Le Fils des Dragons. Морган Райс
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Читать онлайн книгу Le Fils des Dragons - Морган Райс страница 3
"Il n'y a rien à craindre," lança une voix depuis le seuil de la porte. "En tant que régent, j'ai la situation en main."
La Reine Aethe se retourna en entendant Vars pénétrer dans la pièce.
Le fils de son époux ne ressemblait en rien à un roi. Il portait une couronne d'or, plus petit que son mari, plus faible d’apparence, les cheveux d’un brun terne, les traits grossiers. Ses vêtements étaient certes raffinés mais Aethe aperçut des taches de vin. Pire encore, elle n'avait jamais aimé Vars. Godwin n'aurait assurément jamais voulu qu'il règne à sa place.
"Comment en sommes-nous arrivés là ?" demanda Aethe, sachant que Vars partagerait son chagrin, même s'ils ne partageaient presque rien d'ordinaire. "Ma fille a été emmenée vers le sud, ton frère a été tué ? Ton père est tombé au moment où le Royaume du Sud nous attaque ? Pourquoi ?"
Ce dernier point décupla le chagrin de Aethe. Que son mari soit tombé au combat était déjà suffisamment grave, mais que tout arrive en même temps, c'en était trop. Comme si on l'avait anéantie, détruisant tout derrière elle. Vars parut ébranlé à l'évocation de tous ces malheurs.
"Il est impossible de juger," dit Vars. À la surprise d'Aethe, il se plaça à côté d'elle et posa une main sur son épaule. "Je soupçonne que tout a été manigancé par le Royaume du Sud. Oui, s'il y a quelqu'un à blâmer, c'est bien eux."
"Je leur en veux," rétorqua Aethe, elle bouillait de rage, d'un feu qui la consumerait pourvu qu'elle donne libre cours à sa colère. "Je les rayerais de la carte après tout ce qu'ils ont fait si c'était en mon pouvoir !"
"Des êtres haïssables," affirma Vars.
"Tuer ton frère, kidnapper ta sœur…"
"Oui. Elle a heureusement épousé Finnal."
"Effectivement," répondit Aethe, quelque peu soulagée. Lenore avait les nerfs à vif avant le mariage mais elle était convaincue que sa fille serait bientôt heureuse. "Et Godwin…"
"Nous ferons tout notre possible pour l'aider. Tout ce qui est envisageable."
"Pourrais-tu … pourrais-tu trouver Maître Grey ? Le médecin n'est d'aucune aide, peut-être qu'il…"
"Je veillerai à ce qu'il vienne ici. En attendant, je ferai en sorte que tout se passe pour le mieux."
"Je t'aiderai. Je ferai tout mon possible. Nous veillerons à la sécurité du royaume ensemble. Pour Godwin."
Elle sentit ses larmes couler, défaillit presque de faiblesse et de chagrin.
"Ce ne sera pas nécessaire."
"Mais Vars—” commença Aethe. Elle avait besoin de faire quelque chose pour se sentir utile, être à nouveau partie prenante.
"L'épouse de mon père est visiblement perdue," dit Vars en s'adressant aux deux gardes. Il ne l'avait pas appelée "reine", remarqua Aethe. "Elle a besoin de repos. Escortez-la dans sa chambre et veillez à ce qu'on ne la dérange pas."
"Comment ? Je n'irais nulle part."
"Oh que si," insista Vars. "Tu es fatiguée, désemparée. Repose-toi. C'est pour ton bien."
Seul hic, plus elle protestait, plus elle ressemblait à une épouse éplorée. Les gardes vinrent la chercher et la prirent par les bras. Elle se débattit, résolue à marcher seule, sans pouvoir arrêter les larmes qui ruisselaient sur son visage. Elle se retourna pour regarder Vars, penché sur son mari. Comment en était-on arrivé là ?
Pire encore, quel désastre attendait le royaume ?
