Le Fils des Dragons. Морган Райс
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Mais pour l'instant, cela n'avait pas d'importance. Elle avait survécu, c'est tout ce qui importait. Serait-ce à dire … qu'elle était guérie ? Que la fontaine l'avait guérie ?
Nerra osait à peine espérer que ce soit vrai, qu'elle ait survécu alors que tant d'autres avaient succombé, l'espoir commençait à renaître. Elle était bel et bien vivante, cette horrible sensation d'os brisés avait disparu. Si elle était entière, être guérie serait trop demander ?
Puis, Nerra vit son bras. Un bras humain, non pas tordu comme les hideuses créatures difformes atteintes de la maladie du dragon au village, mais entièrement recouvert d'écailles irisées d'un bleu profond. Les muscles se mouvaient sous sa peau désormais bien plus épaisse, Nerra regarda mieux et aperçut clairement, avec une netteté effroyable, des serres au bout de ses doigts.
Elle poussa un hurlement, en état de choc devant son bras désormais pourvu de serres, griffa ses écailles, ce qui ne fit qu'empirer les choses. Que lui arrivait-il, qu'était-elle devenue ? Elle avait l'impression de ne plus pouvoir respirer, cela n'avait rien à voir avec la maladie et tout avec l'étrangeté de la situation. Elle fit un pas en arrière et recula vers la vasque. C'était plus fort qu'elle ; elle devait se regarder.
La créature qui se reflétait dans l'eau n'avait rien à voir avec son apparence première, n'était pas la chose disloquée et tordue qu'elle avait tellement redouté devenir. Nerra la dévisagea de longues secondes, incapable de comprendre, l'horreur, le choc et une certaine fascination se disputaient ses faveurs.
Sa peau était couverte d'écailles, ses yeux, jaunes, semblables à ceux d'un serpent, ses traits avaient tout d'un dragon, une symétrie et une beauté indéniables habitaient pourtant son visage. Nerra refusait sa nouvelle apparence, et quand bien même, quelque chose lui rappelait la Nerra d'alors. Des réminiscences de ses cheveux étaient toujours présentes, les mèches sur son front semblables à la crête d'un lézard. Son corps plus musclé couvert d'écailles était capable de se mouvoir de façon sinueuse grâce aux nouvelles jointures de ses articulations, mais elle n'avait rien d'un monstre.
"Oui, je suis un monstre !" s'exclama-t-elle à haute voix, sa voix était la seule partie de son corps qui n'ait pas changé. C'était encore pire en quelque sorte, cela n'améliorait pas les choses. Comment cette partie d'elle pouvait demeurer, quand tout le reste était métamorphosé ? Une pensée lui vint à l'esprit, aucun membre de sa famille ne la reconnaîtrait désormais, elle avait tout perdu. Une fureur rapide, fulgurante, totale, s'empara d'elle, Nerra prit une pierre du temple et l'écrasa entre ses mains. Elle réalisa, ce faisant, la force que cette nouvelle apparence lui conférait.
Sa rage était omnipotente, Nerra la sentait écumer, bouillonner, s'emparer d'elle, la métamorphoser comme tous les individus au village, transformés en créatures dantesques. Nerra se révolta, refusait le choc, la douleur de la mutation qui sourdait en elle, refusait de devenir cette chose-là. Elle se cramponna au bord de la vasque, contempla l'eau fixement, se força à regarder cette version modifiée, jusqu'à la limite du supportable.
La fontaine ne l'avait ni tuée ni guérie, mais métamorphosée. Elle avait agi comme le catalyseur de la transformation générée par la maladie, l'avait transcendée au-delà des silhouettes alambiquées qu'elle engendrait habituellement, pour devenir un être fluide et aérien, mi-homme, mi-saurien.
Nerra ne savait que penser, comment surmonter le choc de ce nouveau corps, ce qu'elle était devenue. Elle ne comprenait pas, ne savait que faire. Elle avait besoin de savoir ce qui se passait et ce qui lui était arrivé, un seul endroit s'imposa à elle pour obtenir des réponses, un endroit où ils la tueraient pour ce qu'elle était.
