La Voisine Idéale. Блейк Пирс
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RAISON DE SE CACHER (Tome 3)
RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)
RAISON DE SAUVER (Tome 5)
RAISON DE REDOUTER (Tome 6)
UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)
DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)
L’OMBRE DU MAL (Tome 3)
JEUX MACABRES (Tome 4)
LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)
CHAPITRE PREMIER
Elle ne voulait pas être trop curieuse.
Du moins, c’est ce que Priscilla Barton se disait en marchant sur le Strand de Manhattan Beach une bouteille de Sauvignon Blanc en main.
D’habitude, Prissy, comme elle préférait qu’on l’appelle, accueillait toutes les nouvelles voisines dans le quartier. Prissy et Garth, son mari, avaient séjourné dans leur manoir de Palm Springs pendant la plus grande partie de la semaine dernière et avaient dû manquer les nouveaux arrivants. Depuis que les Barton étaient revenus en ville, Prissy avait parfois vu une silhouette bouger derrière les stores toujours tirés du manoir voisin, mais elle n’avait jamais vu personne entrer ou sortir.
De toute façon, ces temps-ci, il était difficile de rester au courant de ce qui se passait. Dans cette ville cossue construite le long de la plage, une très grande proportion des voisins des Barton passaient l’essentiel de l’été à voyager. Donc, il était difficile de savoir qui était en vacances et encore plus de savoir qui avait loué une maison ou proposé la sienne en location.
Prissy savait que les propriétaires de la maison d’à côté étaient un agent de Hollywood et son épouse, qui gérait une sorte de fonds de bourses d’études pour les jeunes en difficulté. Cependant, ces gens n’étaient pas particulièrement amicaux et ils s’absentaient pendant de longues périodes de l’année. En fait, elle avait entendu une autre voisine dire qu’ils ne rentreraient pas avant le mois d’août. Comme cela faisait des semaines qu’elle ne les avait pas vus, la personne qu’elle avait vue devait être une locataire.
Quand Prissy approcha de la porte d’entrée, elle sentit un frisson de nervosité. Et si l’agent avait prêté sa maison à un client, peut-être à une célébrité ? Ce ne serait pas inhabituel. Des quantités de célébrités habitaient ici ou y venaient en vacances. Elle les repérait souvent parce qu’ils portaient des casquettes de base-ball, des lunettes de soleil et des vêtements élimés. C’était en quelque sorte leur uniforme.
De plus, ils levaient rarement les yeux. Si elle voyait une personne qui ressemblait presque à un SDF, se cachait le visage et refusait de croiser le regard d’autrui, il y avait de fortes chances pour que ce soit une célébrité. Bien sûr, elle avait appris à la dure que, parfois, c’était bien un SDF. Donc, elle les approchait avec plus de prudence qu’à l’époque où elle avait emménagé.
Pour Prissy, la richesse n’était pas une inconnue. Depuis les neuf dernières années, elle était mariée à Garth Barton, qui était un cadre extrêmement prospère chez Sharp Kimsey, une société pétrolière et gazière internationale. Jusqu’à l’année dernière, ils avaient habité dans le quartier historique de Hancock Park, pas loin de tous les gratte-ciel étincelants du centre de Los Angeles.
Cependant, Prissy, qui avait grandi dans la pauvreté et la sueur à Catahoula, en Louisiane, s’était lassée de la chaleur estivale étouffante du centre de Los Angeles et avait exigé qu’ils déménagent sur le bord de mer, où la température était habituellement inférieure d’entre huit et onze degrés. Cependant, habiter à la plage ne signifiait pas qu’on était bien accueilli par les habitants du coin. Prissy devait encore se faire accepter.
Elle aimait se dire que c’était parce que ces gens-là étaient des insulaires, des gens distants qui n’aimaient pas les nouveaux arrivants. En fait, ce n’était pas entièrement faux. Toutefois, en son for intérieur, elle savait que c’était beaucoup plus lié à sa personnalité parfois avide de reconnaissance sociale, celle qu’elle essayait de cacher mais qui semblait toujours refaire surface aux moments les plus inopportuns.
Elle ne pouvait pas s’en empêcher. Ce personnage agressif l’avait aidée à échapper au bayou par tous les moyens pour aller à l’université d’État de Louisiane, où elle avait rencontré ce garçon charmant de la Nouvelle-Orléans qui voulait devenir le maître de l’univers.
Après avoir obtenu ses diplômes et s’être marié, Garth avait décroché un emploi chez Sharp Kimsey et ils s’étaient installés à Metairie, près des bureaux de l’entreprise de la Nouvelle-Orléans. Deux ans plus tard, ils avaient été transférés à Houston puis, quatre ans après, à Los Angeles. Ils y étaient depuis trois ans et Prissy adorait ça.
Elle adorait le glamour de cette ville. Elle adorait sa maladresse décomplexée. Elle adorait les femmes trop maigres qui portaient leurs chiens trop petits dans des sacs à mains trop petits. Elle voulait en faire partie, même si ses tentatives lui donnaient un air un peu désespéré. C’était pour cela qu’elle se tenait actuellement à la porte de sa voisine avec une bouteille de vin et un grand sourire au visage : elle voulait participer à la vie locale.
Elle se retourna vers le Strand, sentier cimenté pour piétons souvent assez proche de beaucoup de maisons des villes de Manhattan Beach et de Hermosa Beach pour que les livreurs de journaux y livrent leurs quotidiens en les y jetant nonchalamment. L’endroit était étonnamment désert en cette fin d’après-midi, ce qui signifiait qu’il n’y avait personne pour juger la curiosité de Prissy.
Prissy se contempla dans le verre épais et chatoyant de la porte. Elle se trouva belle. À trente-et-un ans, elle avait encore le corps dynamique dont elle avait besoin, savait-elle, pour que Garth ne regarde pas ailleurs. Tout son yoga, son Pilates et ses séances d’entraînement énergiques à la plage avaient porté leurs fruits et lui avaient permis de rester musclée à tous les endroits qu’il fallait. Elle portait ses cheveux teints en blond autour des épaules et, même si la soirée commençait juste, elle prenait la chaleur comme prétexte pour porter un soutien-gorge de sport et un pantalon de yoga à taille haute. Elle était tout à fait sûre qu’elle ferait bonne impression, que la nouvelle résidente soit célèbre ou pas.
Prissy sonna à la porte mais n’entendit rien. La sonnette devait être en panne. Elle frappa à la porte et attendit. Pas de réponse. Elle réessaya et n’obtint pas plus de réponse qu’avant. Elle envisagea de renoncer à sa visite et se demandait s’il fallait qu’elle pose le vin sur le paillasson, mais elle n’avait pas emmené de carte et elle ne voulait pas laisser la bouteille sans que le destinataire sache qui lui avait offert ce cadeau. Donc, elle essaya une dernière fois. Si personne ne répondait, elle reviendrait plus tard. Elle frappa fort à la porte avec le côté mou du poing. À sa grande surprise, la porte s’ouvrit légèrement vers l’intérieur.
– Il y a quelqu’un ? appela-t-elle fort mais avec hésitation.
Il n’y eut aucune réponse. Déconcertée parce qu’elle venait de trouver une maison à plusieurs millions de dollars sans protection, elle poussa un peu plus la porte.
– Bonjour ! C’est votre voisine ! Appela-t-elle.
Dans le vestibule, elle chercha de quoi écrire de façon à dire au résident que c’était elle qui avait emmené le vin. Si elle laissait la bouteille