Masques De Cristal. Terry Salvini

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Masques De Cristal - Terry Salvini

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à toute allure. Dès qu’elle repéra un taxi, elle leva la main pour attirer son attention, mais il continua tout droit sans même ralentir.

      Elle en vit un autre arriver et exagéra son geste dans l’espoir de l’arrêter, sans succès. Elle essaya à nouveau: rien à faire! Ces maudites voitures jaunes poursuivaient leur route, indifférentes à son drame.

      Était-il possible qu’il n’y ait aucun taxi libre?

      Elle essaya une dernière fois, gesticulant jusqu’à se sentir ridicule: toujours rien! Dans un soupir, elle se tourna et alla trouver le chauffeur de taxi.

      «Écoutez… Combien de temps vous faut-il pour terminer?

      –Encore quelques minutes, Mademoiselle, lui répondit-il en vissant un des boulons de la roue.

      –Ok. Faisons ceci. Elle prit quelques billets. Si vous m’emmenez au tribunal pour onze heures, cette journée va devenir un de vos jours de chance.»

      L’homme suspendit son geste pour contempler l’offre généreuse de sa cliente, et reprit son travail avec plus de zèle. Deux minutes plus tard, il était de nouveau au volant avec elle assise à l’arrière, qui regardait l’écran de son téléphone en comptant les secondes qui s’écoulaient.

      Le trafic dense à hauteur de Hell's Kitchen ralentit la course du taxi jusqu’à l’obliger à s’arrêter. Ils avançaient désormais à pas d’homme. Le bruit des klaxons démontrait toute l’impatience des conducteurs.

      «Il n’y a pas de bretelle pour sortir de ce foutoir? demanda Loreley.

      –Je suis désolé, Mademoiselle. Vous pensez que je ne la prendrais pas s'il y en avait une?

      –Je joue ma place!

      –Vous n’imaginez pas combien de clients arrivent ici, chacun avec son histoire. Certains restent muets et presque immobiles, m’ignorent tout le trajet. Alors que d’autres sont tellement nerveux… Comme si le siège leur brûlait le cul. Et ils racontent n’importe quoi, comme vous.»

      Loreley put le voir sourire dans le rétroviseur et s’efforça de le lui rendre, encaissant la réponse grinçante.

      «Mais il y a une chose qu’ils ont tous en commun, continua-t-il. Une urgence infernale d’arriver à destination.

      Elle respira profondément pour se calmer.

      –Je me suis déjà excusée, qu’est-ce que je peux faire d’autre?

      –Rien! Je préfère les clients comme vous, Mademoiselle, à ceux momifiés.»

      Cette-fois, Loreley lui sourit avec plus de conviction. Avec tout l’argent que je t’ai donné! pensa-t-elle en posant sa tête sur l’appuie-tête.

      La douleur dans sa nuque avait suffisamment diminué pour lui permettre de travailler, mais ne l’avait pas tout à fait quittée.

      C’était peut-être le bon moment de recourir à un analgésique: le médecin lui avait répété plusieurs fois de le prendre quand la douleur n’était pas encore trop forte et de doubler la dose uniquement si c’était nécessaire. Mais son obstination et ses nombreuses occupations l’avaient conduite à le faire de façon aléatoire, avec pour résultat qu’en quelques années, elle s’était retrouvée à avoir besoin d’une dose plus importante.

      Elle sortit la petite boîte en argent de son sac, l’ouvrit, prit un comprimé et la referma, s’arrêtant pour observer les deux L en or brillant gravés sur le couvercle: Lorenz Lehmann à une époque, son grand-père; aujourd’hui, Loreley Lehmann.

      Comme elle le craignait, elle arriva en retard au tribunal. Bien que le chauffeur n’ait pas réussi à tenir sa promesse, elle lui laissa la somme entière, déjà importante, pour compenser le fait qu’il avait dû supporter sa nervosité.

      Elle monta le large escalier de marbre qui menait à l’entrée du bâtiment en courant, dans l’espoir d’assister au moins au verdict. Elle savait heureusement où aller et ne devait pas perdre davantage de temps à demander des informations: c’était facile de se perdre dans cet environnement si vaste si on ne le connaissait pas parfaitement.

      Loreley comprit avant même d’entrer dans la salle que la sentence du cas Desmond avait été prononcée: la porte était ouverte et quelques personnes sortaient.

      Merde, trop tard! Sa main se ferma en poing et elle frappa une surface invisible.

      Immobile sur le seuil, elle jeta un coup d’œil rapide à l’intérieur: la lumière qui filtrait à travers les volets aux fenêtres était faible, mais suffisante pour voir la tension encore présente sur le visage des gens; public et jurés quittaient leur place, comme le juge Sanders, une petite femme âgée, qui emprunta la porte au fond de la salle.

      Loreley entra dans le brouhaha qui allait crescendo, pour chercher son collègue Ethan Morris. Elle le trouva debout à côté de l’accusée, Leen Soraya Desmond.

      Comme s’il avait perçu son arrivée, Ethan se tourna vers elle et esquissa un sourire forcé. Un instant plus tard, Leen se tourna également et ses yeux orientaux s’étrécirent.

      «Ça ne se terminera pas comme ça Lehmann! lui hurla-t-elle. J’aurai ma revanche tôt ou tard!» Tandis que deux agents en tenue l’emmenaient, elle porta son attention sur un homme brun qui observait la scène à distance. «Mon père se souviendra de toi et de ce que tu m’as fait… Toujours!

      –Je n’oublierai pas moi non plus, Leen! Tu peux en être certaine» lui répondit-il d’une voix forte et déterminée.

      Curieuse, Loreley examina l'objet, ou plutôt le sujet de tant de rancœur, et se raidit dès qu’elle le reconnut, le fixant comme en transe. Dans sa tête, les images de la vieille pellicule reprirent leur cours, claires et rapides cette fois, sans interruption.

      Oh, mon Dieu! C’est lui!

      «Qu’est-ce qu’il t’arrive? C’est à cause de ce que ma cliente t’a dit? lui demanda Ethan en s’approchant.

      Elle déboutonna la veste bleue ajustée qui l’empêchait de respirer, jusqu’à ce que sa poitrine se soulève pour faire entrer l’air dans ses poumons.

      –Pas vraiment. Je suis juste un peu fatiguée.

      L’avocat lui sourit en acquiesçant.

      –J’imagine qu’hier a été une sorte de tour de force.

      –Oui. Et revoir cette femme… Elle regarda la porte par laquelle Leen venait de sortir. Bah… Ce n’était clairement pas un plaisir. Et je n’ai pas réussi à arriver à temps.

      –Ne t’inquiète pas. Je ne dirai rien de ton retard à Kilmer, ni à lui ni à Sarah. Si tu viens manger avec moi, je te raconterai tout ce qui s’est dit. Au cas où il te ferait subir un interrogatoire, tu sauras quoi lui répondre.

      –Je te remercie. Sache que je ne suis pas arrivée en retard exprès: le taxi a crevé un pneu.

      –Kilmer ne te croirait pas, mais je te connais mieux que lui. Allons manger: c’est le seul plaisir qu’il me reste.»

      L’homme brun qui venait d’avoir un échange haineux avec l’accusée les

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