Masques De Cristal. Terry Salvini

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Masques De Cristal - Terry Salvini

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sortit de la salle de bain de longues minutes plus tard. Elle se sentait dans le même état que si on lui avait administré une forte dose de sédatifs. Elle ne rejoignit pas Johnny dans le séjour: elle ne voulait pas courir le risque qu'il se rende compte de l'état dans lequel elle était et elle ressentait le besoin de réfléchir avant de parler avec lui.

      Elle se dirigea vers la chambre à coucher, de l'autre côté de la maison. Une fois déshabillée, elle prit son pyjama sous son oreiller et l'enfila avec des gestes d'automate. Elle réalisa qu'elle avait mis le pantalon à l'envers mais se ficha de le remettre dans le bon sens.

      En entendant des pas, elle tourna le dos à la porte. «Tu vas déjà au lit? lui demanda Johnny.

      –Je suis très fatiguée. Ça t'ennuie? Elle fit semblant de chercher quelque chose dans le tiroir de la table de nuit pour qu'il ne remarque pas son trouble.

      –Non, pas du tout… Je viens dès que le match est terminé, je suis à la mi-temps.

      Elle l'entendit s'approcher davantage et se plaqua un masque d'impassibilité sur le visage, le même qu'au tribunal.

      –D'accord. Elle referma le tiroir après y avoir pris un paquet de mouchoirs qui ne lui servait à rien.

      John l'enlaça par derrière, lui entourant la taille.

      –Mets-toi au lit, lui dit-il. J'éteindrai les lumières et fermerai les volets.»

      Elle tourna la tête pour lui lancer un regard noir.

      « Pourquoi tu me fixes comme ça? demanda-t-il.

      –Tu détestes faire ces choses, je dois toujours y penser moi-même.

      Elle le vit sourire.

      –Vu que tu vas te coucher et que je dois sortir, je me forcerai à le faire.

      –Tu sors avec Ethan?

      –Comme toujours. Mais ne t'inquiète, on ne rentrera pas tard cette fois.»

      L'homme relâcha son étreinte et quitta la pièce après l'avoir légèrement embrassée sur la tempe.

      Loreley se glissa sous les couvertures mais eut du mal à trouver le sommeil. Pour la première fois, elle se sentait contente que John sorte sans elle, le soir. Elle ne s'était pas encore remise de ce qu'il s'était passé au mariage de Hans que quelque chose de plus grand qu'elle surgissait. Aucun des deux n'avait pris en considération l'idée de mettre un enfant au monde, pas maintenant.

***

      Deux jours plus tard, Loreley ne s'était pas encore décidée à informer John qu'il allait devenir père pour la deuxième fois. Elle voulait garder ce secret pour elle mais, dans une lueur de prise de conscience, elle se promit de lui dire le plus tôt possible, en espérant qu'il ne réagisse pas mal.

      Elle n'arrivait pas à comprendre comment elle était tombée enceinte malgré les précautions prises. À la maison, elle ne faisait rien d'autre qu'y penser; elle n'arrivait à respirer qu'au bureau. Le travail la tenait occupée, lui offrant une trêve.

      Ce mercredi matin-là, elle se trouvait dans une salle du tribunal avec son client, Peter Wallace.

      Loreley avait vu des accusés nerveux, désolés, inquiets, effrayés ou carrément satisfaits d'eux-mêmes, mais elle n'avait jamais vu une expression aussi détachée chez aucun d'eux. Comme si ce qu'il se passait autour de son client ne le concernait pas du tout. Il était là, assis à côté d'elle, les yeux fixés droit devant lui, sans rien regarder de particulier, les mains croisées dans une attitude plus adaptée à une église qu'à un tribunal.

      Loreley avait rencontré le juge Henry Palmer durant son stage et l'avait apprécié pour son humanité, qui ne transparaissait pas dans ses yeux à moitié cachés sous ses paupières tombantes et ses lèvres minces toujours pincées. Elle le voyait rarement sourire durant une audience. À vue d'oeil, il devait avoir grossi d'une dizaine de kilos depuis la dernière fois qu'elle l'avait vu: son ventre s'écrasait maintenant contre le bord du pupitre. Même la toge n'arrivait pas à le cacher.

      Le juge posa ses lunettes sur son nez avant de lui poser la question attendue. «Que plaide votre client?» La voix sonnait haute mais un peu rauque, comme s'il récupérait d'un mal de gorge.

      Elle se tourna vers Peter Wallace, qui ne bougea pas d'un centimètre. Le seul détail qui lui fit comprendre qu'il était vivant fut un frémissement à peine perceptible de sa mâchoire bien dessinée. «Innocent, votre Honneur. Mon client est irréprochable, il a toujours vécu une existence tranquille et le crime dont on l'accuse est à démontrer. Les preuves à charge se basent uniquement sur un témoignage peu fiable. Je demande la liberté sous caution.

      –Monsieur le Procureur…,dit le juge pour l'inviter à parler.

      –Il est vrai que l'accusé est irréprochable, mais comme il a été démontré, il est d'un naturel agressif: il y a une première fois à tout. Il pourrait en outre quitter l'État, sa famille a les moyens de l'aider. Je demande que la requête de la défense soit rejetée.»

      Après une réflexion approfondie, le juge décida: «La caution est refusée.»

      Le coup sec du marteau mit fin à l'audience.

      Son client se tourna vers elle cette fois, lui montrant des yeux verts privés de lumière.

      «Je suis désolée.

      –Ce n'est pas moi. Je sais que personne ne me croit; même pas vous, Maître.»

      Il n'y avait ni humilité ni auto-apitoiement dans son ton, mais aucune arrogance non plus. Elle le vit écarter de ses yeux une petite mèche de cheveux bouclés, blonds vénitiens.

      «Au revoir Maître Lehmann» la salua-t-il un instant avant que les agents ne s'approchent pour l'escorter hors de la salle.

      Elle s'éloigna à la hâte: un autre accusé et son avocat de la défense venaient d'entrer et allaient prendre leur place.

      De retour à la maison, Loreley se jeta sur le canapé sans même enlever ses chaussures. Elle avait travaillé comme tous les jours, mais se sentait plus fatiguée qu'à l'ordinaire. Même le parfum du pot-pourri qui imprégnait l'air lui semblait plus fort. Elle tordit le nez.

      Lorsque John rentra peu après, elle le salua du divan en levant une main: elle était trop bien installée pour se lever et aller à sa rencontre.

      «Tu vas bien? lui demanda-t-il en s'approchant. Tu ne t'es même pas changée.

      –Je suis fatiguée ces derniers temps, tu le sais.

      Il retira sa veste, la jeta sur le bras du canapé et s'assit à ses côtés après lui avoir enlevé ses chaussures.

      –Pourquoi tu ne fais pas une pause dans ce cas?

      –Je ne peux pas.

      Johnny fronça les sourcils.

      –À cause de l'affaire dont tu t'occupes?

      –Oui, évidemment.

      –Te prendre un week-end ne changera rien pour ton client, mais ça ne peut te faire que du bien.

      –Je ne sais pas si c'est le moment…

      –Même

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