Masques De Cristal. Terry Salvini

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Masques De Cristal - Terry Salvini

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tu es arrivé!

      –Je ne voulais pas t’interrompre, lui dit Sonny apparu à côté d’elle comme par magie. Il portait un lourd manteau, une écharpe et un chapeau de laine, et patinait en tentant de conserver la même vitesse qu’elle.

      Loreley ralentit.

      –Ne t’excuse pas. C’est moi qui ne devrais pas faire certaines choses sur une piste avec autant de gens. Elle allait en général patiner à des horaires auxquels elle savait qu’il y aurait peu de patineurs, mais cet après-midi-là, elle n’avait pas réussi à respecter cette précaution logique.

      Un jeune garçon fila à toute vitesse à côté d’elle, presque à la toucher, et elle pivota vers Sonny qui lui posa une main sur l’épaule comme pour la protéger.

      –Ne nous arrêtons pas ici ou ils vont nous renverser, lui dit-il en regardant autour de lui.

      –Je préfèrerais qu’on ne s’arrête pas du tout…» En prononçant ces mots, Loreley accéléra jusqu’à laisser l'homme derrière elle et se porta vers le côté opposé de la patinoire, où les grandes baies vitrées offraient une belle vue rapprochée sur l'Hudson River et la jetée où se trouvait le centre sportif.

      Sonny la regarda effectuer un slalom pour dépasser les patineurs qu’elle croisait sur son parcours. Il aurait très bien pu la rejoindre en quelques secondes mais préféra ne pas la suivre. Il était évident qu’elle cherchait à retarder le moment où ils devraient mettre les choses au clair entre eux, et il ne voulait pas lui mettre trop de pression.

      Que dirait-il à Loreley? Qu’il était désolé d’avoir couché avec elle? Il n’y croyait pas lui-même. Bien qu’il ne se souvienne pas exactement de ce qu’il s’était passé, il savait qu’il ne s’abandonnerait jamais autant à ses bas instincts que cette nuit-là; peut-être parce qu’il n’était pas sobre, mais cela n’avait que peu d’importance. Ce qui le tracassait bien davantage était tout autre.

      Parmi toutes les femmes présentes à la cérémonie, il avait fallu qu’il couche avec la sœur de Hans!

      Il avait bu, mais pas au point de ne pas comprendre qui était la femme qu’il entraînait dans sa chambre. Pourquoi justement elle dans ce cas? Si Hans l’apprenait, il ne croirait pas à une coïncidence: non, il l’accuserait de l’avoir fait exprès.

      Il haussa les épaules. On s’en fout!

      Loreley était adulte. Elle était consentante, ivre mais consentante et participante aussi. Personne ne pourrait le condamner et il faisait fausse route en se créant des problèmes, d’autant plus qu’elle avait quitté la chambre d’hôtel en douce sans même attendre son réveil, sans lui dire un mot.

      Il avait eu du mal à reconstituer l’évènement ce matin-là; il avait d’abord éprouvé du soulagement que la jeune femme se soit volatilisée, évitant ainsi de devoir donner et recevoir des explications, mais il s’était ensuite dit qu’il resterait toujours quelque chose en suspens, jusqu’à ce qu’ils discutent.

      Il s’appuya au bord de la piste et attendit qu’elle s’approche pour dégainer un beau sourire.

      «Tu patines depuis combien d’années? lui demanda-t-il.

      –J'ai commencé le patinage artistique à cinq ans, mais j’ai abandonné durant ma première année à l’université. Je viens ici de temps en temps pour me changer les idées et bouger un peu. Ce n’est pas bon pour la santé de rester assis des heures dans un bureau ou un tribunal. Et puis, j’aime trop patiner. Et toi?

      –Je jouais au hockey quand j'étais à peine plus qu’un petit garçon. Mais ça fait longtemps que j’ai arrêté pour me consacrer à la musique.

      –On ne le croirait pas à te voir.

      –Je pense que c’est comme le vélo: tu recommences après des années et on dirait que tu es monté dessus quelques jours avant. Ce serait mieux qu’on aille parler ailleurs maintenant: on peut prendre un verre ici, au bar.»

      4

      Sac à dos à l’épaule, Loreley se dirigea vers la sortie du centre sportif, où elle savait que Sonny l’attendait. Elle s’était rafraîchie en vitesse et avait lâché ses cheveux.

      Elle parcourut le couloir, rendit les clés du casier à la réception et se retrouva dans le vaste lobby aux couleurs dominantes jaune, bleu et rouge. Et là, elle s’arrêta.

      Sonny était occupé avec deux jeunes qui lui demandaient un autographe sur leurs patins. Une jeune femme voulut faire un selfie avec lui. Quelqu’un l’avait reconnu même sans sa queue basse dans la nuque, avec son chapeau en laine et une écharpe qui cachait son bouc. En l’invitant à la rejoindre à la patinoire, elle n’avait pas pris en considération que, depuis les récents événements, le visage de Sonny avait été publié dans plusieurs revues et quotidiens.

      On n’avait vraiment pas besoin de ça!

      Si elle sortait de là avec lui, elle courrait le risque qu’un fan curieux les immortalise ensemble et elle se retrouverait sur les réseaux sociaux le jour suivant, avec de nombreuses allusions à une éventuelle liaison. Peut-être que Johnny y croirait; c’était la dernière chose qu’elle voulait.

      Elle réfléchit quelques secondes; puis, poussée par le désir de fuir, elle se joignit à un petit groupe de personnes qui prenaient la sortie. Avant de refermer la porte en verre qui donnait sur l'extérieur, elle se tourna vers Sonny, qui la regardait maintenant d’un air perdu, avec dans la main le feutre qu’il avait utilisé pour les autographes.

      La petite brune à côté de lui réclama son attention en lui montrant la surface du patin où il devait apposer sa signature, mais il l’ignora: il continuait à fixer Loreley.

      Elle hocha très légèrement la tête.

      Désolée, Sonny! lui dit-elle en remuant à peine les lèvres et en écartant les bras. On se verra une autre fois. Elle sortit ensuite d’un pas rapide et ne ralentit que lorsqu’elle fut à bonne distance du bâtiment bleu et rouge.

      Elle marcha le long de la jetée et s’arrêta dans le petit parc jouxtant le centre sportif, l'Hudson River Park, bien que la journée ne se prête pas vraiment à une promenade: de gros nuages couvraient le ciel, annonçant une averse. Elle sentait déjà l’humidité dans l’air, mais elle se fichait d’être mouillée.

      Elle était encore déboussolée par sa rencontre avec Sonny. Et continuait à se répéter qu’elle devait oublier ce qu’il s’était passé et poursuivre sa vie comme avant, mais elle n’y arrivait pas.

      Dans tous les cas, elle tenait trop à Johnny pour risquer de le perdre à cause d’une stupide frasque de poivrote: elle devait y remédier avant qu’il ne soit trop tard. Mais que pouvait-elle faire?

      Elle s’assit sur un banc pour reposer ses jambes. Elle sourit en secouant la tête: après son comportement, Sonny allait probablement se tenir à l'écart. Elle avait mis de la bonne volonté à éclaircir la situation, mais le destin avait décidé que ce n’était pas encore le bon moment.

      Loreley franchit le seuil de la maison à six heures et le silence absolu l'accueillit. Sur le canapé d’angle, où elle trouvait généralement Johnny étendu le soir, les coussins étaient à leur place. Elle l’appela à voix haute. Ne recevant aucune réponse, elle alla

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