre, en paix. Qui sait ; elle parviendrait peut-être à persuader son père de lui bâtir une maison en pleine forêt, elle pourrait alors mettre ses aptitudes au service des malades et des blessés.
Nerra esquissa un pâle sourire, elle savait que son rêve ne se réaliserait jamais, alors … Nerra n'osait y songer mais elle ne tiendrait plus bien longtemps. Si tel était le cas, elle ne voulait plus vivre cette vie. La maladie la tuerait ou la transformerait bien assez tôt.
Nerra ramassa un bout d'écorce de saule, c'était bon pour les douleurs, elle mit les morceaux dans sa sacoche.
J'en aurais besoin très prochainement, songeait-elle. Elle ne ressentait aucune douleur aujourd'hui mais le fils de la veuve Merril, en ville, en aurait peut-être besoin. On disait qu'il avait la fièvre, Nerra était naturellement douée pour soigner les malades.
J'aimerais pouvoir passer un jour sans y penser.
Le fait d'y penser provoqua un étourdissement à Nerra, qui dut prendre appui contre un tronc pour ne pas tomber. Elle s'y accrocha, haletante, attendant que la sensation de vertige disparaisse. Elle sentait la pulsation dans son bras droit, ça la brûlait, la piquait, comme si quelque chose rampait sous sa peau.
Nerra s'assit sous les hautes frondaisons et fit ce qu'elle n'osait jamais faire au château : relever ses manches, dans l'espoir que la fraîcheur ambiante lui soit bénéfique, tous les autres remèdes ayant échoué jusqu'alors.
Elle était habituée à voir ces traces noires sur ses bras, telles des veines marbrant sa peau d'une pâleur translucide. Les marques s'étaient-elles étendues depuis la dernière fois ? Nerra n'aurait su le dire, elle évitait de les regarder et n'osait les montrer à personne. Ses frères et sœurs savaient pour ses évanouissements mais ignoraient le fin mot de l'histoire. Seuls ses parents, Maître Grey et le médecin de confiance de son père étaient au courant.
Nerra en connaissait la raison. Les personnes portant ces marques étaient bannies par crainte de contagion, par crainte de ce que cela impliquait. On racontait que les personnes atteintes de la maladie de l'homme de pierre se métamorphosaient en créatures inhumaines, ceux qui en réchappaient en mourrait.
“Je me dois de rester seule,” dit-elle à haute voix en baissant ses manches, la vue de ses bras la peinait immensément.
La solitude lui pesait. Elle adorait la forêt mais l'absence d'amis était un réel fardeau. Elle n'avait jamais eu d'amis étant enfant, ils auraient pu s'en apercevoir, contrairement à Lenore et sa cour de suivantes et nobliaux. Elle n'avait aucun prétendant, les galants hommes ne se bousculaient pas au portillon, qui voudrait d'une malade. Nerra rêvait d'être comme elle, de mener une vie normale, d'être belle et en bonne santé. Ses parents lui auraient présenté un gentilhomme à épouser, comme Lenore. Nerra aurait eu une maison, une famille, des amis, elle aurait pu aider. Mais … non.
La forêt est triste par ma faute, songea Nerra en souriant tristement.
Elle se leva et poursuivit son chemin, bien décidée à jouir de cette belle journée. Une chasse aurait lieu demain, les nombreux participants l'empêcheraient de profiter des environs. Elle devrait discuter aimablement avec les chasseurs s'enorgueillissant de tuer les créatures peuplant la forêt, le bruit de cors de chasse serait assourdissant.
Nerra entendit quelque chose ; non pas un cor de chasse mais un bruit non loin. Elle crut apercevoir la silhouette d'un jeune garçon dans un arbre, mais n'en était pas certaine. Elle s'inquiétait. Avait-il tout vu ?
C'était certainement trois fois rien. Nerra savait que des gens arpentaient les bois. Ce pouvait être des brûleurs de charbon ou des bûcherons ; voire, des braconniers. Qui que ce soit, Nerra ne tarderait pas à les rencontrer si elle poursuivait son chemin. Elle n'aimait pas ça, elle craignait qu'ils n'en voient trop, elle décida de changer de direction, au hasard. Elle connaissait son chemin dans la forêt et ne courait aucun risque de se perdre. Elle tomba sur du houx, des bouleaux, des chélidoines et autres rosiers sauvages au fil de sa progression.
Et autre chose.
Nerra s'arrêta aux abords d'une clairière visiblement occupée, des branches étaient brisées, le sol, labouré. Par un sanglier peut-être, ou toute une horde ? A moins qu'un ours rôde dans les parages, la meute à ses trousses ? Nerra ne voyait pas d'ours parmi les arbres, rien qui suppose qu'un animal soit arrivé ici debout sur ses pattes.
Un œuf trônait