CHAPITRE DEUX
Vars ne voyait pas l'heure de renvoyer Aethe depuis son arrivée au château, alors qu'il n'était encore qu'un enfant. La femme de son père, qui avait remplacé sa propre mère, avait longtemps été à l’origine de ses déceptions. Elle n'avait eu de cesse de rabâcher aux oreilles de son père, aussi longtemps qu'il s'en souvienne, que Vars était faible, lâche, indigne : que ses filles devaient prendre le pouvoir.
Elle s'était immiscée à plusieurs reprises dans leur conversation. L'avait interrogé sur la façon dont Lenore s'était retrouvée seule, suggérant manifestement qu'elle soupçonnait Vars d'avoir manqué à ses devoirs de gardien. Elle prétendait que ses propres enfants pourraient l'aider à gouverner, Vars savait mieux que quiconque qu'il s'agissait d'une manière détournée de le renverser. Vars risqua un sourire satisfait alors que les gardes emmenaient Aethe dans ses appartements.
"Que faites-vous tous ici ?" demanda-t-il aux gardes et serviteurs. Il constata qu'ils demeuraient là, immobiles. "Croyez-vous que mon père va s'asseoir et demander un verre de vin, ou faire la conversation ?"
La plupart d'entre eux se détournèrent devant ses paroles, comme s'ils refusaient d'écouter. Vars était le régent désormais, ils devaient l'écouter.
"Nous demeurons auprès du roi par loyauté, Votre Altesse," dit l'un des serviteurs. "Au cas où il aurait besoin de notre aide."
"Quelle aide ? Le Docteur Jarran sortait d’ici à mon arrivée. Son aide est-elle opportune ? Non. Même le sorcier favori de mon père ne fait que marmonner dans sa tour. Et vous voudriez, tous combien vous êtes, lui venir en aide ? Sortez."
“Mais Votre Altesse —”
Vars s'en prit au serviteur. "Vous parlez de loyauté. Je suis le régent. Je m'exprime au nom du roi. Si vous faisiez preuve de loyauté, vous obéiriez. Mon père n'a pas besoin d'être entouré de gardes ou de serviteurs. Partez, avant que je ne vous fasse sortir de force."
Vars savait pertinemment qu'aucun d'entre eux n'avait envie de partir, mais en vérité, il s'en fichait. Il avait constaté depuis fort longtemps déjà que les gens ne faisaient que ce pour quoi ils étaient faits. Ceux qui parlaient d'honneur, de loyauté ou de patriotisme n'étaient que des menteurs prétendant être meilleurs que Vars.
Un des gardes fit halte alors qu'ils s’apprêtaient à sortir. "Et si le roi se réveillait, Votre Altesse ? L'un de nous ne devrait-il pas rester à ses côtés et vous informer le cas échéant ?"
Vars ne réprimanda pas l'homme, uniquement parce qu'il ne voulait pas être perçu comme un fils haïssant son père, ou comme un fou incapable de gouverner son royaume. Préserver les apparences, la vérité était secondaire.
"Ce n'est pas une mission pour vous. Cette tâche conviendrait plus à un enfant." Une idée germa dans son esprit. "Qui est le plus jeune page ici présent ?"
"Merin, Votre Altesse. Il a onze ans."
"Onze ans c'est bien assez grand pour veiller sur mon père au cas où il se réveillerait et suffisamment jeune pour n'être d'aucune utilité ailleurs. Allez le chercher et retournez à vos obligations. Nous sommes en guerre, après tout !"
Ces paroles suffirent à les faire réagir, les forcèrent à bouger, là où les capacités de commandement de Vars avaient échoué. Il les détestait. Il les haïssait encore plus qu’ils le détestaient. Il se rendit au chevet de son père malade, dévisagea la silhouette du Roi Godwin plongée dans le coma.
Il avait l'air si fragile, d’un teint de cendres, les muscles de son corps