Le Visage de la Folie. Блейк Пирс

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Le Visage de la Folie - Блейк Пирс Les Mystères de Zoe Prime

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tintement attira son attention tandis qu’elle sortait un sac à linge pour le mettre dans la valise, pour ses vêtements sales. Les mains de Zoe volèrent vers ses oreilles, et elle réalisa que dans la précipitation et la confusion des préparatifs, elle n’avait pas toujours pas retiré ses boucles d’oreilles.

      Elle s’approcha lentement du miroir de la salle de bain, la première fois qu’elle prenait un moment de pause depuis qu’elle avait quitté le bureau de l’agent spécial responsable Maitland. L’eye-liner brillait encore sur chacun de ses yeux, un rappel de ce qu’aurait dû être la nuit. Avec regret, Zoe attrapa son démaquillant et un chiffon. La nuit était finie, et il était inutile d’essayer de s’y raccrocher avec cette relique qui ne ferait que tacher son visage lorsqu’elle serait dans l’avion.

***

      Zoe se frotta les yeux et bâilla. C’était à l’aube, mais aucune des deux ne pouvait en être sûre. Elles avaient laissé le store baissé sur leur hublot, laissant le monde au-delà de l’avion à l’imagination afin de bloquer la lumière pendant qu’elles grapillaient quelques heures de sommeil.

      Après la course folle pour se changer et mettre des vêtements plus adaptés au voyage, pour prendre son sac de nuit, pour installer la mangeoire préprogrammée du chat et pour réorganiser certains rendez-vous, quatre heures s’étaient avérées juste assez pour que Zoe retrouve Shelley au QG afin de se rendre à l’aéroport. Une fois dans l’avion, elles avaient convenu de la nécessité de se reposer, afin de pouvoir se concentrer lors de l’atterrissage.

      « Très bien, dit-elle. Donc, après avoir atterri, il y a une voiture de location déjà payée ?

      – Oui, » confirma Shelley, en feuilletant les documents qui leur avaient été fournis. « Le Bureau s’est empressé de faire un déblocage de fonds prioritaire, nous devrions donc pouvoir prendre la route rapidement.

      – Et ensuite, où allons-nous ?

      – C’est écrit ici, Broken Ridge, » dit Shelley, passant déjà à la page suivante.

      Le cœur de Zoe se mit à battre dans sa poitrine. « Broken Ridge ? » répéta-t-elle, espérant vainement qu’elle avait mal entendu.

      « Oui, à environ une heure de route de l’aéroport, » dit Shelley, en étudiant rapidement la carte. « Pourquoi ? »

      Zoe déglutit. « Je vérifie juste, » dit-elle.

      Ce n’était pas la vérité. La vérité n’était pas avouable : la ville de Broken Ridge était proche, péniblement proche, de l’endroit où Zoe avait grandi. Si proche qu’elle était en mesure de se représenter le lieu dans sa tête. Elle savait qu’il y avait un parc éolien non loin de la ville, une activité qui avait pris de l’ampleur dans sa jeunesse.

      Les pensées et les souvenirs de Broken Ridge menèrent, inévitablement, à des pensées et des souvenirs de chez elle. Non pas que l’endroit où elle avait grandi ait jamais été assez agréable pour qu’on l’appelle chez elle. Enfant du diable, la voix de sa mère retentit dans ses oreilles, toujours aussi distincte qu’elle l’était lorsqu’elle avait huit ans et qu’elle se recroquevillait près de son lit, les mains jointes en un geste de prière feinte.

      Zoe respira en comptant. Trois secondes d’inspiration, quatre secondes d’expiration. Pendant un instant, elle sentit presque la chaleur d’un soleil tropical sur son visage, les yeux fermés, chassant à la fois le cadre actuel de l’avion et les souvenirs qui s’accumulaient en elle.

      Elle rouvrit les yeux, se concentra et retrouva son calme. « Que savons-nous sur les victimes ? » demanda-t-elle.

