Le Piège Zéro. Джек Марс
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“En haut,” bâilla-t-elle. “Je suppose.”
Reid soupira. “Maya…”
“Elle est en haut, Papa. Je plaisante.”
Même s’il avait vraiment envie de la réprimander pour son attitude cynique de ces derniers temps, Reid retint sa langue. Il ne connaissait pas avec exactitude l’étendue de ce que chacune d’elles avait subi durant l’incident. Voilà comment il désignait la chose dans son esprit : “l’incident.” C’était la psychologue de Sara qui avait suggéré qu’il fallait un nom ou un moyen de faire référence aux événements quand ils parlaient, même s’il n’avait en fait jamais prononcé ce mot à haute voix.
En réalité, ils en parlaient à peine.
Aux dires des rapports des hôpitaux effectués à la fois en Pologne et lors d’un second examen, une fois rentrés au pays, ses filles avaient subi des blessures mineures, mais aucune d’elles n’avait été violée. Pourtant, il avait vu de ses propres yeux ce qui était arrivé à d’autres victimes du trafic. Il n’était pas sûr d’être prêt à entendre les détails de l’expérience qu’elles avaient vécu à cause de lui.
Reid monta les marches et s’arrêta un moment devant la porte de la chambre de Sara. Elle était à peine entrouverte, ce qui lui permit de jeter un œil dans la pièce. Il la vit allongée au-dessus de son couvre-lit, face au mur. Son bras droit reposait sur sa cuisse, encore enveloppé du plâtre beige à cause de son coude cassé. Elle avait rendez-vous le lendemain avec le médecin pour voir si on pourrait le lui enlever.
Reid poussa la porte tout doucement, mais elle grinça tout de même. Cependant, Sara ne bougea pas.
“Tu dors ?” demanda-t-il doucement.
“Non,” murmura-t-elle.
“Je, euh… J’ai pris une pizza à emporter.”
“Je n’ai pas faim,” répondit-elle froidement.
Elle n’avait pas mangé beaucoup depuis son retour. En fait, Reid devait constamment lui rappelait de boire, sans quoi elle ne consommerait rien du tout. Il comprenait mieux que quiconque à quel point il était difficile de survivre à un traumatisme, mais ça lui semblait différent. Plus grave.
La psychologue que Sara avait vue, Dr. Branson, était une femme patiente et compatissante qui lui avait été chaudement recommandée et qui était assermentée par la CIA. Pourtant, à en croire ses rapports, Sara parlait peu durant leurs séances de thérapie et répondait aux questions avec un minimum de mots possibles.
Il s’assit sur le bord de son lit et repoussa les cheveux de son front. Elle tressaillit légèrement à son contact.
“Est-ce que je peux faire quoi que ce soit ?” demanda-t-il à voix basse.
“Je veux juste être seule,” murmura-t-elle.
Il soupira en se relevant. “Je comprends,” dit-il sur un ton empathique. “Quand bien même, j’aimerais vraiment que tu descendes et que tu viennes t’asseoir avec nous, comme une famille. Tu pourrais peut-être essayer de manger un petit peu.”
Elle ne daigna même pas répondre.
Reid soupira à nouveau en redescendant les marches. Sara était clairement traumatisée. C’était encore plus dur de l’atteindre qu’avant, en février, quand les filles avaient dû fuir deux membres de l’organisation terroriste d’Amon sur un quai du New Jersey. Il avait pensé que ça allait mal à l’époque mais, à présent, toute joie avait quitté sa fille qui passait son temps à dormir ou à regarder dans le vide. Même si elle était présente physiquement, on aurait vraiment dit qu’elle était ailleurs.
En Croatie, en Slovaquie et en Pologne, il n’avait espéré qu’une chose : retrouver ses filles. Et maintenant qu’elles étaient rentrées chez eux saines et sauves, il voulait toujours les retrouver… mais dans un autre sens du terme. Il aurait voulu que les choses redeviennent comme elles étaient avant tout ça.
Dans la salle à manger, Maya était en train de disposer trois assiettes et gobelets en carton autour de la table. Il l’observa se verser un verre de soda, prendre une part de la pizza au pepperoni dans la boîte et mordre dedans.
Pendant qu’elle mâchait, il demanda, “Alors, est-ce que tu as réfléchi à la question de retourner en classe ?”
Sa mâchoire dessinait des ronds, pendant qu’elle le regardait. “Je crois que je ne suis pas encore prête,” dit-elle au bout d’un moment.
Reid acquiesça comme s’il était d’accord, alors qu’il pensait clairement que quatre semaines d’absence, c’était beaucoup et que reprendre de bonnes habitudes leur serait bénéfique. Aucune des deux n’avait repris le chemin de l’école depuis l’incident. Sara n’était clairement pas prête, mais Maya semblait apte à reprendre ses études. Elle était intelligente, presque trop d’ailleurs. Et même si elle allait encore au lycée, elle prenait déjà quelques cours chaque semaine à Georgetown. Ça aurait fière allure dans son cursus quand elle postulerait pour l’université et ça lui donnerait un beau coup de pouce pour obtenir son diplôme… mais seulement si elle allait jusque-là.
Elle se rendait quelques fois par semaine à la bibliothèque pour des sessions d’étude, ce qui était un bon début. Elle avait l’intention d’essayer de passer son examen final, afin de ne pas être larguée. Mais, aussi intelligente qu’elle soit, Reid doutait que ce soit suffisant.
Il essaya de choisir soigneusement ses mots avant de parler, “Il reste moins de deux mois de cours, mais je pense que tu es assez intelligente pour rattraper ton retard si tu y retournes maintenant.”
“Tu as raison,” dit-elle en prenant un nouveau morceau de pizza. “Je suis assez intelligente comme ça.”
Elle lui jeta un regard en coin. “Ce n’est pas ce que je voulais dire, Maya…”
“Oh, coucou Pouêt-Pouêt,” dit-elle soudain.
Reid leva les yeux de surprise, tandis que Sara entrait dans la pièce. Elle regardait au sol en s’avançant vers une chaise, comme un écureuil timide. Il aurait voulu dire quelque chose, offrir quelques mots d’encouragement ou simplement lui dire qu’il était content qu’elle se joigne à eux, mais il n’y parvint pas. C’était la première fois en au moins deux semaines, peut-être plus, qu’elle descendait dîner.
Maya mit une part de pizza dans une assiette, puis la tendit à sa sœur. Sara croqua un minuscule morceau de la part, presque imperceptible, ne levant les yeux vers aucun d’eux deux.
Reid se torturait l’esprit, cherchant quelque chose à dire, quelque chose qui pourrait faire de ce moment un dîner normal en famille au lieu de la situation tendue, silencieuse, douloureuse et inconfortable dans laquelle ils se trouvaient.
“Il s’est passé quoi de beau aujourd’hui ?” finit-il par dire, se reprochant immédiatement cette tentative maladroite.
Sara secoua la tête, fixant la table des yeux.
“J’ai regardé un documentaire sur les pingouins,” lança Maya.