Masques De Cristal. Terry Salvini

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Masques De Cristal - Terry Salvini

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qu’elle faisait un pas en arrière par discrétion.

      –Je peux vous comprendre, Monsieur Marshall. Ethan semblait embarrassé.

      –Je vous souhaite une bonne journée, Maître, dit encore l’autre, avant de tourner son regard vers Loreley. Salut Lory.» Il la fixa longuement, comme s’il voulait lui parler mais ne savait pas quoi dire.

      Submergée de sensations et de pensées contradictoires, elle ouvrit la bouche pour répondre à son salut: elle n’arriva pas à prononcer une parole.

      Il lui sourit, bien que ses yeux d’une couleur proche de l’ambre paraissent sérieux. «La prochaine fois, je préfèrerais que l’on se voie loin de cet endroit» finit-il. Il tourna le dos et s’éloigna.

      Ethan gratta sa nuque rasée de près. «Qu’est-ce que tu as, Loreley? Tu ne l’as même pas salué.

      –Excuse-moi… Je ne sais pas ce qui m’a pris.

      Elle le vit secouer la tête, ses yeux exprimant de la confusion.

      –D’accord, allons-y: je n’ai pas mangé ce matin à cause de la nervosité et, maintenant que tout est terminé, la faim se fait sentir.»

***

      Une semaine s’écoula, durant laquelle Loreley se sentit plus sereine et réussit à ne pas trop penser à ce qu’elle avait fait. Les rares fois où cela arrivait, surtout quand elle était seule au lit, elle chassait ses souvenirs, prenait un livre au hasard et lisait jusqu’à ce que ses yeux rougissent de fatigue et qu’elle s’écroule, endormie; ou elle regardait des documentaires divers à la télévision. Tout convenait pour focaliser son attention sur autre chose.

      Elle se souvenait très peu des heures de passion passées avec cet amant improvisé d’une nuit, mais elle commençait à se rappeler ce qui était arrivé avant de monter dans la chambre avec cet homme.

      Assise à table dans un grand restaurant avec d’autres invités au mariage, Loreley grignotait un morceau du gâteau nuptial quand lui, une coupe de champagne dans une main et une chaise dans l’autre, s’était installé à côté de son ami Steve, face à elle.

      «Toutes les personnes à cette table ont trouvé leur moitié: même Hans et Ester y sont arrivés. Il ne reste que moi, avait-il dit en accompagnant cette dernière phrase d’une gorgée de champagne, comme pour se féliciter lui-même.

      –Je te conseille de rester célibataire encore un bon moment! fut la réponse moqueuse de Steve.

      –Je me le conseille moi aussi, tu sais? Chaque jour, pour ne pas l’oublier. Aucune liaison sentimentale pour les prochaines années: j'en ai eu assez!»

      Loreley avait ressenti un léger malaise et baissé les yeux sur son assiette, sentant que cet homme souffrait encore à cause d’Ester, qui semblait au contraire une épouse très heureuse de son choix. Il n’avait laissé transparaître aucun émoi de toute la journée, mais le champagne l'avait sans doute poussé à baisser la garde.

      «Tu n’es pas vraiment le seul célibataire à cette table… Ou alors je ne compte pas? l’avait corrigé Lucy, une jeune femme blonde aux courbes généreuses. Mais contrairement à toi, je continue ma route, malgré tout… Elle avait insisté sur les deux derniers mots, comme pour faire comprendre à quoi, ou plutôt à qui, elle voulait faire allusion avec ce “malgré tout”.

      –J'imagine, je n’ai jamais eu aucun doute à ce sujet!» lui avait répondu l’homme ironique.

      Une grimace de déception était apparue sur le visage de la jeune femme: «C’est toujours mieux que de pleurer sur son sort!»

      Loreley avait difficilement retenu un rire. Cette Lucy s’amusait à le titiller chaque fois qu’elle en avait l’occasion et il répliquait du mieux qu’il pouvait, eut égard au fait qu’il n’était habituellement pas du genre à se montrer irrévérencieux avec les femmes. C’est pour cette raison que la jeune femme transformait tous leurs échanges en querelles. C’était devenu un rituel désormais, le seul moyen de communication entre eux, au point que s’ils avaient changé cette coutume, Loreley en aurait été stupéfaite et peut-être un peu déçue aussi.

      Quand il avait vu Lucy s’éloigner de la table pour aller danser, l’attention de l’homme s’était reportée sur elle, qui lui avait ensuite tenu compagnie avec quelques after dinner, oubliant de ne pas mélanger analgésiques et alcool.

      Durant ces derniers jours frénétiques passés à aider Ester pour les préparatifs du mariage et à discuter du cas Desmond avec son chef, sa douleur à la nuque ne lui avait laissé aucun répit. La cerise sur le gâteau était arrivée deux jours avant les noces: son compagnon l'avait appelée de Los Angeles pour l’informer, comme si c’était sans importance, qu’il ne pourrait pas l’accompagner au mariage. La dispute que cela avait provoqué avait accentué la migraine, l’obligeant à recourir souvent aux médicaments.

      Il restait un gouffre obscur dans son esprit, entre le moment où les mariés avaient quitté le restaurant, suivis par les joyeux souhaits de bonheur, et celui où elle s’était réveillée en pleine nuit dans une chambre dans les étages supérieurs de l’hôtel. Un trou fait de flashs où elle se voyait nue et accrochée à un homme à la peau bronzée qui, du poids de son corps, l’écrasait sur le lit en la caressant et en l’embrassant.

      Ensuite, le noir absolu.

      Lui de nouveau, qui en roulant sur lui-même la porte sur lui, à califourchon. Elle se remémorait ses yeux félins qui présageaient la passion, et ses lèvres au sourire espiègle qui l’invitaient à se laisser aller à tout désir inexprimé.

      Le noir total encore, suivi d’un réveil confus… Et de l’inavouable réalité.

      2

      Que se passerait-il quand John serait rentré à la maison? Était-il vraiment indispensable de lui avouer quelque chose dont elle ne savait même pas comment c’était arrivé? La sincérité à tout prix était-elle essentielle pour maintenir la vie en commun de la meilleure des façons possibles?

      Questions qui revinrent la tourmenter alors qu’elle conduisait dans le trafic de Manhattan. Questions qui instillaient des doutes qu’elle n’avait jamais eus avant, altérant ses quelques certitudes. Elle n’avait que vingt-huit ans après tout, et trop peu d’expérience des relations de couple pour être sûre d’avoir les bonnes réponses.

      Le son de son portable attira son attention. Elle appuya sur une touche sur le tableau de bord et activa le haut-parleur.

      «Salut Loreley, comment tu vas?

      –Davide! dit-elle d’un ton réjoui. Quel plaisir. Ça fait un moment que tu ne donnes plus de tes nouvelles.

      –Oui, c’est vrai, mais tu aurais pu m’appeler aussi.

      –J’ai été très occupée, tu sais. Et le mariage de Hans m’a ôté toute énergie. Et aussi l’envie de me marier, si John me le demande un jour.

      Elle entendit un rire bref à l’autre bout du fil.

      –Toujours cette même vieille histoire du renard qui n’arrive pas à atteindre les raisins…

      –Ne te moque pas de moi! Tu as quelque chose à me raconter plutôt?

      –Oui… Il y a quelque

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