Masques De Cristal. Terry Salvini

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Masques De Cristal - Terry Salvini

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avec Ethan, qui le lui avait présenté comme un vieil ami. Son visage séduisant, ses yeux sombres et sa façon d’être, gentil et effronté en même temps, l’avaient immédiatement touchée; mais il n’avait pas été possible de faire plus ample connaissance avant de le rencontrer de nouveau, un après-midi, dans le parking proche du cabinet d’avocats.

      Elle essayait de faire démarrer sa voiture, qui ne voulait rien savoir. Après quelques tentatives inutiles, elle était sortie du véhicule dans un état de colère avancée, en jurant presque comme un homme. Elle l'avait vu à cet instant: il était appuyé contre le capot arrière de la voiture, les bras croisés, et la regardait d’un air amusé.

      Sans tourner autour du pot, elle lui avait demandé s’il avait l’intention de l’aider ou de rester là à savourer le spectacle. Johnny avait tendu la main, paume vers le haut, comme pour lui demander les clés. Elle l’avait regardé droit dans les yeux et les lui avait données, avec une certaine réticence.

      Quelques minutes plus tard, le moteur tournait.

      «Qu’est-ce que je peux faire pour m’acquitter de ma dette? avait-elle demandé avec soulagement.

      –Tu pourrais mettre ton compte en banque à mon nom, lui avait-il répondu en sortant de la voiture pour lui céder la place.

      –Ou bien?

      Il lui avait renvoyé le regard de celui qui sait qu’il a déjà gagné.

      –Tu viens dîner avec moi, ce soir.»

      Et leur histoire avait commencé à ce moment-là.

      3

      Ethan passa à côté d’elle en courant, comme s’il était pressé de quitter le cabinet. «Eh, Loreley!»

      Occupée à feuilleter un fascicule, elle s’arrêta et le regarda par-dessus ses lunettes à la monture bleue. Il portait un trench sombre sur le bras et son incontournable chapeau à la main, signe qu’il se rendait au tribunal ou chez un client.

      «Le patron te demande dans son bureau, lui dit-il d’un air compatissant.

      –Il y a des problèmes en vue?

      –Je ne sais pas très bien moi-même, mais il avait un sourire bizarre quand il m’a demandé de t’envoyer chez lui…

      –Rien de bon pour moi alors; combien tu paries?

      –Je ne joue que quand je suis sûr de gagner. Je dois filer maintenant. Bonne chance.» Sur ces mots, il lui fit un clin d’œil et quitta la pièce.

      Loreley soupira. Kilmer allait lui tomber dessus sous peu, pensa-t-elle en se dirigeant vers le bureau à côté du sien.

      Lorsqu’elle entra, elle le vit assis derrière son bureau, vêtu d’un costume gris foncé. Il lui fit un demi-sourire qui ressemblait plus à un rictus et lui tendit un dossier qu’elle prit sans quitter son visage des yeux.

      Elle fut prise de rage en lisant les quelques notes imprimées sur les feuilles, mais elle poursuivit en essayant de rester impassible. Elle avait déjà entendu les nouvelles sur le meurtre qui avait eu lieu la veille, près de la résidence de ses parents, et elle avait été surprise et dégoûtée par sa brutalité. Elle connaissait la famille de la victime de vue, un couple d’entrepreneurs pensionnés qui n’avaient qu’une seule fille, et la seule idée de devoir défendre celui qui la leur avait arrachée suffisait à lui retourner l'estomac.

      Le patron la fixait d’un air sévère, presque de défi.

      «Pourquoi je dois m’en occuper moi?

      –Ethan suit une autre affaire et Patrick est malade. En plus, le type qui nous a contactés pour nous confier cette mission te veut toi; ça se voit qu’il préfère les femmes. Il se laissa aller à un léger rire, mais redevint immédiatement sérieux. Je suis désolé…»

      Mais non tu n’es pas désolé!

      Kilmer s’appuya contre le haut dossier de son fauteuil de cuir noir, qui grinça sous son poids.

      «Si tu as besoin d’aide, n’hésite pas à venir vers moi» poursuivit-il d’un ton affable, qui sonna directement faux à ses oreilles.

      Il pouvait oublier! pensa Loreley. Elle referma le dossier et le tint bien serré dans ses mains.

      «Passe me voir si tu finis avant la fermeture du cabinet, qu’on puisse en discuter.»

      Mais pourquoi pas? Compte là-dessus! Elle ferait en sorte de différer, se dit-elle en acquiesçant.

      «Dépêche-toi, ton nouveau client t'attend.»

      Avec le même sourire forcé que celui qu’il lui avait réservé lorsqu’elle était entrée, Loreley quitta la pièce, les épaules droites et la démarche sûre, comme pour se maîtriser; mais elle avait une folle envie de botter son gros cul.

***

      Défendre ce qu’elle considérait comme indéfendable n’avait jamais fait partie de ses plans, et n’était pas non plus un moyen de faire carrière. Par conséquent, l’affaire qui lui avait été confiée était tout bonnement indigeste. Elle aurait voulu refuser, mais elle avait déjà perdu des points en s’abstenant d’assister Leen Soraya Desmond et elle ne pouvait pas se dérober une fois encore. Kilmer serait en rage et sauterait sur le premier prétexte pour la virer du cabinet. Elle avait toujours ressenti chez lui une certaine intolérance à son égard, mais elle s’était exacerbée ces derniers temps.

      Le patron exigeait d’elle un travail toujours plus important, plus que ce qu’il demandait à Ethan, et elle suspectait que c'était dû au fait qu’elle était une privilégiée de naissance, une fille qui n’avait rien dû faire d’autre que demander pour obtenir. Lui au contraire avait sué sang et eau pendant trente ans pour atteindre une certaine position et se doter d’un modeste compte en banque.

      Et c’est ainsi que la veille, elle s’était vue contrainte d’accepter cette affaire ingrate, qui l’avait tenue éveillée jusque tard dans la nuit.

      Quelle faille allait-elle pouvoir invoquer pour éviter à son client de finir ses jours en prison? Un homme de trente-et-un ans qui avait battu sa compagne à mort avant de la laisser agoniser sur le sol de la maison, pour s’en aller comme si de rien n’était. Combien de cas similaires devrait-elle encore voir dans les salles des tribunaux? Ce n’était pas à elle de juger, mais comment préparer une bonne défense, basée sur une confiance réciproque avec son client, si elle-même ne ressentait aucune empathie pour cet individu, aucune espèce de sympathie?

      Elle se demandait parfois si elle n’avait pas commis une erreur en choisissant une carrière dans le droit pénal. Elle n’était peut-être pas faite pour cela, elle aurait dû s’occuper de droit civil; ou elle traversait juste une période de doute, de conflit avec son travail. Qui sait…

      Elle se rendait compte cependant que, pour devenir une bonne avocate, elle devrait s’endurcir.

      Dans la salle des interrogatoires, son client avait déclaré qu’il n’avait donné que quelques gifles à la jeune femme et qu’il ne l’avait pas tuée. Il l’avait vue se toucher les joues, en larmes, avant de sortir. Elle était en vie et en colère.

      Un meurtrier qui se proclamait innocent n’était pas une nouveauté.

      Le

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