Le Royaume des Dragons. Морган Райс

Чтение книги онлайн.

Читать онлайн книгу Le Royaume des Dragons - Морган Райс страница 5

Le Royaume des Dragons - Морган Райс

Скачать книгу

      Un homme était assis, jambes croisées, dans le peu d'espace restant, au centre d'un cercle tracée à la craie et entouré de bougies. Il était chauve et fixait Devin d'un air sérieux. Sa robe richement rebrodée arborait des écussons et bijoux décorés de motifs mystiques.

      “Vous me connaissez ?” demanda Devin en s'approchant.

      Un long silence s'ensuivit, si long que Devin se demanda s'il lui avait effectivement posé la question.

      “Dans mes rêves, les étoiles m'ont dit que tu viendrais si j'attendais,” finir par dire la voix. “Tu es l'élu.”

      Devin comprit de qui il s'agissait.

      “Vous êtes Maître Grey, le sorcier du roi.”

      Il déglutit péniblement. On racontait que cet homme pouvait percevoir des choses qu'aucun homme sain d'esprit n'aurait voulu voir ; qu'il avait prédit au Roi la mort de sa première femme, les gens lui avait ri au nez jusqu'à ce qu'elle s'évanouisse et se fracasse le crâne sur un pont en pierres. On racontait qu'il pouvait lire dans l'âme d'un homme et raconter ce qu'il y avait vu.

      Tu es l'élu.

      Que voulait-il dire par là ?

      “Vous êtes Maître Grey.”

      “Tu es né à une époque improbable. J'ai remué ciel et terre pour te trouver, et te voilà.”

      Le cœur de Devin s'emballa, le sorcier du roi connaissait son identité. Pourquoi un homme si éminent s'intéressait-il donc à lui ?

      Il comprit à cet instant précis que son rêve n'en était pas un.

      Il s'agissait d'une épreuve initiatique.

      “Qu'attendez-vous de moi ?” demanda Devin.

      “Ce que j'attends ?” sa question prit le sorcier de court, si tant est que ce soit possible. “Je voulais te voir en personne. Te voir en ce jour, avant que ta vie ne change à tout jamais.”

      Devin mourait d'envie de le questionner mais Maître Grey se pencha pour moucher l'une des bougies à l'aide de deux longs doigts, en murmurant des paroles inaudibles.

      Devin voulut s'approcher, comprendre ce qui se passait mais une force formidable le tira en arrière, à l'extérieur de la tour, dans le noir …

      ***

      “Devin !” l'appela sa mère. “Lève-toi sans quoi tu peux faire une croix sur ton petit déjeuner.”

      Devin pesta en ouvrant les yeux. L'aurore pointait déjà par la fenêtre de la petite maison familiale. Il n'arriverait pas à temps à la forge s'il ne se hâtait pas, et n'aurait le temps de rien, hormis se mettre immédiatement au travail.

      Allongé dans son lit, le souffle court, il tentait de s'extraire des rêves si réels qui lui collaient à la peau.

      Peine perdue. Ses rêves étaient plus pesants qu'une chape de plomb.

      “DEVIN !”

      Devin secoua la tête.

      Il sauta à bas du lit et se dépêcha de s'habiller. Ses vêtements ordinaires étaient reprisés à certains endroits. Certains, hérités de son père, ne lui allaient pas très bien ; à seize ans, Devin était encore mince, pas plus costaud que la moyenne des garçons de son âge, bien que légèrement plus grand. Il repoussa une mèche brune devant ses yeux, ses mains portaient les marques de brûlures et coupures, stigmates de son travail à la forge, ce serait encore pire l'âge aidant. Le vieux Gund, rompu au dur labeur, ne bougeait pratiquement plus ses doigts.

      Devin s'habilla et se dépêcha de rejoindre la cuisine de la maisonnette. Il s'installa à table et mangea son ragoût en compagnie de ses père et mère. Il essuya son assiette avec un morceau de pain dur, ce repas, bien que simple, lui serait nécessaire pour affronter le dur labeur qui l'attendait à la forge. Sa mère était menue comme un oiseau. Elle semblait si fragile à côté de lui, il craignait qu'un jour elle se brise sous le dur labeur quotidien, et pourtant.

      Son père était aussi petit que lui mais large d'épaules et musclé, fort comme un roc. Des mains aussi larges qu'un marteau, les tatouages serpentant sur ses avant-bras racontaient des récits d'autres territoires du Royaume du Sud, des terres situés par-delà les mers. Une petite carte mentionnait les deux territoires mais également l'île de Leveros et le continent de Sarras, de l'autre côté de la mer.

      “Pourquoi regardes-tu mes bras, fiston ?” demanda brusquement son père. Cet homme n'était pas du genre affectueux. Lorsque Devin était entré à la forge, prouvant ainsi qu'il était aussi valable que les meilleurs maîtres à la fabrication des armes, son père s'était fendu d'un simple signe de tête.

      Devin mourrait d'envie de lui raconter son rêve mais préféra s'abstenir. Son père se moquerait de lui et entrerait dans une colère noire.

      “Je regardais un tatouage que je n'avais encore jamais vu.” En général son père portait des manches longues, Devin ne le voyait donc que rarement. “Pourquoi on voit Sarras et Leveros ? Tu y es allé quand tu étais—”

      “Mêle-toi de tes affaires !” aboya son père, cette simple question l'avais mis dans une colère noire. Il baissa ses manches hâtivement et rattacha les boutons à ses poignets, les cachant ainsi à la vue de Devin. “Ne pose pas ce genre de question !”

      “Excuse-moi.” Il y avait des jours comme ça où Devin ne savait pas quoi dire à son père ; des jours où il n'avait pas l'impression d'être son fils. “Je pars au travail.”

      “Déjà ? Tu vas encore t'entraîner au maniement de l'épée, c'est ça ? Pour devenir chevalier.”

      Sa colère montait crescendo, Devin n'en comprenait pas la raison.

      “Ce serait donc si terrible ?” osa demander Devin.

      “Reste à ta place,” lança son père. “Tu n'es pas un chevalier mais un vulgaire villageois—comme nous tous.”

      Devin se fit violence pour ne pas se rebiffer. Son travail ne commencerait que dans une heure mais il savait que s'il restait, la discussion terminerait forcément en dispute, comme à chaque fois.

      Il se leva sans même terminer son repas et sortit.

      Un timide soleil l'accueillit. La ville dormait encore, tout était paisible au petit matin, même parmi ceux qui rentraient chez eux après un travail de nuit. Devin avait les rues désertes pour lui tout seul, il se dirigea vers la forge en courant comme un dératé sur les pavés. Plus vite il serait rendu, plus il aurait de temps, de plus, il avait toujours entendu les maîtres dire à leurs apprentis que l'exercice était vital pour faire preuve d'ardeur au combat. Devin ne savait pas vraiment si les autres faisaient de même mais lui, en tous cas, oui. Il devait mobiliser tous ses atouts pour espérer devenir chevalier.

      Devin se fraya un chemin en ville en courant de plus en plus vite, essayant de se débarrasser des réminiscences de son rêve. L'avait-il réellement rencontré ?

      Tu es l'élu.

      Qu'avait-il voulu dire ?

Скачать книгу