Le Fichier Zéro. Джек Марс
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“D’accord.” Le président hocha la tête et leva la boîte en bois sombre dans ses mains. “Agent Zéro, c’est un grand honneur et un réel plaisir pour moi de vous décerner cette Honorable Croix du Renseignement.”
Reid fit un signe de tête en s’efforçant de se tenir debout bien droit et stable pendant que Pierson soulevait le couvercle pour révéler la médaille en or de huit centimètres, nichée dans la boîte. Il la tendit doucement à Reid qui s’en saisit.
“Merci. Euh, Monsieur le Président.”
“Non,” dit Pierson. “Merci à vous, Agent Zéro.”
Agent Zéro.
La salle se mit à applaudir et Zéro leva rapidement les yeux d’étonnement. Il avait presque oublié qu’il y avait d’autres personnes dans le Bureau Ovale. Debout à gauche du bureau de Pierson, se trouvait le Vice-Président Cole et, à côté de lui, étaient les Secrétaires de la Défense, de la Sécurité Intérieure et d’État. Face à eux, il y avait Christopher Poe, chef du FBI, le Gouverneur Thompson de New York et le Directeur du Renseignement National John Hillis.
À côté du DRN, se trouvait le propre patron de Zéro, le Directeur de la CIA Mullen, ses mains applaudissant de manière exagérée, mais émettant à peine le moindre bruit. Son crâne chauve, entouré d’une auréole de cheveux gris, luisait sous l’éclairage de la pièce. La Directrice Adjointe Ashleigh Riker se tenait à côté de lui, dans son éternel uniforme composé d’une jupe crayon gris anthracite avec un blazer de la même teinte.
Il savait pour eux. Ces gens en train de l’applaudir, il avait rassemblé des renseignements sur chacun d’entre eux qui suggéraient qu’ils étaient impliqués dans le complot. Cette connaissance lui revenait comme si elle n’était jamais partie. Le Secrétaire de la Défense, le Général à la retraite Quentin Rigby, le Vice-Président Cole, même le DRN Hillis, le seul homme à part le Président Pierson à qui Mullen avait des comptes à rendre : personne n’était innocent parmi eux. Ils étaient indignes de confiance. Ils trempaient tous là-dedans.
Deux ans auparavant, Zéro avait découvert le complot, du moins en partie, et il avait monté un dossier. Alors qu’il interrogeait un terroriste sur le site secret E-6 au Maroc, Zéro avait appris l’existence de cette conspiration des États-Unis pour fomenter une guerre au Moyen Orient.
Le détroit… c’était le déclencheur. L’intention des USA était de prendre le contrôle de l’étroit détroit entre le Golfe d’Oman et l’Iran, une voie de passage mondiale pour le transport du pétrole et l’un des emplacements stratégiques maritimes les plus convoités au monde. Ce n’était un secret pour personne que les États-Unis disposaient d’une présence importante dans le Golfe Persique avec une flotte entière, et tout ceci pour une seule raison : protéger leurs intérêts. Et leurs intérêts convergeaient vers une seule ressource.
Le pétrole.
Voilà ce dont il s’agissait. Voilà ce dont il s’était toujours agi. Le pétrole signifiait l’argent et l’argent signifiait que les gens au pouvoir devaient rester au pouvoir.
L’attaque de la Confrérie sur la ville de New York avait été le catalyseur. Une attaque terroriste de grande ampleur était pile le type de provocation dont le gouvernement avait besoin non seulement pour justifier la guerre, mais également pour rallier les américains à un patriotisme abject. Ils avaient vu que ça avait déjà marché après l’attaque du 11 Septembre et avaient gardé cette notion en tête jusqu’à ce qu’ils aient à nouveau besoin de la ressortir.
Awad Ben Saddam, le jeune chef de la Confrérie qui croyait avoir orchestré l’attaque, n’avait été qu’un pion. Il avait involontairement été amené aux conclusions qu’il pensait avoir tirées lui-même. Le marchand d’arme libyen qui avait fourni aux terroristes des drones submersibles était sans doute le lien entre les USA et la Confrérie. Mais il n’existait aucun moyen de le prouver désormais. Le libyen était mort. Ben Saddam était mort. Quiconque en mesure de confirmer les intuitions de Zéro était mort.
Et maintenant, le catalyseur s’était produit. Même si Zéro et sa petite équipe avaient empêché les pertes humaines de grande ampleur espérées par Ben Saddam, il y avait eu des centaines de morts et le tunnel Midtown était détruit. Le peuple américain était meurtri. La xénophobie et l’hostilité envers les moyen-orientaux était déjà en train de se propager à toute vitesse.
Deux ans plus tôt, il avait cru avoir le temps de monter un dossier, de réunir des preuves… mais étaient arrivés Amon, Rais et le suppresseur de mémoire. Maintenant, le temps lui manquait. Les gens qui l’entouraient et qui l’applaudissaient, ces chefs de l’état et du gouvernement, étaient sur le point de déclarer une guerre.
Mais cette fois, Zéro n’était pas seul.
À sa gauche, debout en rang à côté de lui face au bureau du président, se trouvaient des gens qu’il considérait comme ses amis. Ceux en qui il pouvait avoir confiance ou, plutôt, en qui il pensait pouvoir faire confiance.
John Watson. Todd Strickland. Maria Johansson.
Le véritable nom de Watson est Oliver Brown. Il est né et a grandi à Detroit. Il a perdu son fils de six ans d’une leucémie il y a trois ans.
Le vrai prénom de Maria est Clara. Elle te l’a dit après la première nuit que vous avez passée ensemble. Après la mort de Kate.
Non. Après l’assassinat de Kate.
Mon dieu. Kate. Le souvenir l’avait frappé comme un coup de marteau sur la tête. Elle avait été empoisonnée par une toxine puissante qui avait causé un arrêt respiratoire et cardiaque alors qu’elle se rendait à sa voiture en sortant du travail. Zéro avait toujours cru que c’était l’œuvre d’Amon et de leur principal assassin, mais les dernières paroles de Rais avant de mourir n’avaient rien été d’autre que trois lettres.
C-I-A.
Il faut que je sorte d’ici.
“Agents,” dit le Président Pierson, “je vous remercie une nouvelle fois pour vos services au nom du peuple américain.” Il leur fit un grand sourire à tous les quatre, avant de s’adresser à toute l’assemblée présente dans la pièce. “Maintenant, nous avons un excellent déjeuner qui nous attend dans la Salle à Manger de l’֥État, si vous voulez bien me suivre. C’est par ici…”
“Monsieur,” l’interrompit Zéro. Pierson se tourna vers lui, le sourire toujours aux lèvres. “J’apprécie votre proposition mais, si cela ne vous dérange pas, je, euh… Je crois vraiment qu’il faut que j’aille me reposer.” Il leva sa main droite enveloppée, épaisse comme le gant d’un receveur au baseball. “Ma tête somnole à cause des médicaments.”
Pierson hocha profondément la tête. “Bien sûr, Zéro. Vous méritez de prendre du repos et de passer du temps avec votre famille. Même si ça semble un peu incongru de donner une réception sans la présence de l’invité d’honneur, je doute que ce soit la dernière fois que nous nous voyons vous et moi.” Le président sourit à nouveau. “Ce doit être, quoi, la quatrième fois que nous nous rencontrons ainsi ?”
Zéro s’efforça de sourire à son tour. “La cinquième, si je ne me trompe pas.” Il serra une fois de plus la main du président,