Le Fichier Zéro. Джек Марс

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Le Fichier Zéro - Джек Марс

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vitre blindée de la cabine du pont, conçue pour supporter de puissants tirs balistiques. Ils ne sentirent aucune onde de choc, absorbée qu’elle fut par le vaste Golfe Persique. Mais il la vit. Il vit la boule de feu orange s’élever dans le ciel tandis que le navire CGRI était, comme il l’avait prédit, détruit en quelques secondes par une rafale de torpilles venant du destroyer américain.

      La traînée verte disparut de son écran. “Cible détruite,” confirma-t-il d’une voix basse. Il n’avait aucune idée du nombre de personnes qui venaient d’être tuées. Vingt. Peut-être cinquante. Ou même une centaine.

      Davis se leva aussi et regarda par la fenêtre. Alors que le feu orange se dissipait, le navire déchiré sombra rapidement dans les profondeurs du Golfe Persique. C’était peut-être dû à l’angle ou au reflet du soleil, mais il aurait juré voir ses yeux briller sous la menace des larmes.

      “Cohen ?” dit-il à voix basse, presque dans un murmure. “Est-ce qu’on vient juste de déclencher la Troisième Guerre Mondiale ?”

      Cinq minutes auparavant, la guerre était bien la dernière chose que le Lieutenant Thomas Cohen avait à l’esprit. Mais, à présent, il avait toutes les raisons de croire qu’il ne serait pas chez lui, à Pensacola, dans trois semaines.

      CHAPITRE TROIS

      “Excusez-moi,” dit Zéro, “pensez-vous pouvoir conduire juste un peu plus vite ?” Il était assis sur la banquette arrière d’une berline noire, tandis que le chauffeur de la Maison Blanche le ramenait à Alexandria, à moins de trente minutes de Washington, DC. Le trajet se déroula quasiment en silence, au grand soulagement de Zéro qui eut quelques précieuses minutes pour pouvoir réfléchir. Ce n’était pas le moment de passer en revue le déluge de nouvelles compétences retrouvées ou d’éléments déverrouillés dans sa tête. Il devait se concentrer sur la tâche à accomplir.

      Réfléchis, Zéro. Qui, à ta connaissance, trempe là-dedans ? Le secrétaire de la défense, le vice-président, des membres du congrès, une poignée de sénateurs, des membres de la NSA, du Conseil de la Sécurité Nationale et même de la CIA… Des noms et des visages traversèrent son esprit comme dans une liste déroulante. Zéro inspira d’un coup, tandis qu’une céphalée de tension commençait à se former à l’avant de son crâne. Il avait enquêté sur bon nombre d’entre eux et même trouvé quelques preuves dont il avait enfermé les documents dans son coffre-fort d’Arlington, mais il craignait fort que ce ne soit pas suffisant pour réellement prouver ce qui était en train de se passer.

      Son téléphone mobile se mit à sonner dans sa poche mais il décida de ne pas répondre.

      Pourquoi maintenant ? Il n’avait pas besoin de ses nouveaux souvenirs pour répondre à cette question-là. C’était une année électorale. Dans un peu plus de six mois, Pierson serait soit réélu pour un second mandat ou alors remplacé par un Démocrate. Et rien ne susciterait plus de soutien qu’une campagne réussie contre un ennemi hostile.

      Il était certain que Pierson ne faisait pas partie du complot. D’ailleurs, Zéro se souvint tout à coup que Pierson, lors de sa première année au pouvoir, avait signé un décret pour diminuer la présence militaire américaine en Irak et en Iran. Il était opposé à une nouvelle guerre au Moyen Orient sans provocation… raison pour laquelle ceux qui œuvraient dans l’ombre avaient besoin d’un catalyseur comme la Confrérie.