Nerra avança à grandes enjambées sur les pentes du volcan en direction du village.
CHAPITRE CINQ
Suivre Finnal et ses sbires fut tâche aisée pour Erin ; après tout, en tant que princesse, elle pouvait vaquer à son gré dans le château, personne n'osait s'y frotter en tant que chevalier, avec sa courte lance à la pointe affûtée au côté, de sorte qu'elle passait pour un bâton.
Que verrait-on vraiment, en la regardant de près ? Une fille plus petite que ses sœurs, portant armure, des cheveux bruns coupés courts pour ne pas offrir de prise lors des combats, à l’expression déterminée. Personne ne devinerait de quoi il retournait, ne pourrait savoir où elle voulait en venir, deviner que tôt ou tard, elle prévoyait de ficher sa lance dans le cœur de Finnal. Les gens se bornaient à voir les princesses pour ce qu'elles étaient, sans voir plus loin que le bout de leur nez.
Les gens étaient stupides.
Pour l'instant, Erin ne faisait que suivre, se frayant un passage parmi la foule du château, des rassemblements de chevaliers aux groupes de serviteurs, tandis que Finnal traversait la cour en direction du grand salon. Des tentes avaient été dressées dans la cour, à l'ombre des hautes murailles, des soldats campaient en attendant les ordres. D'aucuns étaient assis autour de feux de camp, Finnal s'arrêtait avec certains d'entre eux, blaguait et riait. Il distribua des pièces à certains, probablement pour essayer de s'attirer leur dévouement.
Erin ne pouvait pas comprendre ce que sa sœur lui trouvait. Oh, il était plutôt séduisant de prime abord, gracieux et élégant, les pommettes hautes, le sourire aux lèvres. Il portait des vêtements sombres bordés d'argent afin d'attirer les regards sur sa silhouette. Tous s'inclinaient assurément sur son passage, tel l'astre solaire émergeant de derrière un nuage. Mais Lenore méritait mieux ; elle méritait un homme qui l'aime d'amour sincère.
Elle méritait un homme qui n'essaierait pas de l'épouser pour l’emprisonner, n’enverrait pas des malfrats à sa suite simplement parce qu'elle avait osé sortir. Finnal le paierait cher.
Erin sourit en voyant Finnal se frayer un chemin et traverser le grand salon en direction des écuries. Le château était une vraie fourmilière, trouver l’endroit adéquat pour une embuscade s'avérait délicat mais Erin était sûre d'y parvenir. Elle connaissait le lieu idéal.
Erin renonça à son idée de demeurer une ombre silencieuse et traversa la cour jusqu'à atteindre l'angle opposé à celui occupé par Finnal. Elle fit demi-tour, gravit une volée de marches en pierre jusqu'au niveau inférieur du mur d'enceinte et se faufila devant l'un des gardes qui veillait sur les îlots de la cité, avança à pas de loup et se glissa sur le toit des écuries.
Elle s'était cachée ici à maintes reprises dans sa jeunesse, la cachette était idéale pour éviter les leçons d'étiquette que sa mère tenait à lui inculquer, mais également parce qu'un trou ménagé dans la toiture lui permettait de voir les écuries. Erin espionnait les parties de chasse ou les chevaliers se préparant à parcourir le royaume, jalouse qu'ils en aient le droit, et pas elle. Elle s'empara de sa lance et observa, aux aguets.
Passerait-elle vraiment à l'acte ? La nervosité la gagnait, elle avait déjà tué mais jamais de sang-froid. Comptait-elle vraiment tuer le mari de sa sœur, le laisser pour mort dans les écuries ?
La réponse était pourtant simple : si elle ne s'en chargeait pas personnellement, alors qui le ferait ? Oh, Lenore avait parlé de sa servante qui tenterait quelque chose, trouverait une preuve qui les convaincraient de se débarrasser de Finnal plus élégamment, mais quelles étaient ses chances de réussite ? A supposer qu'ils obtiennent des preuves susceptibles de convaincre la plupart, Vars accepterait-il