      « Tiens, » dit Shelley, en lui remettant une seule feuille de papier. Elle en garda une autre pour elle, et commença à la lire à haute voix. « La première a été identifiée comme étant Michelle Young, d’après les papiers qu’elle avait dans sa poche. Ils n’ont pas pu l’identifier à partir de son visage, parce qu’il lui manquait la tête. »

      Zoe jura dans un souffle. « Ils ne l’ont toujours pas ? »

      Shelley secoua négativement la tête. « Il y a toutefois une photo récente. Voilà. » Elle désigna l’image d’une blonde souriante, fixant directement l’objectif. Il y avait un bras autour de ses épaules, bien que son propriétaire ait été rogné. « On dirait qu’on l’a coupée avec quelque chose de pointu, peut-être une sorte d’épée. Des marques de coup – l’examen préalable évoque une longue lame, peut-être une machette. Elle avait une trentaine d’années. Un mètre soixante-quinze, soixante-douze kilos. Pas de tatouages. Elle travaillait comme employée de banque. C’était celle de l’autre ville, Easterville. »

      Zoe prit le relais quand Shelley releva les yeux, ayant terminé la lecture des détails de son rapport. « J’ai Lorna Troye, lut-elle. Sa tête manquait aussi. Trente-deux ans, un mètre soixante-dix, cinquante-neuf kilos. Apparemment, elle était illustratrice en free-lance. Il y a une photo. »

      Elles regardèrent toutes les deux l’image de Lorna, issue de la page de présentation de son propre site web. Elle souriait doucement à l’appareil photo, bien qu’elle ait pris une pose rigide et professionnelle. Elle tenait un crayon dans sa main, planant au-dessus d’un carnet de croquis, comme si elle était prête à commencer de travailler.

      Il y eut un moment de silence entre elles, tandis qu’elles regardaient toutes deux les femmes mortes. Une blonde et une brune, tout comme Shelley et Zoe. Zoe avait aussi le bon âge, Shelley quelques années plus jeune.

      Ici par la grâce de Dieu, disait le dicton. Mais comme Zoe avait cessé de croire en Dieu, après avoir cessé de croire en ce que sa mère lui disait – que le sang du diable coulait dans ses veines pour lui faire voir les chiffres – elle n’avait aucune idée de ce qui faisait d’elle une chanceuse.

      « Nous allons bientôt entamer la descente, » dit Shelley, en réprimant un bâillement. « Nous devrions nous préparer. »

      Se préparer, pensa Zoe. Et comment se préparer à atterrir dans le seul endroit qu’on avait tenté de fuir durant toute sa vie d’adulte ?

      Elle attacha sa ceinture de sécurité, consciente qu’elle n’avait pas vraiment le choix.

      CHAPITRE CINQ

      Le soleil matinal recouvrait tout d’une lumière étincelante, alors que Zoe suivait Shelley sur le parking, traînant derrière elle à contrecœur. Elle avait la sensation de se trouver dans un endroit à moitié familier, mais dont elle ne se souvenait pas suffisamment bien pour l’explorer avec assurance.

      Et un autre sentiment l’habitait, celui qui lui murmurait qu’elle pourrait même finir par croiser quelqu’un qu’elle connaissait, si près de chez elle. Le parking était rempli de véhicules appartenant à l’État – une camionnette du médecin légiste, des voitures du département du shérif local, et des divers autres fonctionnaires qui avaient certainement accouru avec empressement pour un crime de cette envergure, dans une si petite ville. Ce n’était pas un agenda habituel pour eux – c’est pourquoi il était si important à leurs yeux de bénéficier du renfort du FBI.

      « Shérif Hawthorne ? », lança Shelley, en couvrant ses yeux d’une main et en saluant, par-dessus la ligne de ruban d’avertissement officiel, un homme vêtu dans des nuances de brun et de beige. Il lui fit signe en retour et s’approcha lentement, le soleil se reflétant dans ses cheveux blancs, comme une auréole

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