Le Piège Zéro. Джек Марс
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“Écoutez,” dit-il. “Je sais que ça n’a pas été facile ces derniers temps. Mais je veux que vous sachiez toutes les deux que vous pouvez me parler de ce qui s’est passé. Vous pouvez me poser des questions. Je serai honnête avec vous.”
“Papa…” Maya allait commencer à parler, mais il leva la main pour l’interrompre.
“S’il te plaît, c’est important pour moi,” dit-il. “Je suis là pour vous et je serai toujours là. Nous avons survécu à ça ensemble, tous les trois, et ça prouve que rien ne peut nous séparer…”
Il s’interrompit, le cœur brisé en voyant les larmes couler le long des joues de Sara. Elle regardait toujours la table en pleurant, sans un mot, avec un regard lointain qui semblait vouloir dire qu’elle n’était pas présente mentalement, ici, avec sa sœur et son père.
“Ma chérie, je suis désolé.” Reid se leva pour la prendre dans ses bras, mais Maya fut plus rapide que lui. Elle entoura sa petite sœur de ses bras, tandis que Sara sanglotait contre son épaule. Reid ne pouvait pas faire grand-chose d’autre que de rester debout, maladroitement, à regarder la scène. Aucun mot de réconfort ne sortit, la moindre expression d’empathie qu’il aurait pu offrir n’aurait été rien de plus qu’un placebo sur une blessure trop profonde.
Maya attrapa une serviette sur la table et tapota doucement les joues de sa sœur, écartant ses cheveux blonds de son front. “Hé,” dit-elle en chuchotant. “Pourquoi est-ce que tu ne monterais pas t’allonger un peu, hein ? Je viendrai te rejoindre très vite.”
Sara acquiesça en reniflant. Elle se leva de table sans un mot et disparut de la salle à manger pour se diriger vers l’escalier.
“Je ne voulais pas la perturber…”
Maya se tourna vers lui, mains sur les hanches. “Alors pourquoi est-ce que tu as parlé de ça ?”
“Parce qu’elle m’a à peine dit deux mots à ce sujet !” dit Reid pour se justifier. “Je veux qu’elle sache qu’elle peut me parler.”
“Elle n’a aucune envie de te parler de ça,” répliqua Maya. “Elle ne veut en parler à personne d’ailleurs !”
“Le Dr. Branson a dit que s’ouvrir sur un traumatisme passé est thérapeutique…”
Maya prit un ton ironique. “Et crois-tu que le Dr. Branson ait jamais vécu quoi que ce soit de similaire à ce que Sara a enduré ?”
Reid inspira profondément pour s’efforcer de rester calme et de ne pas créer de dispute. “Probablement pas. Mais elle s’occupe des agents de terrain de la CIA, du personnel militaire, de tous types de traumatismes et de syndromes dépressifs post-traumatiques…”
“Sara n’est pas un agent de la CIA,” répondit durement Maya. “Elle n’est pas un Béret Vert ou un Marine. C’est une fille de quatorze ans.” Elle passa sa main dans les cheveux en soupirant. “Tu sais quoi ? Tu veux parler de ce qui s’est passé ? Voilà ce qui s’est passé : nous avons vu le corps de M. Thompson, juste avant d’être kidnappées. Il gisait juste ici, dans l’entrée. Nous avons vu ce dingue trancher la gorge de cette femme à l’aire de repos. Il y avait son sang sur mes chaussures. Nous étions là quand les trafiquants ont tué une autre fille et ont abandonné son corps sur le gravier. Elle essayait de m’aider à libérer Sara. J’ai été droguée. Nous avons failli être violées toutes les deux. Et Sara, dieu sait comment, a trouvé la force de se battre contre deux hommes, dont l’un était armé. Puis, elle s’est jetée par la fenêtre d’un train en marche.” La poitrine de Maya se souleva quand elle eut fini, mais aucune larme ne coula de ses yeux.
Elle n’était pas bouleversée de revivre les événements d’il y a un mois. Elle était en colère.
Reid se laissa lentement tomber sur une chaise. Il était déjà au courant de la plupart des choses qu’elle venait de raconter, étant donné qu’il avait suivi leur piste pour les retrouver. Mais il ne savait absolument pas que l’une des filles avait été abattue devant elles. Maya avait raison. Sara n’avait pas été entraînée pour vivre ce genre de choses. Elle n’était même pas encore une adulte. C’était une adolescente qui avait vécu des choses que quiconque, entraîné ou non, trouverait traumatisantes.
“Quand tu es arrivé,” poursuivit Maya, parlant plus bas à présent, “quand tu as fini par nous retrouver, c’était comme si tu étais un super-héros ou un truc dans le genre. Au départ. Mais ensuite… quand nous avons pris le temps d’y réfléchir… nous avons réalisé que nous ne savons pas ce que tu nous cache d’autre. Nous ne savons pas vraiment qui tu es. Sais-tu à quel point c’est effrayant ?”
“Maya,” dit-il gentiment, “tu n’as aucune raison d’avoir peur de moi…”
“Tu as tué des gens.” Elle haussa les épaules. “Beaucoup de gens, pas vrai ?”
“Je…” Reid dut se rappeler qu’il ne fallait pas lui mentir. Il avait promis qu’il ne le ferait plus, s’il pouvait l’éviter. Aussi, il se contenta d’acquiescer.
“Alors tu n’es pas la personne que nous pensions que tu étais avant. Il va falloir du temps pour s’y habituer et il faut que tu l’acceptes.”
“Tu n’arrêtes pas de dire ‘nous,’” murmura Reid. “Elle te parle ?”
“Ouais. Parfois. Elle a dormi avec moi quasiment toute la semaine à cause de ses cauchemars.”
Reid soupira tristement. C’en était fini de la dynamique tranquille et agréable que leur petite famille avait appréciée autrefois. Il réalisait à présent que les choses avaient changé pour chacun d’eux, mais aussi entre eux… peut-être pour toujours.
“Je ne sais pas quoi faire,” admit-il à voix basse. “Je veux être là pour elle, pour vous deux. Je veux être votre soutien quand vous en avez besoin. Mais je ne peux pas le faire si elle ne me dit pas ce qui se passe dans sa tête.” Il leva les yeux vers Maya et ajouta, “Elle t’a toujours admirée. Peut-être que tu peux être un modèle pour elle maintenant. Je pense que reprendre une routine et avoir un semblant de vie normale serait bon pour vous deux. Finis au moins tes cours à Georgetown. D’ailleurs, ils ne t’accepteront sûrement pas ensuite si tu as raté un semestre entier.”
Maya garda le silence un long moment. Puis, elle finit par dire, “Je crois que je n’ai plus envie d’aller à Georgetown finalement.”
Reid fronça les sourcils. Georgetown était son premier choix d’université depuis qu’ils avaient emménagé en Virginie. “Où alors ? L’Université de New York ?”
Elle secoua la tête. “Non. Je veux aller à West Point.”
“West Point,” répéta-t-il bêtement, totalement abasourdi par sa phrase. “Tu veux aller dans une école militaire ?”
“Oui,” dit-elle. “Je veux devenir agent de la CIA.”
CHAPITRE QUATRE
Reid hésitait quant à la façon