      Et pendant que les USA diminuaient leur présence, les russes augmentaient la leur. Maria avait mentionné le fait que les ukrainiens s’inquiétaient que la Russie tente de s’emparer de sites de production de pétrole dans la Mer Noire. C’était la raison pour laquelle elle s’était prudemment alliée à eux afin de partager des informations. Les conspirateurs américains étaient de mèche avec les russes. Les USA auraient le détroit et les russes obtiendraient la Mer Noire. Les États-Unis ne feraient rien pour empêcher la Russie d’atteindre ses objectifs, et la Russie répondrait de la même façon, peut-être même en les soutenant au Moyen Orient.

      Deux des super-puissances mondiales deviendraient plus riches, plus puissantes et quasiment inarrêtables. Et tant qu’elles demeureraient en paix ensemble, il n’y aurait personne pour s’opposer à elles.

      Son téléphone sonna à nouveau. C’était un appel en inconnu. Il se demanda un bref instant s’il pouvait s’agir du Directeur Adjoint Cartwright. Le patron direct de Zéro à la Division des Activités Spéciales de la CIA avait été étrangement absent lors de la réunion dans le Bureau Ovale avec le Président Pierson. Des obligations professionnelles l’avaient peut-être retenu, mais Zéro avait des doutes. Toutefois, l’appelant (ou les appelants) n’avait pas laissé de message vocal et Zéro se fichait pas mal de qui pouvait vouloir le joindre à la CIA.

      Alors qu’ils se rapprochaient de sa maison de Spruce Street, il passa deux appels. Le premier fut pour l’Université de Georgetown. “C’est le Professeur Reid Lawson. J’ai bien peur d’avoir attrapé un virus. Ce doit être la grippe. Je vais aller voir le médecin aujourd’hui. Pouvez-vous demander au Dr. Ford s’il est disponible pour assurer mes cours ?”

      Le deuxième appel fut pour le Third Street Garage.

      “Ouais,” répondit le type sur un ton bourru.

      “Mitch ? C’est Zéro.”

      “Mmh,” grommela le mécanicien comme s’il s’était attendu à son appel. Mitch était un homme qui parlait peu. C’était également une ressource de la CIA qui avait aidé Zéro quand il avait eu besoin de sortir ses filles des griffes de Rais et d’un réseau de trafiquants humains.

      “Quelque chose se trame. Je vais peut-être avoir besoin d’une extraction pour deux. Peux-tu rester en standby ?” Les mots sortirent de sa bouche comme s’ils étaient bien rodés… parce que c’était le cas, se dit-il, même s’il ne les avait pas prononcés depuis un bout de temps. Il ne pouvait pas risquer de le demander à Watson ou Strickland : ils étaient probablement surveillés tout autant que lui. Mais Mitch opérait en dehors des radars.

      “Compte sur moi,” se contenta de dire Mitch.

      “Merci. Je te rappelle.” Il raccrocha. Son premier instinct lui dictait d’emmener ses filles immédiatement dans une planque sécurisée, mais tout changement dans leur emploi du temps habituel ne ferait qu’éveiller les soupçons. L’extraction de Mitch était une mesure de sécurité au cas où il aurait des raisons de croire que les vies de ses filles seraient en danger imminent. Et malgré l’inquiétude suscitée par son sentiment accru de paranoïa, il avait de nombreuses raisons de penser que c’était justifié.

      Sa maison de deux étages se trouvait à l’angle d’un lotissement du quartier résidentiel d’Alexandria. De l’autre côté de la rue, se trouvait une maison vacante actuellement à la vente. C’était l’ancienne résidence de David Thompson, agent de terrain de la CIA à la retraite qui avait été tué dans l’entrée de chez Zéro.

      Il ouvrit la porte et saisit rapidement le code de sécurité du système d’alarme. Il avait configuré le système pour que ce code soit saisi à chaque fois que quelqu’un entrait ou sortait, peu importe qui se trouvait à la maison à ce moment-là. Si le code n’était pas entré dans les soixante secondes suivant l’ouverture de la porte, une alarme sonnait et la police locale était alertée. En plus du système d’alarme, il y avait des caméras de sécurité, à la fois dehors et dedans, des verrous aux portes et aux fenêtres, ainsi qu’une salle de crise au sous-sol avec une porte de sécurité en acier.

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